Express Radio Le programme encours
Invité du programme Expresso du 2 mars 2022, l’analyste financier et président du Cercle des financiers, Abdelkader Boudriga, a dit que la Banque Franco-Tunisienne est la première banque déclarée en faillite de la sorte dans l’histoire de la Tunisie, quoique que cela soit attendu en tenant compte des difficultés que traverse la banque. Une banque déjà en état de mort cérébrale depuis une vingtaine d’années.
D’après notre invité, toutes les banques publiques sont passées par des difficultés à la fin des années 90 et que l’Etat a lancé plusieurs réformes en collaboration avec la BCT, en mettant fin à la dichotomie banque de développement et banque commerciale, soulignant que la BFT traversait depuis de très longues années des difficultés au niveau de sa gestion.
De même, la situation politique n’était pas propice pour déclarer la faillite de la banque. En outre, la Banque n’a pas évolué durant ces années et que ces fonctionnaires ambitionnent également de le quitter.
Le coût de redressement de la banque et les tentatives de son sauvetage étaient très exorbitants et la plainte déposée par l’un des actionnaires a compliqué davantage la situation de sorte qu’il est désormais impossible de tenter de le sauver.
“La dissolution de la BFT est une décision un peu tardive”, a-t-il noté.
Quant aux salaires des fonctionnaires et l’argent des déposants, Boudriga a souligné que les modalités de versement des salaires et l’indemnisation des déposants ont été prévues par la loi et clairement déterminées par le communiqué de la Banque Centrale.
Il est à rappeler que la Commission de Résolution des Banques et des Établissements Financiers en situation compromise a organisé hier, mardi le 1er mars 2022, une conférence de presse sur la situation de la Banque franco-tunisienne (BFT), et sa dissolution judiciaire.
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et président de la Commission, Marouan Abassi a souligné que la BFT dispose de 5 agences, 72 agents, son capital est à hauteur de 5 millions de dinars et des engagements qui ont atteint 279 millions de dinars. Abassi est revenu sur le conflit entre le groupe ABCI Investments N.V et l’Etat tunisien, une affaire qui refait surface et objet de litige devant le CIRDI (Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements).
Le gouverneur de la BCT a indiqué que face à l’impossibilité de régler techniquement cette affaire durant ces dernières décennies en dépit des tentatives de médiation et un long parcours contentieux, la BFT s’est trouvée dans l’impossibilité de retrouver ses équilibres financiers. Il est désormais en état de cessation de paiement. “Il n’est plus possible de la sauver”, a-t-il regretté.
Selon lui, la liquidation de cette banque semble la meilleure alternative pour mettre fin à cet interminable litige et cercle vicieux, rappelant que cette décision sera sans incidences sur le marché financier et monétaire tunisien dans la mesure où sa part de marché ne dépasse pas 0,02% de l’activité bancaire en Tunisie.
“Le Fonds de garantie des dépôts bancaires procèdera à l’indemnisation des clients dans la limite du plafond de 60 mille dinars pour chaque déposant dans un délai ne dépassant pas les 20 jours. Ceux qui ont plus de 60 mille dinars seront les premiers à être remboursés ultérieurement”, a-t-il spécifié.
Pour sa part, le directeur général du Fonds de garantie des dépôts bancaires, Jaâfar Khadech, a confirmé que le Fonds va procéder à l’indemnisation des déposants dans les délais légaux et qu’il veillera sur le bon déroulement du processus d’indemnisation.
S’exprimant sur la situation des agents et cadres de la BFT à l’issue de la liquidation judiciaire de la banque, le président de l’association professionnelle des banques et des établissements financiers, Mohamed Agrebi, a dit que 67 agents seront intégrés dans d’autres banques et que les salaires du mois de mars seront versées abstraction faite de la date d’intégration des fonctionnaires de la banque.
Il a ajouté que 10 banques cotées en bourse vont intégrer 80% des fonctionnaires de la BFT.
Written by: Islam Sassi