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Le think tank indépendant « TEMA » publie son tableau de bord de l’économie tunisienne

today21/07/2022 103

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Le Think Tank indépendant “TEMA” (Tendances de l’Environnement Macroéconomiques des affaires), vient de publier, mardi 19 juillet 2022, les derniers chiffres clés de l’économie tunisienne enregistrés au cours du deuxième trimestre de l’année courante et ses prévisions financières et économiques pour les années 2022 et 2023.

Le document révèle que le taux de croissance du PIB a enregistré une régression passant de 3,1% en 2021 à 2,2% à fin avril 2022. Le taux d’inflation poursuit, depuis l’année dernière, sa tendance haussière et s’élève à 8,4% à fin avril 2022. Quant au déficit budgétaire, la situation demeure alarmante dans la mesure où il représente à fin avril 2022, près de 7,7% du PIB. Un déficit qui s’explique par l’inexorable progression de la dette extérieure de la Tunisie qui s’établit à 87,3% du PIB en 2022, contre 82% un an plus tôt.

Le déficit courant s’est aussi creusé davantage entre 2020 et 2022, passant de -5,9% à -10,1% en 2022, sachant que le taux de couverture a enregistré  une augmentation remarquable pour s’établir à 76,7% en 2022 selon l’INS.

Si les réserves en devises ont augmenté par rapport à l’année 2018, elles ont considérablement chuté par rapport à l’année 2020, passant de 161 jours d’importation en 2020, à 121 jours en 2022, à fin juin 2022, selon les chiffres de la BCT.

Compte tenu de ces indicateurs macroéconomique inquiétants, la note souveraine de la Tunisie poursuit dès lors sa dégradation : Moody’s a abaissé la notation de la Tunisie à Caa1 avec des perspectives négatives en octobre 2021 et Fitch Ratings l’a abaissée à CCC le 18 mars 2022.

Le PIB a enregistré une légère augmentation en glissement annuel entre le dernier trimestre de l’année 2021 et le premier trimestre de l’année courante en s’élevant à 2,4%. La croissance trimestrielle du PIB est en légère baisse par rapport au dernier trimestre de l’année 2021, et n’a pas dépassé le seuil de 0,7% au cours du premier trimestre de l’année courante.  Selon les prévisions du Think Tank TEMA, le PIB devrait atteindre 137,2 milliards de dinars fin 2022, enregistrant ainsi une augmentation de près de 7,3 milliards de dinars par rapport à l’année dernière. Par conséquent, le PIB par habitant et en dinar constant passera de 7516 dinars en 2021 à 7614 dinars.

Quant aux activités économiques, cette année est marquée par une reprise prometteuse du secteur touristique, après deux ans de stagnation à cause de la crise épidémique du coronavirus. Le nombre d’arrivées touristiques à fin mars 2022 a dépassé les 1094 mille touristes, enregistrant ainsi une hausse remarquable par rapport à l’année dernière où le nombre de touristes n’a pas dépassé le seuil de 300 mille.

Il reste que la crise en Ukraine continue à jeter ses ombres sur l’économie tunisienne et plus particulièrement sur sa balance commerciale et la hausse des valeurs des importations, dont notamment celles des biens de consommation. D’ailleurs, la valeur des importations de ces produits a atteint à fin mai 2022, environ 7111 millions de dinars, contre 5506 millions de dinars au cours de la même période de l’année dernière.

Dans la même veine, la valeur des importations des biens d’équipement a grimpé à 6380 millions de dinars, versus 4745 millions de dinars enregistrés deux ans plus tôt.

Au niveau du développement de l’investissement en Tunisie, l’étude révèle une augmentation de 12,4% du nombre total des projets jusqu’à présent déclarés à l’APII en 2022. Toutefois, une baisse de 8,1% des revenus des projets industriels et de 6,3% des projets industriels totalement exportateurs est à constater contre une hausse de 27,3% des chiffres réalisés par projets de services à fin mai 2022 par rapport à l’année 2021.

Quant aux investissements directs étrangers, les données révèlent une hausse significative de 73,3% par rapport à l’année dernière. Ces investissements ont atteint près de 593 millions de dinars à fin juin 2022, contre une valeur de 342 millions de dinars à la fin de l’année dernière. Par contre, le secteur agricole a connu une baisse de 11,7% des investissements déclarés à l’APIA par rapport à l’année 2021.

D’autres données en rapport avec le commerce extérieur montrent que la valeur des exportations est passée de 22,8 milliards de dinars en 2021 à 28,4 milliards de dinars en 2022, soit une hausse de 24,6%.

Les importations ont enregistré une hausse remarquable de 32,4% par rapport à l’année dernière passant de 30,4 milliards de dinars à 40,2 milliards de dinars. En résultat, le déficit commercial s’élève à 56,3% au premier semestre de l’année courante par rapport à l’année 2021.

