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Mounir Ghazali, associé à EY Consulting spécialisé en politiques et réformes publiques, a déclaré, mercredi 20 décembre 2023, que parmi 1000 services publics en Tunisie, aucun n’est complètement digitalisé de bout en bout. « A part la déclaration des revenus notamment pour les sociétés », a-t-il ajouté.
Lors de son intervention à l’émission Expresso, Ghazali a affirmé que la Tunisie est encore loin de la digitalisation complète. « L’Etat est capable de collecter l’impôt d’une façon digitalisée à un taux atteignant les 95% », a-t-il avancé.
Ghazali a, en effet, évoqué l’importance de l’approche « événement de vie » qui se focalise sur les événements marquants dans la vie du citoyen pour les digitaliser. Selon lui, ça serait très intéressant de l’adopter en Tunisie, à l’instar des pays développés.
En revanche, il a reconnu qu’il y a des efforts de la part de l’Etat et des ministères de TIC pour avancer dans le processus de la digitalisation.
« Il est vrai qu’il existe une stratégie nationale 20-25 et un plan national stratégique (PNS) qui comprend plusieurs axes qui concernent la digitalisation et qui touchent à tous les domaines.
Selon lui, le problème réside dans le critère transversal de ces projets qui ne dépendent pas que du ministère des TIC. De plus, ces projets nécessitent des choix stratégiques et des décisions de la part de la plus haute autorité.
D’après Ghazali, il n’existe pas de ‘sponsoring’ fort pour la digitalisation de la part du gouvernement. « La digitalisation est importante, mais ne représente pas une priorité pour le gouvernement », a-t-il commenté.
Design system
Par rapport à son avis quant à la digitalisation des services publics, il a indiqué que EY s’inspire des expériences étrangères, évoquant dans ce sens le ‘design system’ qui représente un ensemble de bonnes pratiques pourrait être utile à l’administration publique, selon ses dires.
En effet, cela permet au citoyen d’avoir un parcours harmonisé et standardisé avec les services publics, selon ses déclarations.
« Cette expérience était réussie en France, en Italie et en Angleterre où le design système était public et à la disposition de la communauté », a-t-il indiqué.
« En 2017, l’Angleterre a recruté 800 designers », a-t-il poursuivi.
Selon lui, cette compétence manque en Tunisie, malgré son rôle crucial pour réussir la digitalisation des services publics et l’harmonisation du parcours client.
S’agissant de la participation des start-ups, Ghazali a affirmé que tout l’écosystème de l’innovation devrait être impliqué. « Il faut faire participer toutes les parties prenantes et notamment les start-ups dans ce dialogue qui concerne les politiques publiques », a-t-il avancé.
Cependant, les start-ups ne représentent pas encore un intervenant direct dans les projets de digitalisation des services publics.
« Nous ne sommes pas encore dans l’étape où les start-ups sont en collaboration continue avec l’Etat et les ministères, excepté la période du covid19 », a-t-il dit.
D’après lui, une réforme radicale du code de marché public est nécessaire afin d’intégrer les start-ups.
Recommandations
Ghazali a appelé à un portage ou sponsoring fort où la digitalisation devient une cause nationale.
De plus, la gouvernance de ces projets transversaux ne devrait pas être une gouvernance classique, selon ses dires. Mais, il faut avoir une gouvernance qui permet aux acteurs principaux à savoir le ministère des TIC d’avoir un rôle transversal couvrant l’ensemble des ministères.
En outre, il a appelé à avoir un cadre très clair d’un principe directeur, de bonnes pratiques et de composantes technologiques qui pourraient être ré-utilisées.
D’après Mounir Ghazali, si l’Etat vise à digitaliser seulement 40 événements de vie ( comme une inscription à l’école ou la demande d’une aide sociale…) parmi les 1000, la satisfaction client par rapport aux services publics serait à hauteur de 100 %.
Written by: Sarra Ben Omrane