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Abdelkhalak Ajlani : L’agriculteur est aussi victime du monopole commercial, au même titre que le consommateur final!

today16/03/2022 29

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Invité du plateau de l’émission Hdith Esse3a du 16 mars 2022, le membre du bureau exécutif de l’UTAP, Abdelkhalek Ajlani, a indiqué qu’il est possible de donner un nouvel élan au secteur agricole tunisien pour peu qu’on tire les leçons de la crise sanitaire et de la guerre russe-ukraine.

Au passé, l’agriculture était, selon notre invité,  le pivot de l’économie nationale. Or, le nouveau modèle de développement ne mise plus sur l’agriculture. D’où l’absence d’une stratégie agricole et l’inaptitude de la production locale à couvrir les besoins du pays.

“Les pays qui se respectent mettent en place une stratégie agricole et déterminent la vocation des terrains agricoles”, a-t-il dit, considérant que l’importation en temps de crise est provoquée et l’Etat ne peut pas tirer profit des opérations d’importation

Le membre du bureau exécutif de l’UTAP a rappelé que le stock stratégique des céréales et la prochaine récolte peuvent couvrir les besoins de consommation des tunisiens jusqu’à la fin de l’année courante. Il faut, toutefois, penser à d’autres modalités d’approvisionnement à la lumière de la guerre Russie-Ukraine.

Il a mis l’accent, dans ce contexte, sur la pénurie de l’ammonitrate et du DAP, indispensables pour les grandes cultures, et ce, à cause de la grève des agents du Groupe Chimique et ses impacts sur la productivité de la saison agricole.

“Il était possible d’activer la diplomatie tunisienne pour unifier les prix dans les pays du Grand Maghreb et l’Egypte, surtout que ces pays sont classés parmi les grands importateurs des céréales”, a-t-il fait remarquer.

D’ailleurs, il a suggéré de mettre au point une stratégie agricole fixant les coûts de production de chaque produit selon les régions. Il a expliqué que la phase post-production couvre les circuits de distribution internes et externes, ainsi que le stockage et l’exploitation industrielle.

L’accent a été mis sur le décret relatif à la lutte contre le monopole, un décret controversé, selon notre invité, signalant qu’il existe une confusion entre l’agriculteur, le producteur et le commerçant, sachant que les dépôts qui se situent dans les fermes ne sont pas considérés comme des centres de stockage commerciaux. Il s’agit plutôt d’un stockage visant à préserver la qualité du produit.

Et d’ajouter que la version actuelle du décret présidentiel considère que l’agriculteur pourrait être concerné des dispositions répressives en matière de monopole et de spéculation s’il procède au stockage de ses produits dans sa ferme.

D’ailleurs, l’agriculteur est victime du monopole commercial au même titre que le consommateur, d’après Abdelkhalak Ajlani, considérant que la présentation de la facture et la source des produits suffit en principe pour innocenter le commerçant de gros, dont l’achat en gros constitue le coeur et l’objet principal de son travail.

‘Il est inconcevable d’accuser l’agriculteur de monopole et de spéculation car il produit pour vendre et plus de 80% des agriculteurs tunisiens sont des petits agriculteurs”, a-t-il rappelé.

Il a estimé que le problème principal réside dans les circuits de distribution. En effet, l’agriculteur pourra réaliser plus de bénéfices s’il ne passe pas par les circuits de distribution légaux, ajoutant que les prix de vente pratiqués par le grossiste diffèrent des prix fixés par l’agriculteur au marché de gros.

Déjà, la loi est injuste puisqu’elle interdit à l’agriculteur de récupérer ses produits une fois introduits sur le marché de gros. De ce fait, il sera contraint de vendre les produits restants à des prix très bas, inférieurs au coût de production.

“L’agriculteur est le maillon le plus faible et 40% des produits agricoles sont commercialisés dans les circuits légaux. Le marché est désormais un espace pour blanchir le monopole”, a-t-il noté.

Notre invité a souligné qu’il y avait un projet de création des points de vente directe du producteur au consommateur à des prix raisonnables. Un projet resté lettre morte à cause des spéculateurs qui commandent le marché.

Et de poursuivre que les produits agricoles ne sont pas insuffisants, sachant qu’il n’est pas nécessaire de contrôler les agriculteurs d’autant plus que la loi n’impose pas à l’agriculteur de vendre ses produits dans le marché de gros.

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Écrit par: Islam Sassi



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