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Stade El Menzah, CHU Roi Salman bin Abdulaziz, métro de Sfax et Port d’Enfidha : quand la réalité dépasse la fiction !

today04/04/2024 117

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La réfection du stade d’El Menzah a été entamée en juin 2022 et devait prendre fin en novembre 2024. Le CHU Roi Salman bin Abdulaziz à Kairouan a été annoncé depuis 2015. Du bâtiment qui devrait accueillir jusqu’à 500 lits, il n’existe aujourd’hui qu’une porte et un mur de 15 mètres de long. L’étude d’implantation du port d’Enfidha a été réalisée en 2006, mais le port n’a toujours pas vu le jour. La société du métro de Sfax a été créée en 2015, mais il n’y a toujours pas de métro à Sfax.

Voici une chronologie de ces quatre projets, lancés en grandes pompes, mais qui stagnent !

Stade el Menzah : en 2 ans, les travaux n’ont pas dépassé les 20%

Le ministère de la Jeunesse et des Sports a officiellement décidé, le 3 mars 2024, de résilier le contrat conclu avec une société tunisienne pour la réfection du mythique stade El Menzah.

Le directeur des constructions et de l’équipement à la Direction générale des Services Communs, au ministère de la Jeunesse et des Sports, Noufel Belhaj Rhouma a affirmé que le département a, d’ores et déjà, entamé les procédures de résiliation, mettant ainsi fin à deux ans de travaux.

La même source a indiqué que le projet sera confié à l’entreprise étrangère qui présentera la meilleure offre, sachant qu’une entreprise chinoise spécialisée dans la construction d’infrastructures sportives a présenté une proposition.

Les travaux de réfection du stade olympique d’El Menzah devront reprendre avant la fin de l’année. Elles devaient prendre fin en novembre 2024, chose impossible maintenant !

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Deguiche, a indiqué, le 7 février 2024, lors de la plénière de l’ARP consacrée à l’adoption du projet de loi relatif à la lutte contre le dopage dans le milieu sportif, que les travaux du stade d’El menzah sont entravés par des différends entre les professionnels intervenant sur le chantier.

Faisant savoir que le président de la République, Kais Saïed, a fait part de son mécontentement quant à la lenteur des travaux, Deguiche a affirmé que la Tunisie « envisage de solliciter la Chine pour achever les travaux du complexe sportif d’El Menzah ».

Le vaste projet de réfection du stade olympique d’El Menzah, entamé en juin 2022, pour une durée de 29 mois, est d’un coût estimé à 30 millions d’euros.

Le président de la République, Kaïs Saïed, avait effectué, jeudi 16 novembre 2023, une visite au stade d’El Menzah pour inspecter l’avancement des travaux de rénovation des installations.

Lors de ses discussions avec les ouvriers et les ingénieurs présents sur le chantier, le président de la République a épinglé le retard enregistré dans l’avancement des travaux, n’ayant pas dépassé les 20%.

Le Chef de l’Etat avait estimé que les études effectuées avaient trop duré et qu’il n’y avait pas besoin de les refaire, assurant qu’il s’agit d’une dilapidation des deniers publics et d’une entrave à l’avancement des travaux.

CHU Roi Salman bin Abdulaziz à Kairouan : une porte et une muraille en 4 ans

Le chef du gouvernement, Ahmed Hachani, a présidé, mercredi 3 avril 2024, un conseil ministériel restreint dédié au dossier de la Cité médicale Les Aghlabides, à Kairouan, où il a annoncé la création d’environ 42 mille emplois.

Dans ce cadre, il est à rappeler que le conseiller chargé des affaires communes à la présidence de la République, Mourad Halimi, a affirmé, lors d’une séance de discussion sur le budget de la présidence de la République, lundi 20 novembre 2023, que ce projet permettra de créer 50 mille emplois directs et indirects.

Le conseil ministériel a approuvé la création d’une société anonyme publique dénommée « Société Aghlabide de la Cité Médicale de Kairouan », sous la tutelle du ministère de l’Équipement, et qui sera chargée de la gestion du dossier sous ses différents aspects.

L’une des composantes les plus importantes de ce complexe est le CHU Roi Salman bin Abdulaziz. Annoncé depuis 2015, l’hôpital n’a toujours pas vu le jour. Du bâtiment qui devrait accueillir jusqu’à 500 lits, il n’existe qu’une porte et un mur de 15 mètres de long.

