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L’analyste politique et expert des affaires libyennes, Ghazi Moalla, a indiqué ce vendredi 18 février 2022, que plusieurs facteurs étaient à l’origine de l’annulation des élections en Libye, dont notamment le fait que la classe politique n’est pas assez consciente et convaincue que la direction du pays passe par le scrutin. De même, les gens estiment encore qu’il existe d’autres voies légitimes pour régner outre celle des élections.
Lors de sa présence dans l’émission Hdith Esse3a, il a affirmé que la Libye est aussi victime de corruption financière et judiciaire et que les pressions internationales et régionales ont entravé l’organisation desdites élections.
Il a considéré que les autres solutions possibles ne seraient pas faciles et immédiates. Selon lui, il existe deux gouvernements en Libye, celui de Abdelhamid Dabeiba, le gouvernement reconnu sur le plan international, et celui de Fathi Bachagha, chargé par le Parlement libyen de former un gouvernement.
Si ce dernier parvient à former ce gouvernement et qu’il soit plébiscité par le Parlement, il y aura effectivement deux gouvernements libyens, selon ses dires, ajoutant qu’il est peu probable que Dbeibah renonce aussi facilement au pouvoir.
Celui qui va tirer profit de la situation en Libye est sans doute celui qui spolie ses ressources et richesses, car c’est le meilleur moment pour les barons de la corruption militaire et financière pour en tirer profit. En effet, des dizaines de millions de dollars sont spoliés et transférés vers d’autres pays à travers des marchés suspects en profitant de l’instabilité du pays.
Il a souligné que la Libye compte trois grandes villes: Tripoli où se concentre la moitié de la population libyenne, ensuite Misrata gouverné par Dbeibah et enfin l’Est du pays qui est sous l’emprise de Haftar et du Parlement.
Il faut noter que la transition démocratique en Libye sera plus difficile faute d’institutions, et ce, contrairement à la Tunisie. D’où l’importance de commencer par l’installation des institutions sécuritaires et militaires, qui prennent jusqu’à aujourd’hui la forme de katibas (brigades).
Parmi les facteurs qui freinent cette transition démocratique, l’invité du programme Hdith Esse3a a mis l’accent sur les sensibilités régionalistes et tribales encore existantes en Libye, à défaut d’un Etat national rassemblant tout le peuple libyen.
“A vrai dire, c’est la Banque centrale libyenne qui détient le véritable pouvoir en Libye car elle détient l’argent. Celui qui veut régner sur la Libye doit mettre la main sur le pétrole, Tripoli et la Banque centrale”, a-t-il assuré.
Tant que le gouvernement de Dbaiba a mis la main sur Tripoli, le Parlement et Haftar ont mis la main sur le pétrole, la Banque centrale sera dans la ligne de mire de celui qui veut règner sur la Libye. Il est à remarquer que la guerre civile libyenne est financée par l’argent des libyens. Ce qui est assez surprenant, car d’habitude, ces guerres sont financées par des pays étrangers ou des gangs.
D’après ses dires, l’Institut pétrolier libyen supervise et domine toute la production du pétrole en Libye, et que les revenus des contrats avec les compagnies étrangères espagnole, britannique et surtout italienne sont versés à la Banque centrale.
Et d’ajouter : “Il ne convient pas de parler de la faillite de la Libye. Déjà, plus de 67 milliards de dollars sont déposés dans la Banque centrale libyenne, sachant que l’excédent atteint parfois plus de 20 milliards de dollars chaque année”.
L’analyste politique, Ghazi Moalla, a fait savoir que 70% des besoins de la Libye en pétrole sont importés vu l’inexistance de station de raffinage de pétrole en libye, sachant que le tiers des importations du pétrole raffiné passent en Tunisie, au Tchad et à l’Egypte par les réseaux de contrebande.
L’invité du programme Hdith Esse3a a ajouté que le plus bas prix de vente des carburants dans le monde est en Libye, bien que l’importation du pétrole coûte cher à l’Etat libyen qui injecte 10 milliard de dinar chaque année pour maîtriser le prix du pétrole vendu aux libyens.
Moalla a noté que l’installation d’une station de raffinage du pétrole libyen en Tunisie exige une décision politique, regrettant que les responsables tunisiens ne soient parvenus à bâtir des ponts avec leurs homologues libyens.
Il s’est exprimé dans ce sens sur la balance commerciale, précisant qu’elle est déficitaire et que le déficit énergétique a atteint 6 milliards de dinars. Moalla a appelé à trouver des solutions pour consolider les échanges entre les deux pays pour amortir le déficit énergétique de la Tunisie. Les deux pays s’en sortiront ainsi gagnants. Toutefois, l’Etat tunisien est resté sur ses gardes vu les problèmes de légitimité caractérisant les gouvernements libyens.
Et de poursuivre que les responsables tunisiens sont un peu orgueilleux alors que les relations diplomatiques se tissent à travers les visites car les intérêts sont partagés et réciproques, ajoutant que l’ancien chef du gouvernement Ilyes Fakhfekh n’a pas réagi aux appels lancés pour réactiver la diplomatie économique avec la Libye.
Written by: Islam Sassi