Express Radio Le programme encours
Le chercheur en sciences politiques, Hamza Meddeb, s’est exprimé aujourd’hui, le 20 octobre 2021, lors de sa présence dans le programme Ecomag, sur l’inquiétude des partenaires européens quant à la situation confuse et ambiguë en Tunisie, particulièrement en l’absence d’une feuille de route après le 25 juillet et d’une limitation des mesures exceptionnelles dans le temps, d’autant plus que certaines informations relayés par des politiciens selon lesquels ces mesures peuvent être prorogées jusqu’à 2024. Il s’est interrogé à cet égard sur le fondement de cette éventuelle prolongation de l’application des mesures exceptionnelles.
D’après lui, l’invité d’Ecomag a rappelé que la société internationale a parié sur la démocratie tunisienne après la révolution et que la Tunisie a été économiquement soutenue au cours de ces dix dernières années, et ce, que ce soit par l’Union Européenne ou par les Etats-Unis, considérant que la Tunisie a réussi son expérience démocratique au moment où d’autres ont échoué, à l’image de l’Egypte, la Syrie et la Libye.
Le chercheur en sciences politiques a également insisté sur l’importance d’être conscient de ce qui se passe dans les pays voisins, faisant allusion à l’éventualité d’un scénario militaire en Libye. Pareillement pour l’Algérie dont les rapports avec l’UE et particulièrement la France sont de plus en plus tendus.
Selon lui, l’absence d’une feuille de route en Tunisie a réveillé les craintes des décideurs européens, notamment avec la flambée du phénomène de l’immigration irrégulière, sachant que les Etats du Golfe jouent un rôle beaucoup plus impactant dans l’élaboration des agendas politiques des pays sud-méditerranéens.
“L’UE est un géant économique et un nain géopolitique vu son incapacité à intervenir effectivement dans les pays voisins. Aujourd’hui, son rôle se limite au seul volet économique à travers l’assistance financière”, a-t-il affirmé.
La Tunisie est un pays économiquement dépendant de l’UE et des aides financières des partenaires internationaux. Le rôle de l’UE en Tunisie est, en revanche, assez impactant.
Malheureusement, la Tunisie est dans une situation embarrassante et la politique extérieure commence de l’intérieur à travers les coalitions et les consensus. Ce qui fait défaut, selon l’invité de l’émission Ecomag, en Tunisie, à cause de la fragmentation de la scène politique tunisienne. Cela étant, le consensus demeure l’unique voie pour faire face aux pressions extérieures et trouver des solutions de sortie de crise.
“Ce n’est pas le président Saied qui décide. Les tunisiens ont le dernier mot qu’ils prononcent suite à l’organisation d’un dialogue national”, a-t-il souligné.
Il reste que le président Saied ira plus loin dans sa démarche de marginalisation des pressions internationales, ce qui sera de nature à aggraver davantage la crise de confiance entre la Tunisie et ses partenaires. Evidemment, le discours politique tunisien est isolé du monde et des évolutions continues d’ordre technologique, économique et militaire, et on ne peut pas vivre à la marge de ce qui se passe dans le monde puisque nous n’avons pas de ressources pétrolières.
Et de poursuivre que l’économie tunisienne a été basée sur l’endettement qui n’est enfin, que la rente du pouvoir, rappelant que les discours des pays étrangers représentent une sorte de pressions qui ne doivent pas être ignorées, tout en veillant sur le respect de la souveraineté nationale.
Le chercheur en sciences politiques a enfin suggéré que la fondation d’une nouvelle Tunisie doit être faite conformément à une logique participative afin de consolider le front national et limiter les pressions extérieures.
Written by: Islam Sassi