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Le professeur d’économie et analyste financier Bassam Naifer a déclaré, mardi 29 août 2023, que l’économie tunisienne a, globalement, fait preuve de résilience, mais ceci ne reflète pas une croissance supplémentaire de l’économie qui est encore lente.
Lors de son passage à l’émission Expresso, Naifer a affirmé que le récent rapport de la Banque centrale a dévoilé des problèmes au niveau de la liquidité, à cause de l’Etat qui en a pris une grande part.
Il a, en effet, expliqué que la Banque centrale est intervenue pour répondre à ces besoins à travers des refinancements, pour atteindre environ 15,8 milliards de dinars, en fin juin 2023.
D’après Naifer, les prêts bancaires destinés aux institutions ont augmenté en six mois de 320,4 millions de dinars, estimant que ce chiffre n’est pas important. De plus, il a souligné l’augmentation du volume des financements à court terme en échange de la diminution des financements à long terme ce qui indique que les entreprises financent les besoins d’exploitation par l’emprunt et ne s’orientent pas vers l’investissement.
Selon lui, ces indicateurs ont un impact négatif sur le taux de croissance qui est lent, et sur la création de nouveaux emplois, sachant que le taux de chômage continue à augmenter.
Balance des paiements
Bassam Naifer a, par ailleurs, indiqué que le stock de devises en Tunisie a atteint les 26,4 milliards de dinars, soit une augmentation de 3,4 milliards de dinars depuis le début de l’année, grâce au secteur touristique et des envois de fonds des Tunisiens à l’étranger.
Il a ajouté que la balance des paiements a presque atteint son équilibre, avec une amélioration des investissements étrangers malgré la situation économique difficile en Tunisie et dans le monde.
Il a, également, appelé à se concentrer maintenant sur le budget de l’État pour l’année 2024, en indiquant qu’il était nécessaire d’orienter une partie des dépenses de l’État vers l’investissement pour encourager et stimuler l’investissement privé.
Il a, en effet, déclaré que les difficultés de financement extérieur et les pressions qui poussent la banque centrale à agir avec prudence se poursuivront au cours de l’année 2024, d’autant plus que les besoins de financement extérieur seront plus importants au cours de l’année prochaine. « …Mais le danger consiste à produire un choc économique dans le monde», a-t-il ajouté.
Il a, aussi, souligné que le financement des achats de céréales, qui couvriront la quasi-totalité des besoins des Tunisiens pour la prochaine saison, va créer une pression supplémentaire, notamment avec le financement des achats de carburant et le service de la dette programmé en 2024.
Bassam Naifer a, également, évoqué la nécessité de trouver des solutions appropriées au problème de la pénurie d’eau et de la sécheresse, afin d’éviter des problèmes dans le secteur agricole au cours des saisons à venir.
L’invité a indiqué que le niveau de l’investissement public s’est amélioré au cours de l’année 2023 par rapport à 2022, mais il n’a pas encore atteint le niveau requis qui lui permet de pousser les investissements dans le secteur privé.
S’agissant du symposium sur l’investissement prévu cette année, Naifer a appelé à donner la priorité à l’investissement dans les infrastructures, car elles sont capables de tirer la croissance dans les années à venir, soulignant la nécessité de rechercher des solutions pour mobiliser les financements extérieurs et renforcer la confiance en l’économie tunisienne.
Written by: Yosra Gaaloul