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En matière de remboursement des dettes internes et extérieures, l’année 2024 s’avèrera difficile

today03/01/2024 12

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En matière de remboursement des dettes internes et extérieures, l’année 2024 s’avèrera difficile, prévoit l’universitaire et expert en économie, Ridha Chkondali, estimant que le volume de la dette qui doit etre remboursé est « énorme »

( 24,7 milliards de dinars, dont 12,3 milliards de dettes extérieures).

Pour l’expert, la vision est encore floue s’agissant de la mobilisation d’une enveloppe de 16,4 milliards de dinars sous forme de crédits extérieurs inscrits dans le cadre du budget de l’Etat, dont 14,5 milliards de dinars seront destinés à consolider le budget, mais leur source de mobilisation reste encore inconnue. Pour Chkondali, cette situation est « très dangereuse et entrainera le pays vers l’inconnu ».

L’expert s’interroge également sur les sources de financement sachant que rient n’a été mentionné dans la loi de finances pour l’exercice 2024 concernant un éventuel crédit du Fonds Monétaire International (FMI), de l’Union européenne. Idem avec la France, l’Allemagne et l’Italie.

Dans ce même ordre d’idées, l’expert exclu l’idée de l’obtention de ces financements par le groupe des Brics, puisqu’il n’accorde pas de crédits en dollars ou en euro pour éviter l’échec de sa mission qui cible l’affaiblissement du dollar.

Il a, aussi, rappelé que l’endettement extérieur de la Tunisie a augmenté de 9,3 milliards de dinars, passant de 7,6 milliards de dinars en 2022 à 10,6 milliards de dinars en 2023.

Il s’agit, également, d’un accroissement des dons extérieurs qui ont quadruplé, passant de 354 millions de dinars en 2023 (loi de finances) à 1537 millions de dinars durant toute l’année 2023.

Ainsi, le gouvernement tunisien s’est appuyé en 2023 essentiellement sur l’endettement extérieur contrairement à la volonté politique du président de la République optant pour des ressources internes. L’approche de compter sur soi nécessite un programme de sauvetage financier rapide à court terme, a-t-il noté.

Il a aussi qualifié cette approche de « contradictoire » avec l’orientation stipulant l’augmentation de l’endettement extérieur de 6 milliards de dinars pour passer de 6,10 milliards de dinars en 2023 à 16,4 milliards de dinars en 2024.

Compter sur soi, souligne encore l’expert, nécessite un programme qui s’appuie sur 4 axes relatifs au phosphate, les sociétés totalement exportatrices ainsi que les transferts des tunisiens à l’étranger et l’argent qui circule sur le marché parallèle.

Il a expliqué que les grandes lignes de ce programme n’étaient pas évoquées dans la loi de finances 2024 puisque le gouvernement a poursuivi l’approche de reddition des comptes adoptée par les autres gouvernements après la Révolution faisant perdre à l’Etat tunisien plus de mille milliards de dinars en 2023 au lieu de migrer vers une approche économique prenant en compte les répercussions économiques sur le développement, le chômage et le pouvoir d’achat du citoyen tunisien.

Chkoundali a souligné l’impératif de réviser les politiques économiques adoptées par les gouvernements qui ont succédé après la Révolution, y compris l’actuel gouvernement d’Ahmed Hachani.

 

Une politique budgétaire expansionniste et d’austérité au niveau de l’approvisionnement en matières premières et de base

 

Il a rappelé que l’Etat a adopté, en 2023, au niveau du budget une politique expansionniste avec une augmentation significative du budget de l’Etat (10,7 milliards de dinars), mais d’austérité (-7,1%) au niveau de l’approvisionnement en produits de base, matières premières et semi-industrialisées manufacturés, d’où l’amélioration des équilibres financiers extérieurs et certains indicateurs financiers.

L’amélioration des indicateurs financiers concerne notamment la baisse significative du déficit commercial de 6,8 milliards de dinars à fin novembre 2023, par rapport au 11 mois de 2022, soit 16,5 milliards de dinars en 2023, contre 23,3 milliards de dinars au cours de la même période de l’année précédente.

