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« La Tunisie n’ira pas au Club de Paris », assure Mohsen Hassan

today04/02/2022 40

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Invité de l’émission Expresso, l’ancien ministre du commerce, Mohsen Hassan, s’est exprimé aujourd’hui, le 4 février 2022, sur la coopération tuniso-française pour la création d’une Agence de la dette publique et l’Agence de la gestion des participations de l’Etat, et ce, à l’issue de la visite du directeur général du Trésor français, Emmanuel Moulin.

Hassan a indiqué que la création de l’Agence de gestion de la dette publique va contribuer dans la flexibilisation de la dette publique. Quant à l’Agence de la gestion des participations de l’Etat, son rôle sera de faciliter le processus de réformes et de restructuration des entreprises publiques.

Selon lui, le gouvernement aurait dû consulter les experts et soumettre le programme des réformes aux organisations nationales afin de trouver un consensus sur les réformes à engager, comme l’avait indiqué le rapport du Conseil d’administration de la BCT, au lieu de solliciter l’aide technique de l’Etat français représenté par Emmanuel Moulin.

La Tunisie n’ira pas au Club de Paris pour ces raisons 

L’ancien ministre du commerce a affirmé que la Tunisie n’ira pas au Club de Paris, au moins à court terme, étant donné que le Club de Paris ne traite pas les dettes bilatérales qui ne dépassent pas 11% du total des dettes de la Tunisie.

D’après ses dires, les dettes intérieures sont plutôt beaucoup plus préoccupantes que les dettes extérieures de la Tunisie.

La stabilisation du prix du baril autour de 75 dollars, une hypothèse irréaliste

L’invité de Wassim Bel Arbi a mis l’accent sur la crise des finances publiques qu’il qualifie de “préoccupante et sans précédent”. Le retard dans le versement des salaires et la pénurie de plusieurs matières de base révèlent, selon lui, la gravité de la situation, ajoutant que l’hypothèse relative à la stabilisation du prix du baril de pétrole à 75 dollars est désormais irréaliste.

En effet, le prix du baril de pétrole pourrait atteindre 100 dollars. A ce titre, il estime que les données sur la base desquelles la loi de finances 2022 ne sont pas exactes et pourraient creuser le déficit du budget de l’Etat.

Des difficultés de financement des ressources internes.

Les taux de croissance réalisé en 2021 et celui prévu en 2022 ( 3% selon les dernières prévisions) ne sont pas de nature à combler la récession spectaculaire de 2020 ( baisse du PIB de 9,2%).

Le taux de croissance demeure très faible et ne permet pas à l’Etat de se procurer des ressources financières nécessaires pour boucler le budget.

L’accent a été également mis sur la hausse des dettes intérieures et le remboursement des dettes extérieures, tributaire de la conclusion d’un accord avec le FMI.

L’invité de l’émission Expresso a aussi abordé les difficultés de financement des ressources internes, notant que le recours à la planche de billets n’est pas une solution envisageable aujourd’hui, et que la Tunisie n’a eu recours à cette alternative que pour le financement du budget complémentaire 2020. D’ailleurs, la BCT n’a fait appel à cette alternative de financement direct du budget de l’Etat que dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2020 qui a comporté un article autorisant la BCT à financer directement le budget de l’Etat, et ce, suite à l’approbation de l’ARP.

Dans le même contexte, Mohssen Hassan a ajouté que toutes les interventions de la BCT pour financer le budget de l’Etat s’inscrivent dans le cadre de ces prérogatives légales et la question de la planche à billet est infondée.

Et d’ajouter que le financement extérieur demeure tributaire de l’hypothèse de la conclusion d’un accord avec le FMI, rappelant que l’indépendance de la BCT est un acquis nationale et doit être une conseillère du gouvernement sans qu’elle suive les mêmes politiques et orientations gouvernementales.

Les causes de la pénurie de certains produits de base

Plusieurs facteurs sont à l’origine de la pénurie de certains produits de base. 

De prime abord, elle s’explique par la pénurie de ces produits sur les marchés mondiaux, la hausse de leurs prix et le déclin de l’offre, surtout que l’économie tunisienne repose sur l’importation de ces produits pour couvrir les besoins nationaux et ne compte pas malheureusement sur la production locale. Il a estimé à cet égard que cette crise se poursuivra à mesure que les prix des carburants augmentent.

Ensuite, cette pénurie s’explique aussi par la crise des finances publiques et la dégradation de la note souveraine des banques tunisiennes. Déjà, les fournisseurs étrangers imposent le paiement en espèce ou en amont. Ils demandent même des cautions de la part des institutions financières étrangères, créant ainsi une pression sur les institutions tunisiennes, comme l’Office des céréales.

A ces facteurs s’ajoute la hausse des coûts du transport maritime en Tunisie et dans le monde en général.

L’invité du programme Expresso est revenu, lors de son intervention, sur les problèmes liés aux circuits de distribution et surtout des produits subventionnés, la contrebande de ces produits, et le manque de contrôle au niveau des frontières.

Et de poursuivre qu’il faut réprimer ces infractions et prévoir des lois incriminant ces pratiques, appelant  à mettre au point une politique agricole claire et à renforcer les chaines d’approvisionnement pour faire face à ces pénuries au lieu de les diaboliser.


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Écrit par: Islam Sassi



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