Le directeur de la santé préventive à la direction régionale de la Santé à Kairouan, Amara Jemli avait déclaré que sur les cinq études, menées par des bureaux d’études étrangers sous la supervision de l’Arabie Saoudite, trois étaient prêtes.

Et d’ajouter : « c’est l’Arabie Saoudite qui porte le projet. Elle a en charge les études, les appels d’offre. La Tunisie ne peut qu’exhorter l’Arabie Saoudite à concrétiser le projet ».

Le président de la République, Kaïs Saïed, avait présidé, mercredi 27 mars 2024, une réunion pour examiner le projet de la Cité médicale aghlabide. Il a discuté des difficultés et des obstacles qui ont entravé le lancement de ce projet depuis 2020. « Certains acteurs continuent de manœuvrer avec des parties intérieures et étrangères pour empêcher le démarrage des travaux de ce projet », avait précisé un communiqué de la présidence de la République.

A l’issue de sa visite effectuée dans la région de « Menzil Mehiri » dans le gouvernorat de Kairouan, le 28 février 2021, le chef de l’Etat avait inspecté le terrain sur lequel sera implanté le projet Cité Aghlabide Medicale, dont les travaux de construction devaient débuter prochainement (sans communiquer la date), selon un communiqué de la présidence tunisienne.

La présidence de la République avait annoncé, dans un communiqué rendu public vendredi 10 juillet 2020, le passage à la deuxième phase de la réalisation du projet de la cité médicale des Aghlabides, qui marque la fin de la phase de conception et le début de la concrétisation.

En novembre 2020, c’est le Qatar qui entre en jeu pour ce projet. Le directeur général de la santé militaire, Mustapha Ferjani avait annoncé que le Qatar a donné son accord pour financer la cité médicale de Kairouan. Faisant partie de la délégation accompagnant le chef d’Etat à Doha, Docteur Ferjani a affirmé qu’une réunion élargie a eu lieu lundi 16 novembre 2020, entre les responsables tunisiens et le directeur du Fonds Qatari pour le développement.

Quatre ans après l’annonce en grande pompe de ce projet, on se contente d’une muraille et d’une porte.

Port d’Enfidha : 18 ans et toujours rien !

Conçu pour devenir une plateforme internationale de commerce et de services, le port d’Enfidha a pris l’eau.

Incroyable, mais vrai, l’étude d’implantation du port d’Enfidha a été réalisée en 2006, sous Ben Ali. Situé à 100 km de Tunis, à 40 km de Sousse et à 170 km de Sfax, il s’agit d’un complexe s’étend sur 3000 hectares, dont 1000 hectares dédiés au port. Le reste est destiné à une zone économique et logistique. Avec une profondeur de 19 mètres, le port devait surpasser celui de Radès.

Le dossier a été repris en 2027. Cependant, le projet peine toujours à voir le jour. En effet, et dans le cadre de la mise en application des décisions du conseil ministériel du 26 janvier 2017 relatif à la création du port en eaux profondes d’Enfidha, l’Office de la Marine Marchande et des Ports a, suite à l’appel d’offres lancé au mois de février 2017, relatif à la création d’un port en eaux profondes d’Enfidha, signé en date du 22 septembre 2017 un contrat avec le groupement SELLHORN/HPC ayant pour objet l’actualisation de l’étude de marché et des études économiques et financières réalisée durant la période allant de 2006 à 2010 et la préparation d’un DAO en EPC ou EPCF pour la réalisation de la phase 1 du projet.

La réunion de lancement de l’étude s’est tenue le 2 octobre 2017 et la durée de l’étude était prévue pour trois mois, compte non tenu des délais d’approbation.

A la fin du mois de décembre 2017, la phase 1 est achevée et le comité de pilotage était en cours de validation des résultats. Il était prévu que le passage à la phase 2 du projet débute durant le mois de février 2018. Mais, toujours rien !

Le 30 novembre 2023, le projet a de nouveau été évoqué. Le ministre des Transports de l’époque, Rabie Majidi, avait confirmé, lors d’une plénière à l’ARP, que le projet d’appel d’offres pour le port en eau profonde d’Enfidha n’a pas été approuvé par le Haut Comité des Demandes Publiques.

Selon le ministre, le refus est expliqué par le « caractère inacceptable des conditions financières ». La Tunisie disposait ainsi de trois options : soumettre une nouvelle demande pour des appels d’offres, trouver un investisseur stratégique ou réinventer le projet.

