Express Radio Le programme encours
Le professeur en économie et analyste financier, Bassem Ennaifer est revenu sur les prévisions du Budget de l’Etat pour la période 2024 / 2026.
Invité d’Ecomag, ce lundi 22 janvier 2024, il a expliqué qu’il ne s’agit pas d’une première puisqu’il y a eu la même chose l’année dernière, sauf que pour cette année, le rapport « est plus détaillé et comprend un programme chiffré ».
Il a précisé que les lois de Finances des trois années traitées par ces prévisions doivent respecter ce que contient le document et aller dans le même sens. Le document étant « un cadre général des LF des trois années à venir ».
Bassem Ennaifer a qualifié le programme inclus dans le document de « clair, qui tient la route et qui fixe les grandes lignes, les objectifs, les politiques publiques et les grandes réformes qui seront engagées », faisant savoir que le document comprend les dépenses et les ressources budgétaires, mais pas l’endettement.
Il a expliqué que le document insiste sur le principe de « compter sur soi » et donc sur les ressources propres de l’Etat, et par conséquence : la fiscalité : « l’Etat prévoit que la fiscalité rapporterait 68% de ses ressources propres (63,7% en 2023).
D’où ? de la TVA, en premier lieu, selon Bassem Ennaifer. En effet, il explique que dans le rapport, on ne parle pas du taux, mais de la base des concernés. Mais également de l’optimisation des exonérations fiscales et de la transformation digitale, qui permettra un meilleur contrôle fiscal.
Il a indiqué que l’Etat comptera beaucoup sur la fiscalité dans la mobilisation de ses ressources propres. L’objectif étant de garder un taux de pression de 25%.
Dans ce cadre, il est à noter que la ministre des Finances, Sihem Nemsia avait appelé, le 10 janvier courant, le personnel de son département à placer le secteur parallèle dans le collimateur de la fiscalité.
La ministre avait affirmé qu’il n’est plus tolérable de voir des personnes qui exercent sans patente, indiquant que l’application rigoureuse de cette politique permettra de récolter d’importantes recettes fiscales.
Bassem Ennaifer a expliqué que la Tunisie « ne compte pas changer sa politique fiscale dans les prochaines trois années ». L’Etat aura recours au même pratiques fiscales.
Et d’ajouter : « il s’agit certes d’une forme de stabilité fiscale, mais également une stabilité de la pression fiscale, avec ces taux (25%) qui sont plutôt élevés, notamment pour les entreprises ».
Il a précisé que la Tunisie a dépassé la limite de l’endettement et qu’elle doit désormais le rationnaliser, d’où la nécessité de se concentrer sur la fiscalité, dont le taux reste « acceptable ».
Pour ce qui est de l’investissement dans le document relatif aux prévisions du Budget de l’Etat pour la période 2024 / 2026, Bassem Ennaifer a indiqué qu’il s’agit de projections « réalistes », précisant que la valeur de l’investissement direct de l’Etat ne dépassera pas les 6 milliards de dinars.
Cependant, il a expliqué que l’Etat est orienté vers le principe des « dépenses liées au développement ». Dans ce cadre, il a précisé que chaque ministère dispose de fonds alloués au développement.
L’objectif étant que les dépenses liées au développement atteignent 17,6% des dépenses de l’Etat. Un taux qui reste « faible, mais réaliste dans la situation actuelle », selon Ennaifer, qui a précisé que l’Etat continuera à jouer son rôle social qu’elle considère comme « une priorité ».
Sur un autre plan, Bassem Ennaifer a indiqué que le déficit budgétaire est causé principalement par l’endettement, qui diminuera à partir de 2025, la compensation, qui restera stable) et la masse salariale, qui devrait représenter 12,6% du PIB, selon les projections.
Il a expliqué que le gouffre entre les ressources et les dépenses est en train de rétrécir. L’Etat prévoit un déficit budgétaire de 3,9% en 2025. Un chiffre « extraordinaire » si on arrive à l’atteindre, sachant qu’il est actuellement de 6,6%.
Ennaifer a, également, fait savoir que le Covid et la guerre russo-ukrainienne ont eu un impact négatif sur les budgets de tous les Etats et ont contribué à gonfler les déficits budgétaires.
Il a aussi précisé que le calcul du déficit budgétaire se fait par rapport au PIB, qui « devrait progresser » et dépend également des dépenses de l’Etat qui « devraient régresser » grâce à la régression des dépenses salariales (aucune augmentation sectorielle n’est prévue jusqu’en 2025. « En revanche, l’Etat procédera à une révision du barème de taxation ».
Sur un autre plan, Bassem Ennaifer a affirmé que la suppression de la compensation est « certes la meilleure décision sur un plan purement économique, mais l’Etat ne doit pas penser uniquement au volet économique. Le volet social est également important ».
Il a fait savoir que réellement, il est impossible de la supprimer.
Il existe deux écoles de compensation, à savoir une compensation des familles (aux alentours de 700 MD), mais le reste est consommé par d’autres franges de la société.
La deuxième école est celle de la compensation des produits, qui reste « la meilleure stratégie pour la Tunisie », selon Ennaifer, qui a expliqué que l’Etat en train de récupérer la compensation avec l’instauration des redevances des touristes aux hôtels et de l’équilibrer, avec la taxe de 5% sur le chiffre d’affaires des cafés et des discothèques.
« La compensation sert dans la consommation journalière et pas uniquement pour la consommation familiale », a-t-il dit.
Written by: Meher Kacem