Au niveau des paiements extérieurs, cette année a connu une amélioration des principaux indicateurs, dans la mesure où les recettes du tourisme se sont élevées à 1411 millions de dinars à fin juin 2022, soit 455,4 millions de dollars, enregistrant une hausse de 56,6% en dinar tunisien et 41,1% en dollar. Pareillement pour les transferts de la diaspora qui continuent à compenser le déficit du secteur extérieur, atteignant 3701,8 millions de dinars à fin juin 2022 et dépassant la valeur enregistrée l’année dernière avec une augmentation de 17,1% en dinar et de 5,6% en dollar.

Le solde commercial n’a cessé d’empirer au cours des dernières années, passant de -2286,6 millions de dinars au cours du premier trimestre de l’année dernière à -3458,2 millions de dinars au cours du premier trimestre de l’année courante. De ce fait, le déficit commercial passe de 1,7% du PIB au premier trimestre de l’année dernière à 2,5% du PIB à fin mars 2022. Le solde courant s’établit à -1931,7 milliards de dinars à la fin du premier trimestre de l’année dernière, et se maintient à -1,4% du PIB.

La dette extérieure brute s’élève à 123,5 milliards de dinars à la fin du premier trimestre de l’année 2022, soit une hausse de 9,1% par rapport à l’année dernière et passe de 86,5% du PIB au premier trimestre de l’année 2021 à 89,4% du PIB fin mars 2022. La valeur du service de la dette extérieure se maintient élevée et représente 13,7% des recettes d’exportations.

La situation des finances publiques demeure préoccupante et les chiffres ne semblent pas assez rassurants, même si le déficit budgétaire est passé de 1,5% du PIB à fin décembre 2021 à 0,1% en 2022. Ceci provient de la hausse des recettes totales qui ont passé de 10,42 milliards de dinars en 2021 à 12,58 milliards de dinars à fin avril 2022, soit une hausse de 20,7% par rapport à l’année dernière.

Quant à la valeur des dépenses, elle demeure presque stable dépassant légèrement les 12 milliards de dinars et enregistrant une légère baisse de 2,3%. Selon les données publiées par le Think Tank indépendant “TEMA”, la masse des salaires des agents de l’Etat représente 5,1% du PIB en 2021.

Notons que l’encours de la dette publique a enregistré une augmentation de 8,6% à fin d’avril 2022 par rapport à l’année dernière, et atteint 106,5 milliards de dinars à fin avril 2022, sachant que le service de la dette a grimpé de 30,4% par rapport à 2021. Il est à remarquer, dans le même sens, que la dette publique est passée de 74,9% du PIB en 2021 à 77,1% du PIB à fin avril 2022.

Le taux d’inflation a atteint 8,1% à fin juin 2022, selon la même source, sachant que ce taux s’est établi à 11,4% pour les produits alimentaires libres et à 6,8%  pour les produits non libres durant la même période.

Les chiffres publiés révèlent une baisse de 16,6% du volume des transactions immobilières au cours du dernier trimestre de l’année 2021, avec une augmentation de 0,6% des prix de l’immobilier au cours du dernier trimestre de l’année 2021, contre une augmentation de 3,2% au cours de la même période deux ans plus tôt.

Sur un autre plan, une baisse de la productivité du travail a touché tous les secteurs en 2020, et ce, en raison de la crise sanitaire liée à la propagation du coronavirus.

Concernant le secteur bancaire, le document montre que la valeur des crédits à l’économie est passée de 83588 MD en 2020 à 89 936 en 2021 pour s’établir à 97262 à fin février 2022 (soit une variation de 8,1% entre 2021 et 2022 et de 7,6% entre 2020 et 2021).

S’agissant de la valeur des dépôts d’épargne, elle est toujours en hausse entre 2021 et 2022, passant de 42936 millions de dinars à 47013 millions de dinars. Le taux de couverture des crédits par les dépôts a, par contre, diminué entre 2010 et 2022, passant de 97,9% en 2010 à 87,6% à fin février 2022. Les crédits représentent à fin février 2022, environ 70,4% du PIB, contre 52% du PIB en 2010. Le taux directeur et le TMM sont également en hausse à fin juin 2022, et s’établissent à 7%.

Enfin, les indicateurs de la compétitivité de la Tunisie sont presque tous en baisse, qu’il s’agisse de la stabilité macroéconomique, de l’éducation, du système financier, ou de l’innovation.

 

 

Tableau de bord de l’économie tunisienne – 2e trimestre 2022, préparé par le Think Tank indépendant “TEMA” (Tendances de l’Environnement Macroéconomiques des affaires).

 

 

 

 

Écrit par: Islam Sassi



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