Zakraoui : La question économique est aujourd’hui la priorité des priorités et Saied doit s’ouvrir aux partis politiques et à la société civile

Invité de l’émission Expresso, le professeur de droit public, Sghaier Zakraoui, a affirmé que le scrutin s’est déroulé dans des conditions paisibles et normales sans l’enregistrement de grands dépassements, notant que le taux de participation est assez faible.
Selon ses dires, le projet de la nouvelle Constitution est plébiscité après avoir obtenu plus de 94% des suffrages, ce qui accorde une certaine légitimité et légalité au processus mené par Saied, malgré le faible taux de participation, soit le tiers des électeurs.
Zakraoui a indiqué que la popularité de Saied est en baisse, un constat réel que le président doit en être conscient en s’ouvrant à la société civile, aux partis politiques, et en suivant un processus participatif.
“Nous vivons encore sous l’égide de l’état d’exception et le président peut encore légiférer via les décrets lois jusqu’à la mise en place d’un Parlement après les élections législatives du 17 décembre. Le président Saied jouit encore des prérogatives excessivement étendues”, souligne Zakraoui.
L’invité de l’émission Expresso a ajouté qu’il aurait bien aimé que le président Saied fait part de sa préoccupation de la question économique après l’annonce des résultats au lieu d’annoncer qu’il se penchera sur la révision de la loi électorale, comme si ces questions ne lui sont pas prioritaires en dépit de leur caractère crucial et vital.
Le professeur de droit a déclaré que la loi électorale est le texte juridique le plus important qui doit être élaboré et publié dans les prochaines semaines pour que les partis politiques se préparent aux prochaines élections législatives, appelant le président Saied à amorcer un dialogue sur cette loi et à revoir son traitement des élites et des organisations nationales.
D’ailleurs, la démarche individualiste et autoritaire de Saied décourage les investisseurs et remet en doute le soutien affiché par la communauté internationale à la Tunisie.
“J’ai attentivement écouté le discours effrayant de Saied sur le tyran juste, et je n’accepte pas que le président nous guide comme un troupeau”, déplore-t-il.
Normalement, 60% des électeurs auraient dû participer au référendum constitutionnel pour que ses résultats soient retenus et reconnus. Or, le référendum n’a pas résolu tous les problèmes, selon Zakraoui.
Il est important, d’après lui, de dialoguer avec les partis sur le mode de scrutin d’autant plus que le président semble s’orienter vers un mode de scrutin uninominal.
Evoquant le penchant du président pour un régime de construction démocratique par la base, Zakraoui a considéré qu’il s’agit d’une approche terrifiante et laisse penser que le président Saied mettra en pratique son projet personnel.
Et d’ajouter que le président Saied doit s’ouvrir aux partis politiques et à la société civile, particulièrement lors de l’élaboration de la loi électorale et les lois qui seront publiées pour l’application de la Constitution.
“Le dossier économique est la priorité des priorités aujourd’hui arrêtons de parler de la Constitution”, a-t-il enfin souligné.

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