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Ibrahim Bouderbela : Le courtage juridique implique des parties qui n’appartiennent pas à la profession d’avocat

today11/11/2021 11

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Le bâtonnier des avocats de Tunisie, Ibrahim Bouderbala, a déclaré au micro de radio Express Fm, que la majorité absolue des magistrats et des avocats sont intègres et que les cas isolés de corruption nuisent à la réputation des professionnels de ces métiers et affectent même les personnes intègres.

Au micro de Walid Ben Rhouma, Bouderbala a affirmé que le phénomène d’impunité accroît le sentiment d’irresponsabilité chez certains magistrats et avocats.

A cet effet, il faut renforcer le rôle des structures de contrôle, et particulièrement le Conseil supérieur de la justice pour assurer l’indépendance et l’intégrité du corps judiciaire.

Il a ajouté que le décret de 2011 a fragmenté la profession d’avocat et le conseil de discipline de la Commission nationale statue uniquement sur les dossiers transférés par les sections régionales.

Le phénomène de courtage ne concerne pas uniquement la profession d’avocat

Bouderbala a considéré, lors de sa présence dans l’émission Hdith Esse3a du 11 novembre 2021, que le courtage est un phénomène général touchant tous les secteurs et non pas seulement les avocats. D’ailleurs, certaines parties orientent les victimes vers des avocats bien déterminés et certains hôpitaux. Pareillement pour les greffiers des tribunaux. Ce phénomène a connu son apogée depuis les années 90, surtout avec la multiplication du nombre des avocats, passant de 4 mille avocats en 2005, à 8000 mille avocats en 2010, sans qu’ils ne soient encadrés.

Des avocats décédés.. et pourtant inscrits à l’ordre national des avocats de Tunisie

L’invité de l’émission Hdith Esse3a a révélé que de nombreux avocats décédés depuis des années sont encore inscrits en tant qu’avocats non exerçants, et qu’il n’est plus possible de contrôler les avocats exerçants et non exerçants afin d’actualiser les listes d’inscription. 

Selon lui, les lois en vigueur régissant le secteur sont très lacunaires et ne permettent pas d’organiser le secteur.

Il faut organiser un dialogue et ne pas se contenter d’une vision unilatérale.

Le bâtonnier Bouderbela a considéré que le traitement de certains dossiers par le gouvernement n’était pas à la hauteur des attentes des tunisiens et que l’activation de l’article 80 de la Constitution s’inscrit dans ce cadre. Il reste que la vision du président Saied doit être conjuguée avec celles des organisations nationales comme l’UGTT et l’UTICA.

Au fait, il ne faut pas se contenter d’une vision unilatérale, d’après l’invité de l’émission Hdith Esse3a dans la mesure où l’organisation d’un dialogue national inclusif s’impose pour décider de l’avenir du pays. Et d’ajouter qu’il faut opter pour un régime politique clair et univoque : soit présidentiel, soit parlementaire, et ce, suite à la consultation de toutes les organisations nationales et les partis politiques intégres vu l’insuffisance des plateformes électroniques. Dans le même sens, il a précisé que l’accusation des personnes de corruption appartient au pouvoir de justice et non pas au président Saied qui ne peut pas les exclure du dialogue national en l’absence de jugement rendu par le pouvoir judiciaire.

La liberté de manifester pacifiquement est garantie par la Constitution

Interrogé sur les mouvements de protestation à Aguereb à Sfax, Bouderbela a rappelé que la liberté de manifester pacifiquement est garantie par la Constitution et que les agents de sécurité agissent conformément à la loi et sont exposés aux poursuites judiciaires en cas de dépassement.

D’après ses dires, la crise des déchets est un problème d’envergure nationale et nécessite une étude à grande échelle. L’Etat doit jouer son rôle à cet égard, surtout que les problèmes environnementaux liés à la gestion des déchets se sont aggravés depuis plusieurs années.

Concernant la comparution des civils devant les tribunaux militaires, Bouderbela a réitéré son refus total de ces pratiques, ajoutant que le procès de Saif Eddine Makhlouf relève de la compétence des juridictions civiles.

Écrit par: Islam Sassi



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