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Le Professeur David Khayat, ancien chef de service de cancérologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (médecin d’origine tunisienne) a confirmé qu’il est possible de réduire le risque de développer un cancer de vessie chez les fumeurs à l’heure où les stratégies de santé publiques ont atteint leur limite.
Professeur Khayat a rappelé que le cancer de la vessie, dû essentiellement à la consommation des cigarettes, est un cancer difficile, douloureux et qui engage très rapidement le pronostic vital. Il a ajouté que plus l’individu a fumé de cigarettes dans sa vie, plus le risque de développer un cancer de la vessie est important.
Dans une interview accordée au journal « Aujourd’hui le Maroc » à la marge du 3ème congrès nord-africain d’urologie, Professeur Khayat a commencé par définir le concept de réduction de risque. Il a associé ce concept à la prévention et les outils qui minimisent le danger, en donnant l’exemple des voitures et les accidents de la route, étant donné que les ceintures de sécurité, les airbags et l’ABS n’éliminent pas le risque d’accident, mais limitent seulement les dégâts voire rendent les conséquences moins graves.
Selon David Khayat, les êtres humains ont des comportements mauvais pour la santé. Leur hygiène de vie basée sur la mauvaise nourriture accompagnée du tabac classique et de la consommation d’alcool favorisent le risque du cancer. Et peu importe alors les efforts qu’on fait pour les convaincre de changer ces comportements, ils continuent à prendre ce risque. Il a, par ailleurs, cité une situation extrême des gens à qui on va diagnostiquer un cancer du poumon, soulignant que 64% d’entre eux vont continuer de fumer jusqu’à la mort.
David Khayat a, également, affirmé que la chance de réduire le risque de développer un cancer de vessie chez les fumeurs est possible grâce à l’innovation, notamment les produits alternatifs et les nouvelles stratégies qu’on appelle : les risques réduits. Il a expliqué qu’il ne s’agit pas d’enlever le risque, car enlever le risque c’est enlever le tabac, chose très compliquée pour les addicts. Néanmoins, on leur recommande des produits alternatifs, tel que le tabac chauffé qui pourrait représenter une solution pour les personnes qui n’arrivent pas à arrêter de fumer.
La réduction de risque est un concept à appliquer à long terme. « Pour développer un cancer il faut 20 voire 30 ans. Quand on agit aujourd’hui c’est pour un résultat à horizon 2040-2050. Donc il faut être patient. » affirme P. Khayat. « Par contre, il est certain que ces innovations et cette moindre exposition aux substances carcinogènes vont induire une moindre incidence de cancer. C’est d’ailleurs la même chose pour le cancer de la peau qui a été réduit grâce à l’utilisation des écrans solaires ou encore l’administration des statines qui ont limité le risque d’infarctus chez les obèses. » a ajouté.
Il a aussi souligné que la réduction de risque a un impact sur le bien-être et la durée de vie même. D’ailleurs les conclusions tirées par les agences sanitaires européennes confirment que cela contribuerait à augmenter l’espérance de vie des populations, d’après ses dires.
« La réduction de risque est confrontée à l’échec des stratégies de santé publique depuis vingt ans. On a augmenté les prix, on a mis le paquet neutre, des photos horribles…et pourtant les gens continuent de fumer » assure le Professeur David Khayat. « Si l’on prend le cas du Maroc, il y a 24% de fumeurs comme il y a 20 ans et 48% de fumeurs chez les hommes comme il y a 20 ans. Donc il faut espérer une solution. Et la solution à mon avis elle viendra là, comme ailleurs, de l’innovation… » a-t-il conclu.
Written by: Islam Sassi