Express Radio Le programme encours
Le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a décidé de mettre en place des mesures de protection et des mécanismes de travail pour aider les journalistes dans la couverture des élections présidentielles de 2024. Cette décision a été prise après une réunion organisée le 13 août 2024 en coordination avec le Conseil de la presse et en présence de représentants des structures professionnelles, tels que des journalistes, des responsables de médias et des experts.
Dans ce cadre, le syndicat a appelé ses membres, selon un communiqué publié mercredi 14 août, à préparer un plan de couverture des élections présidentielles, qui servira de guide au sein des médias. Ce plan se base sur une feuille de route récemment émise concernant les règles applicables au processus électoral, élaborée en coordination avec le Conseil de la presse et plusieurs organisations nationales impliquées dans les affaires médiatiques.
Le syndicat a encouragé les journalistes à jouer leur rôle dans la recherche de la vérité tout en respectant l’éthique professionnelle et les chartes rédactionnelles, en diversifiant les formats journalistiques et en évitant de se limiter aux seules nouvelles. Cela vise à éviter que les médias ne se transforment en outils de propagande politique, en cherchant à assurer une égalité entre les candidats. Il a également demandé aux médias de tenir des réunions rédactionnelles régulières.
Il a été demandé aux médias publics de remplir leur rôle essentiel en tant que service public fournissant aux citoyens une information éclairée et objective, sans devenir un porte-voix de la propagande politique qui pourrait nuire à la crédibilité des élections.
Le syndicat a mis en place une équipe de 10 avocats à la disposition des journalistes et des médias tout au long de la période électorale. Il a appelé les journalistes à utiliser un formulaire de plainte mis en place pour documenter les violations et pressions auxquelles ils sont confrontés dans l’exercice de leurs fonctions, afin de faciliter le suivi et la surveillance.
Un groupe d’experts juridiques sera également formé pour réaliser une analyse juridique des décisions émises par l’instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) et proposer des voies de recours judiciaires à cet égard.
Le syndicat a jugé que l’attribution de la supervision générale du paysage médiatique à l’ISIE et son implication « flagrante » dans la délivrance d’instructions et la pratique de pressions directes sur les rédacteurs en chef constitue une contradiction avec ses objectifs et les lois en vigueur régissant le paysage médiatique, tout en excluant la HAICA (Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle).
Les intervenants lors de la réunion ont discuté des difficultés rencontrées dans l’exercice de leur profession, notamment les pressions et les directives concernant le contenu.
Le président du syndicat des journalistes, Zied Dabbar, a déclaré : « Le secteur de la presse n’a pas besoin de la tutelle de l’instance supérieure indépendante pour les élections ». Il a souligné qu’il y a des questions fondamentales concernant le respect des règles déontologiques dans la couverture des activités du président de la République.
Le président du SNJT a critiqué ce qu’il considère comme une censure préalable de l’ISIE sur les contenus médiatiques pendant la campagne électorale et a estimé que l’attribution d’une supervision générale à cette instance sur les médias est illogique. Il a considéré que l’ISIE ne devrait pas avoir compétence pour juger et émettre des avis sur les genres journalistiques.
Il a insisté sur le fait que l’instance n’a pas la légitimité pour évaluer et orienter le travail journalistique, ce qui a engendré une pression importante sur les médias, lesquels ont reçu 13 avertissements durant la période électorale en raison de reportages critiques envers l’autorité. Il a affirmé que les journalistes tunisiens possèdent l’expérience nécessaire pour couvrir les élections avec la diversité et l’intégrité requises.
Pour sa part, le membre du Conseil de la presse, Mannoubi Marrouki, a déclaré que les sanctions imposées par l’instance supérieure indépendante pour les élections aux journalistes sont inacceptables et constituent une menace pour la liberté de la presse, d’autant plus que l’ISIE a demandé à de nombreuses radios et journaux de soumettre un plan détaillé de couverture des élections sans consulter les structures représentatives. Il a appelé à respecter les chartes internes des institutions.
Written by: Ahmed Sakka