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La Chambre Tuniso-Française de Commerce et d’Industrie (CTFCI) a recueilli au courant de la période allant du 14 d’octobre au 5 novembre 2019 l’avis de la communauté de ses adhérents sur l’environnement des affaires en Tunisie et sur leurs performances pour les années 2019/2020.
Le baromètre de la conjoncture économique a pour ambition de mieux cerner les sources de compétitivité et de faiblesse de l’écosystème tunisien des affaires, telles que perçues par les adhérents de la CTFCI, d’avoir une appréciation sur les préalables qui concourent à l’impulsion de l’investissement et qui concourent le plus à l’amélioration de la compétitivité des entreprises. Outre l’évaluation des performances des entreprises, ce travail a permis de mesurer l’impact des récentes évolutions politiques intervenues dans le pays, l’apport de la loi transversale sur l’investissement, les dispositions du projet de loi de finances 2020.
L’enquête présentée aujourd’hui mercredi 07 Janvier 2019 à Tunis lors d’une conférence de presse a révélée que les procédures administratives, l’absence de visibilité politique et la détérioration du climat des affaires sont les trois contraintes majeures à la relance de l’investissement et au renforcement de la compétitivité des entreprises en Tunisie.
Les chefs d’entreprise soutiennent que tant les mentalités ultra procédurières ne changeront pas, les affaires ne pourront pas s’améliorer, ils ont par ailleurs soulignés la nécessité de clarifier le rôle et les missions dévolus à l’administration, qui devrait être réellement au service des investisseurs en ôtant à l’administration tout pouvoir discrétionnaire en matière d’interprétation des lois et règlements. La solution à ce problème épineux réside pour eux dans la digitalisation de certains services administratifs afin de conférer plus de transparence aux procédures, d’éliminer les sources de blocage et de corruption et d’accélérer la réalisation des projets.
Cette enquête a révélé également le souci qu’accorde les chefs d’entreprise à des facteurs objectifs à l’instar de la nécessité de veiller à assurer les conditions d’une stabilité politique pérenne dans le pays, de former un gouvernement de compétences, lequel est appelé à définir les contours d’une stratégie économique claire qui libère l’initiative, impulse l’investissement et crée les conditions d’un développement inclusif et soutenu. Cela requiert également le déploiement d’une action ciblée et réfléchie en matière de communication à l’effet d’améliorer la perception de la Tunisie et de son image, actuellement fortement altérée.
Pour les dirigeants d’entreprise, les services assurés par la douane, l’administration fiscale et la Banque centrale de Tunisie sont de l’ordre de taux d’insatisfaction respectivement de 35,3%, de 41,7% et 24,4% et se transformant souvent en freins insurmontables, d’où la nécessité d’opter pour la dématérialisation des procédures douanières. Cette condition est considérée essentielle pour renforcer la relance de l’économie et la confiance des opérateurs.
Coté infrastructure 91,6 % des dirigeants ont exprimés leurs satisfaction quant au réseau téléphonique et une proportion presque analogue, soit 85%, le sont même pour la distribution électrique, l’eau et l’assainissement sont crédités d’un bon score avec un taux de satisfaction de 69%.
En revanche, les réseaux aérien, portuaire et routier représentent les infrastructures les moins performantes. A peine trois personnes seulement sur 10 en sont satisfaites. Plus concrètement, 82,5% des dirigeants considèrent le réseau aérien moyen ou mauvais, 85% sont peu on non satisfaits du réseau routier et 66,4% sont insatisfaits du réseau portuaire.
Les facteurs qui sont à l’origine de l’érosion de la compétitivité toujours selon l’enquête sont l’énergie, le transport maritime et le transport aérien. En effet, 51%, 57% et 60% des répondants perçoivent respectivement l’énergie, le transport aérien et maritime comme source de perte de compétitivité.
En revanche, la main d’œuvre et les télécommunications sont perçues comme des facteurs compétitifs. En effet seuls 21,0% et 15% des dirigeants perçoivent respectivement la main d’œuvre et les télécommunications comme un facteur coûteux.
Sur un autre plan, la majorité des chefs d’entreprise plaide pour la libéralisation du Dinar et réclame la concrétisation d’une amnistie de change, 73,1% pensent que ces deux conditions sont soit un facteur compétitif non négligeable, soit une exigence pour stimuler l’activité économique dans le pays
Au sujet des négociations entre la Tunisie et l’Union Européenne, actuellement bloquées, sur l’ALECA (Accord de Libre Échange Complet et Approfondi), les chefs d’entreprise semblent donner une préférence à une révision des termes de cet accord. Si dans le précédent baromètre de la CTFCI de 2018, on a recensé que 71,1% des chefs d’entreprise ne craignaient pas d’éventuels effets négatifs sur leur activité, la nouvelle enquête a révélé un changement presque radical au sujet de leur appréciation sur ce dossier délicat.
Sur le plan sécuritaire, plus de deux tiers, soit 73,7%, des entreprises sondées sont satisfaites de l’amélioration de la situation sécuritaire dans le pays et 22,3% expriment encore certaines réserves ou des sources d’insatisfaction d’autres part sur la question du climat social dans les entreprises, les réponses des chefs d’entreprise étaient ambiguës d’ou 42,3% se félicitent d’une certaine amélioration des relations sociales, une importante proportion, soit 36,5% parlent de dégradation de la situation sociale et presque 21,2% ont préféré ne pas répondre à cette question.
Written by: Manel gharbi