Express Radio Le programme encours
Le président élu américain Joe Biden a battu le rappel des cadres de l’administration Obama, gage d’un retour aux affaires des fonctionnaires de carrière, et tenu sa promesse d’un gouvernement ouvert aux femmes et aux minorités, même si le bilan de certains candidats fait grincer des dents chez les démocrates progressistes.
Un 2e gouvernement Obama
Plusieurs membres du cabinet Biden sont des proches de l’ex-vice-président et des anciens cadres de l’administration de Barack Obama.
Jake Sullivan, nommé conseiller à la sécurité nationale, est également un proche de M. Biden et a travaillé au département d’Etat sous Hillary Clinton. Il a aussi participé aux campagnes de Barack Obama et de Mme Clinton.
Enfin John Kerry, ancien secrétaire d’Etat de Barack Obama (2013-2017), est un poids lourd démocrate. A 76 ans, ce vétéran décoré de la guerre du Vietnam, sénateur pendant près de 30 ans, a mené certaines des plus importantes missions diplomatiques américaines. Il revient comme envoyé spécial sur le climat, un sujet qu’il connaît bien pour avoir négocié l’Accord de Paris en 2015.
Alejandro Mayorkas (à la Sécurité intérieure), Linda Thomas-Greenfield (ambassadrice à l’ONU), Avril Haines (à la tête des services de renseignement) ont également travaillé sous l’administration Obama.
Le « marécage » de Washington
Ils sont partisans du multilatéralisme, connaissent les arcanes du pouvoir, de la Maison Blanche au Congrès et représentent le « marécage » honni par Donald Trump, ces fonctionnaires ayant fait leur carrière à Washington.
Antony Blinken a été membre du conseil de la sécurité nationale sous Bill Clinton et Barack Obama, il a travaillé pour la commission des Affaires étrangères au Sénat en même temps que Joe Biden, et il collabore au centre de réflexion Center for Strategic and International Studies (CSIS), basé à Washington.
Jake Sullivan est passé à la Maison Blanche et au département d’Etat, a été membre de l’équipe de la sénatrice démocrate du Minnesota Amy Klobuchar, a collaboré au prestigieux cabinet d’avocats Faegre&Benson, et travaillé pour la Fondation Carnegie pour la paix internationale à Washington.
Femmes et minorités
L’élue démocrate progressiste Ayanna Pressley a salué « un gouvernement aussi diversifié que la nation », qui intègre à des postes prestigieux des femmes et des membres des minorités.
Janet Yellen, première femme à avoir présidé la Banque centrale américaine, devrait devenir à 74 ans la première femme secrétaire au Trésor des Etats-Unis.
Nomination historique également pour Avril Haines, nommée à 51 ans directrice du Renseignement national. Ce poste, créé en 2002 pour coordonner les différentes agences fédérales actives dans ce domaine, était uniquement occupé par des hommes jusqu’ici.
Michèle Flournoy est aussi pressentie pour devenir la première femme ministre de la Défense des Etats-Unis. Cette experte des affaires de défense est très respectée au Pentagone où elle était numéro trois sous Barack Obama.
L’Afro-Américaine Linda Thomas-Greenfield, une diplomate chevronnée de 68 ans, qui fut secrétaire d’Etat adjointe pour l’Afrique, deviendra ambassadrice à l’ONU.
Alejandro Mayorkas, né il y a 61 ans à la Havane, sera le premier Hispanique à diriger le ministère de la Sécurité intérieure, qui supervise notamment les questions d’immigration.
Pas assez progressistes ?
Le président élu a largement puisé dans le contingent des démocrates centristes, dont certains ont été critiqués par l’aile gauche du parti.
Des progressistes s’en sont notamment pris à Antony Blinken, qui avait plaidé pour une intervention militaire américaine en Syrie et défendu l’Arabie saoudite au début de son intervention militaire contre les rebelles Houthis au Yémen. Ils désapprouvent aussi Michèle Flournoy, suspectée de liens avec des entreprises travaillant dans le secteur de la défense à travers une société de conseil co-fondée avec… Antony Blinken.
Enfin, l’organisation pacifiste Codepink a dans son viseur Avril Haines, ancienne de la CIA surnommée la « reine des drones » pour avoir « aidé à forger la politique de drones d’Obama qui a tué des civils autour du monde ».
En choisissant des modérés, Joe Biden pourrait surtout tenter d’éviter l’obstacle des confirmations au Sénat, où les républicains devraient conserver la majorité sauf si les démocrates emportent les deux sièges en jeu début janvier. Il pourrait également nommer un membre du parti républicain dans un souci d’unité de la nation.
Written by: Manel gharbi