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Menacé de pénuries, le Royaume-Uni s’évertuait mardi à trouver une sortie de crise avec la France pour permettre une reprise du trafic transmanche de marchandises, interrompu face à la propagation d’une variante potentiellement plus contagieuse du nouveau coronavirus.
La forte circulation en Grande-Bretagne de cette nouvelle souche, dont la transmission est 40 % à 70 % plus importante selon Londres, a transformé la fin d’année en casse-tête pour le Premier ministre Boris Johnson.
Peinant à conclure un accord post-Brexit avec Bruxelles à moins de 10 jours de l’échéance, il a dû reconfiner 16 millions de Britanniques et doit maintenant gérer la décision d’une cinquantaine de pays, dont la France, d’interdire les arrivées du Royaume-Uni, qui bouscule les échanges.
Pour tenter de débloquer la situation, la Commission européenne a recommandé mardi aux Etats membres de l’UE de faciliter la reprise du trafic pour les « voyages essentiels » et éviter ainsi « les ruptures de la chaîne d’approvisionnement ».
Mais d’ores et déjà, plusieurs pays ont décidé de prolonger la fermeture de leurs frontières, comme l’Allemagne et l’Italie jusqu’au 6 janvier, et l’Irlande jusqu’au 31 décembre.
La recommandation, qui vise à permettre à des milliers de citoyens de rentrer chez eux, notamment les chauffeurs routiers bloqués en Angleterre, sera examinée mardi soir par les ambassadeurs des pays membres de l’UE. L’accord de Etats membres n’est pas acquis, selon un diplomate européen.
Dépistage
Le problème est particulièrement épineux avec la France qui a également suspendu pour 48 heures les transports de marchandises accompagnés, empêchant des centaines de camions, dont le Royaume-Uni est très dépendant pour ses approvisionnements, de traverser la Manche.
Parmi les solutions avancées par Londres figurent des tests pour les chauffeurs. Un dépistage dans les ports « fait absolument partie de la discussion » avec Paris, « nous envisageons tout », a déclaré mardi la ministre britannique de l’Intérieur Priti Patel sur la chaîne Sky News.
Selon elle, 650 camions sont actuellement bloqués sur l’autoroute menant de Londres au port de Douvres (sud-est), le principal port transmanche fermé au trafic sortant depuis dimanche soir. Plus de 800 poids-lourds de plus sont stationnés sur un ancien aéroport voisin.
Si les produits pour les repas de Noël, bien que largement chamboulés par les restrictions pour lutter contre la propagation de l’épidémie, ont été épargnés car ils ont déjà été acheminés sur le sol britannique, des perturbations dans l’approvisionnement sont à craindre si la situation perdure.
Selon Andrew Opie, l’un des responsables du British retail consortium, organisme représentant les distributeurs, « il faut vraiment que les frontières fonctionnent à peu près librement à partir de demain (mercredi) pour être sûr qu’il n’y ait pas de perturbations » dans l’approvisionnement des magasins. Légumes et fruits frais pourraient manquer « directement après Noël », a-t-il déclaré sur la BBC.
La crainte est d’autant plus forte que les jours sont comptés avant la fin de la période de transition post-Brexit le 31 décembre. Les négociations commerciales entre Londres et Bruxelles n’ont toujours pas abouti et en cas d’échec, l’irruption de quotas et droits de douanes fait craindre de graves perturbations dans les approvisionnements du pays.
Barre de céréales
Selon Rod McKenzie, le directeur général de l’association du transport routier, les chauffeurs coincés se sont vu offrir « une barre de céréale » lundi de la part de la collectivité locale du Kent. « Bien peu, je pense, pour les soutenir moralement », a-t-il déclaré sur la BBC. S’y ajoutent le « gros problème » de l’accès à des toilettes et la question sanitaire.
Lundi, Boris Johnson avait indiqué avoir discuté de la situation avec le président français Emmanuel Macron qui, selon lui, a dit vouloir « régler la situation dans les prochaines heures ».
Le dirigeant britannique, critiqué pour sa gestion de la pandémie qui a fait près de 68.000 morts, l’un des plus lourds bilans en Europe, a soutenu que les risques de transmission par les chauffeurs routiers « solitaires » sont « vraiment très faibles ».
EFM/AFP
Written by: Manel gharbi