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Le président américain rejette en bloc le plan de relance voté par les démocrates et les républicains. Il refuse de le signer et plonge le pays dans l’incertitude.
C’est un nouveau bras de fer qui s’engage aux États-Unis. Depuis juillet, élus républicains et démocrates négocient pied à pied un plan de relance pour faire face aux dégâts économiques causés par l’épidémie de Covid, qui a fait plus de 300 000 morts dans le pays. Après des mois de discussion, ledit plan est voté à une large majorité par les deux chambres du Congrès : le Sénat tenu par les républicains et la Chambre des représentants à majorité démocrate. 359 votes pour et 53 contre à la Chambre basse ; 92 votes pour et 6 contre au Sénat. Un bel exemple d’union nationale dans cette Amérique en proie aux divisions.
Mais patatras, c’est le président en personne qui vient briser cette belle unité. Comme à son habitude, c’est via Twitter que Donald Trump est intervenu. Et son message a plongé tout Washington dans l’incertitude.
D’entrée, il qualifie le plan de relance de « honte ». « Je demande au Congrès d’amender ce projet de loi et d’augmenter les ridiculement faibles 600 dollars à 2 000 dollars ou 4 000 dollars pour un couple. Je demande également au Congrès de se débarrasser des éléments inutiles et coûteux de cette loi », exige-t-il.
Jugé essentiel pour remettre sur les rails la première économie mondiale, le plan ne peut entrer en vigueur sans la signature du président. Or ce dernier laisse entendre dans la vidéo qu’il n’est pas prêt à le parapher sans les changements demandés. Le milliardaire républicain demande en effet que lui soit envoyée une proposition de loi amendée « convenable », sans quoi il pourrait revenir à « la prochaine administration » d’adopter un plan de relance. « Et cette administration, ce sera peut-être moi », a glissé le président, qui ne reconnaît toujours pas sa défaite face à Joe Biden le 3 novembre.
Pêle-mêle
« Elle s’appelle loi d’aide au Covid mais elle n’a presque rien à voir avec le Covid », a ajouté le président, citant pêle-mêle les aides contenues dans le texte pour le Cambodge ou la Birmanie et les financements destinés à l’armée égyptienne alors que cette dernière, dit-il, « va aller acheter de l’équipement militaire quasi exclusivement russe ». Il déplore aussi que le texte prévoit des millions de dollars pour promouvoir « la démocratie et des programmes sur le genre » au Pakistan, ou pour des institutions culturelles aux États-Unis.
La présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a semblé mettre le président républicain et son camp au défi de concrétiser l’appel lancé par vidéo. « Les républicains ont de manière répétée refusé de dire quel montant le président voulait pour les chèques directs. Enfin, le président est d’accord pour 2 000 dollars – les démocrates sont prêts à amener cela dans l’hémicycle cette semaine à l’unanimité. Faisons-le ! », a-t-elle réagi dans un tweet. Le sénateur républicain Lindsey Graham a de son côté jugé nécessaire que le plan d’aide, même s’il est « imparfait », entre en vigueur. « Le plus tôt sera le mieux », a-t-il écrit sur Twitter.
Le président élu des États-Unis, Joe Biden, a quant à lui estimé mardi que le plan d’aide de 900 milliards était « un premier pas » mais qu’il ne serait pas suffisant, et a annoncé qu’il demanderait l’an prochain au Congrès de voter un nouveau plan de soutien à l’économie américaine. « Nous devons travailler en impliquant les deux partis (républicain et démocrate). C’est seulement ainsi que nous nous en sortirons », a ajouté celui qui est un habitué des allées du pouvoir à Washington après plus de 35 ans passés sur les bancs du Sénat et huit ans comme vice-président.
EFM/AFP
Written by: Manel gharbi