Chkoundali: « La Tunisie est dépendante commercialement sur tous les plans »

En commentant la révision de l’accord de libre échange entre la Tunisie et la Turquie, l’économiste Ridha Chkoundali a déclaré, jeudi 07 décembre 2023, que les causes qui sont derrière le déficit commerciale de la Tunisie avec la Turquie sont purement politiques et non pas économiques.

Lors de son intervention à l’émission Expresso, Chkoundali a affirmé que ce déficit ne concerne pas uniquement les relations avec la Turquie qui arrive en quatrième position après la Chine, la Russie et l’Algérie, avec des taux de 7, 6, 3.5 et 2.8 milliards de dinars respectivement.
Mais, ce déficit s’est élargi pour atteindre les relations économiques de la Tunisie avec d’autres pays tels que l’Egypte, le Brésil, l’Arabie Saoudite, le Japon et la Corée de Sud.
En revanche, ce déficit commercial avec la Turquie a une tendance baissière puisqu’il était de l’ordre de 3.4 milliards de dinars en 2021 et est devenu aux alentours de 2.8 milliards de dinars actuellement.

Cause du déficit commercial

Chkoundali a expliqué que ce déficit économique avec la Turquie et les autres pays est dû aux politiques économiques de la période post-révolution. En effet, l’augmentation des impôts et du taux d’intérêt directeur ainsi que la dépréciation du dinar, ont rendu les sociétés tunisiennes non-compétitives sur le marché en vendant leurs produits à des prix très élevés.

Chkounadali a fait savoir que les importations de la Turquie concernent surtout les matières premières et produits semi-finis ( cotonnades et des matériaux de construction…), car la Tunisie ne souffre pas de déficit en ce qui concerne les produits de consommation non alimentaires, bien au contraire, elle exporte.

Par ailleurs, Chkoundali a affirmé que le vrai problème c’est que la Tunisie est dépendante commercialement sur tous les plans. « Nos industries ne peuvent produire sans importer de l’énergie de l’Algérie et les équipements des autres pays… » a-t-il expliqué.
« La Tunisie est dépendante au niveau de la production », a-t-il poursuivi.

D’autre part, Chkoundali a indiqué que la balance commerciale alimentaire tunisienne est déficitaire où le déficit commercial céréalier est de l’ordre de 3.6 milliards de dinars, en plus d’un déficit au niveau des médicaments atteignant 1.2 milliards de dinars.

Conséquences

Selon lui, la solution ne réside pas dans l’augmentation des droits de douanes appliqués sur les importations turques car ceci va impacter négativement l’industrie tunisienne si l’augmentation touche les matières premières et les produits semi-finis. En effet, le coût de production va augmenter ce qui va se répercuter sur les prix qui vont, à leur tour, augmenter.
Dans ce cas, le pouvoir d’achat du tunisien va être détériorer et la compétitivité des produits tunisiens.
Par conséquent, il va y avoir une régression de l’exportation diminuant ainsi le devise en plus d’une dégradation de la qualité des produits tunisiens.

Il est à noter qu’un accord commercial a été signé avec la Turquie portant sur la révision des droits de douane sur une liste de produits turcs, dans une démarche visant à réduire le déficit commercial de la Tunisie avec ce pays.

La signature du nouvel accord a eu lieu dimanche 3 décembre 2023 à Istanbul, au terme d’une réunion présidée par le ministre turc du Commerce, Omer Bolat et son homologue tunisienne Kalthoum Ben Rejeb Guezzah « dans le cadre de la révision et du développement des accords commerciaux qui rapprochent la Tunisie des pays frères et amis »,selon le communiqué du ministère tunisien du Commerce et du Développement des exportations.

Le nouvel accord, qui fait l’objet de négociations depuis octobre 2022, est basé sur l’amendement de l’accord de libre-échange signé entre les deux pays en 2004 et entré en vigueur en 2005.