Guiâa: « La récession économique en Tunisie est de long terme… »

Le professeur de sciences économiques Ridha Guiâa a déclaré, mardi 22 août 2023, que la récession économique en Tunisie est de long terme et dure depuis des années.

Lors de son intervention à l’émission Expresso, Guiâa a considéré qu’il y avait une régression du taux de croissance, indiquant que le taux de croissance économique était supérieur à 5,5 % avant 2011, alors que ce taux n’a pas dépassé 1,7 % durant la dernière décennie. Le meilleur taux enregistré était de 3,4 % et il a diminué ces dernières années jusqu’à moins de 2 %.

Guiâa a affirmé que malgré la présence d’indicateurs de détérioration et de déclin, il existe quelques indicateurs économiques positifs, comme la baisse du taux de chômage et la relance du secteur touristique, soulignant que la Tunisie a connu des difficultés économiques durant les années de la pandémie et que les taux de croissance étaient très faibles.

Récession économique conjoncturelle

« Il existe une récession économique conjoncturelle touchant certains secteurs, mais pas tous les secteurs économiques, financiers, industriels et commerciaux », a-t-il ajouté en soulignant que l’économie tunisienne est étroitement liée à l’Europe, qui connaît actuellement certains problèmes.

Il a, en effet, expliqué que le modèle économique tunisien est devenu très lié au tourisme et à l’agriculture, en plus des carburant, dont les prix ont considérablement augmenté.
Dans ce contexte, l’agriculture en Tunisie contribuait autrefois à hauteur de 14 % au produit intérieur brut (PIB), mais ce taux a régressé à 9 alors qu’elle est devenue environ 9 % à cause des facteurs climatiques et de la transformation environnementale, soulignant la nécessité de repenser le modèle économique.

L’économiste a estimé que les pays occidentaux confrontés à la stagnation disposent de quantités suffisantes d’énergie et de capacités internes pour sortir de cette situation.

De point de vue financier et bancaire, Guiâa a estimé qu’il y aura des difficultés, d’autant plus qu’il y a des problèmes liés à l’accord avec le Fonds monétaire international et que le gouvernement a eu recours à l’emprunt interne pour éviter le déficit budgétaire.

Il a, également, évoqué l’importance du secteur du bâtiment, qui est un indicateur important de la récession de l’économie, car la hausse des prix des matières premières se reflète sur le coût de la construction, attribuant la récession dans certains secteurs au coût élevé. .

Guiâa a estimé que « la compétitivité de l’économie tunisienne a diminué ces dernières années », évoquant la question des subventions, qui concerne une grande partie du budget de l’Etat, soulevant son impact sur la sécurité et la paix sociale ce qui représente le plus grand défi dans les mois à venir.

« Nous espérons que l’accord sera conclu avec le Fonds monétaire international et les banques étrangères », a-t-il ajouté soulignant que la crise politique joue un rôle majeur et a un impact sur l’économie tunisienne.

Il a, par ailleurs, souligné qu’il est nécessaire de restaurer la culture du travail et développer la productivité des secteurs et leur compétitivité avec l’étranger.

BRICS

Dans un contexte annexe, parlant de BRICS, Guiââ a affirmé que les pays de l’Est cherchent à se positionner dans le monde aux côtés du pôle occidental, qui était dominant à lui seul, alors que la Chine, la Russie et le Brésil n’avaient pas de place dans la répartition de la richesse mondiale.

Il a, en effet, indiqué que de nombreux pays africains et arabes rejoindraient les BRICS dans le cas où les conditions fixées seraient assouplies, soulignant que cela « entraînera un changement majeur dans l’économie mondiale et créera de nouveaux équilibres ».

Ridha Guiâ considère que le système capitaliste extrémiste a échoué, face aux souffrances mondiales du chômage, de la détérioration des taux de croissance et de la stagnation économique, tandis que le système socialiste pourrait s’inscrire dans l’économie mondiale.