Lancé en février 2020, l’appel d’offres international relatif à la mission d’études et d’assistance pour la promotion et la mise en concession d’exploitation du Terminal A à conteneurs (Phase 1) du port d’Enfidha, a été déclaré infructueux le 21 mars 2024.

Selon l’appel d’offre relatif au port en eaux profondes d’Enfidha, la phase 1 devrait être opérationnelle début 2024, avec un linéaire de 1,2 kilomètre de quai, censé en activité depuis 2022.

L’entrée en vigueur de la phase 2 du projet est prévue pour 2043.

Métro de Sfax : aucune avancée en 9 années !

Venons maintenant à l’un des projets les plus fantomatiques de l’histoire de la Tunisie : le métro léger de Sfax.

L’histoire a débuté en 2015, avec la création de la société du métro de Sfax. Une création actée au journal officiel en date du 4 août 2015. Il s’agit d’une entreprise de transport publique, créée sur décret gouvernemental, pour développer le réseau de transport collectif dans la ville de Sfax et ses banlieues, à travers la réalisation d’un réseau de métro léger.

Selon le JORT, la société devait être financièrement autonome et dirigée par un Conseil d’administration présidé par un directeur général, lequel devra être nommé par un décret publié par le ministre chargé du Transport. Cette entreprise a été chargée de réaliser les études techniques nécessaires à la réalisation du projet, ainsi que du lancement des appels d’offres et du choix des entrepreneurs.

La première tranche du projet de métro léger de Sfax, dont les travaux devaient démarrer début 2016, devait être prête en 2019, avec un coût global estimé à 2 millions de dinars, financé par l’Etat, ainsi que des sociétés de financement, sous forme de crédits.

La consultation publique sur l’itinéraire de la première ligne T1 du métro de Sfax a été lancée jeudi 7 février 2019.

Les représentants du bureau d’études tuniso-français Systra-Studi, en charge du projet, ont présenté, Lors d’une réunion tenue au siège du gouvernorat de Sfax, le 7 février 2019, leurs études préliminaires relatives à la ligne T1, les itinéraires des lignes combinées métro et du bus à haut niveau de service, l’aménagement des croisements, des gares, de la station multimodale et des parkings de relais, ainsi que l’impact du projet sur la circulation routière.

La ligne T1, qui s’étend sur 13,5 km entre l’aéroport et Chihia, devait être exploitable en 2022. Les travaux devaient démarrer début 2020 et se poursuivre sur deux ans et demi, pour un coût global de 700 millions de dinars. Le bureau d’études « Sissatra Study » a été sélectionné parmi huit bureaux d’études suite à un appel d’offre l’international.

Après trois ans de stagnation, la société du métro léger de Sfax a annoncé, vendredi 17 juin 2022, l’approbation officielle du ministère des Finances, du financement du projet du métro de Sfax, selon la formule de partenariat public/ privé (PPP).

La société avait évoqué « le pas le plus important en direction de la concrétisation du projet, qui coïncide avec un intérêt international de le financer et le réaliser ».

Imed Sboui, responsable de la Société du Métro Sfax, a affirmé, au micro de « Ligne Rouge », samedi 6 novembre 2021, que le projet métro Sfax « est l’aboutissement de plusieurs études réalisées par le ministère des transports entre septembre 2011 et janvier 2014 ».

Il a, également, fait savoir que la création de la société Métro Sfax a été faite conformément au décret gouvernemental de 2015, soulignant que « le président-directeur général de la société est en retraite depuis février 2021 ».

De son côté, Selim Marrakchi, le porte-parole officiel de l’Union des Douanes de Sfax avait indiqué, lors de son passage à Expresso, le 16 octobre 2023, que le projet du métro de Sfax est au point mort depuis plus de 12 ans, même si l’entreprise est opérationnelle et que les études ont été achevées et mises à jour.

Et d’ajouter : « la première ligne de ce projet n’a pas été achevé, ce qui pourrait résoudre une grande partie des problèmes de transport à Sfax », précisant que « le projet du métro de Sfax reste jusqu’à présent un projet virtuel et les problèmes de financement ne sont pas encore résolus ».

De 2015 à 2024, rien n’a été fait et Sfax ne dispose toujours pas de métro. Pire encore, il n’existe même pas un traçage pour le chemin que doit emprunter le métro !

 

Written by: Meher Kacem



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