Chkondali a ajouté que « le discours économique du gouvernement dans la loi de finances 2024 vient en harmonie cette fois avec le discours politique du chef de l’État, notamment concernant les relations avec le FMI, en dépit du gap financier (10,3 milliards de dinars)».

Et d’ajouter que « la politique budgétaire expansionniste, qui repose sur l’augmentation du taux de pression budgétaire de 20% en 2011 à 25,1%, en 2024 et la politique monétaire prudente représentée par une augmentation successive du taux directeur pour atteindre 8%, contre 3,5% en 2011, le recours de l’Etat à plusieurs reprises à l’endettement auprès des banques tunisiennes, a causé une pression sur les entreprises et les a privé des liquidités nécessaires, d’où un affaiblissement de l’investissement privé et une contraction de la croissance économique ».

L’économiste a ajouté que la baisse de la part de l’investissement public dans le budget de l’État est passé de 13,8% en 2011 à moins de 4% en 2024, reflète le manque d’intérêt de l’État pour le développement de l’investissement privé, comme principal facteur pour la création de la richesse productive.

 

Les perspectives de la croissance économique de la Tunisie en 2024 restes tributaires de la vision économique du gouvernement

 

L’expert a affirmé que les perspectives de la croissance économique en Tunisie en 2024 sont étroitement liées à la clarté de la vision économique du gouvernement.

Il a, à cette occasion, rappelé que le taux de croissance économique a enregistré une baisse passant de 3,4% en 2021 à 2,2 % en 2022, faisant savoir que ce taux devrait régresser en dessous des prévisions du Budget économique (0,9%).

A cet égard, Chkondali a proposé trois scénarios, dont le premier consiste à concrétiser le contenu de la loi de finances de 2024, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de compromis avec le FMI, mais ceci nécessite une capacité énorme pour convaincre les pays frères et amis de prêter la Tunisie un montant de 10,3 milliards de dinars.

L’expert économique a estimé que ce scénario est « très dangereux », car il est difficile de convaincre les pays arabes et européens de prêter à la Tunisie sans s’engager dans un programme de réformes garanti par le FMI ».

Il a évoqué, dans ce contexte, que « la réussite de ce scénario pour que le pays soit en sécurité nécessite une totale autonomie à travers un programme de sauvetage rapide reposant, principalement, sur la mobilisation de ressources extérieures en devises pour pouvoir rembourser 12,4 milliards de dinars de dette extérieure.

Pour ce faire, il est nécessaire d’élaborer un programme de sauvetage financier au début de l’année prochaine ou une loi de finances complémentaire au début de mois de mars « .

Le deuxième scénario proposé par l’expert économique se réfère au discours prononcé par le Président de la République, Kais Saied. Il s’agit d’assainir l’administration et de réformer les entreprises publiques à travers la rationalisation de la gouvernance et la lutte contre le monopole et l’économie de rente.

Pour concrétiser ce scénario, le gouvernement doit avoir, selon Chkandali, un programme économique clair qui aborde trois dossiers fondamentaux avec une nouvelle approche différente de celle du FMI.

Ces dossiers concernent, essentiellement, la réforme de la fonction publique et des entreprises publiques.

Cet état de fait exige l’amélioration du climat des affaires en réduisant le nombre et la durée des procédures administratives.

Le troisième scénario, considéré comme « le moyen le plus sûr de sortir de l’impasse financière du pays », propose de combiner le premier et le deuxième scénario en appliquant la loi de finances de 2024 et en formulant un programme de sauvetage financier basé sur quatre axes visant à combler le déficit financier avec 10,3 milliards de dinars, actualisé dans la loi de finances de 2024.

Selon lui, ces quatre axes concernent notamment la promotion du secteur des Phosphates, en sécurisant sa production et son transfert vers des groupements chimiques à l’aide de l’armée tunisienne et en encourageant les Tunisiens à l’étranger à ouvrir des comptes en devises et à en profiter, en plus de réduire l’impôt sur les bénéfices des entreprises entièrement e exportatrices pour retrouver leur compétitivité et d’instituer une amnistie fiscale totale sur les fonds utilisés en devises sur des marchés parallèles.

Le troisième scénario nécessite également la mise en œuvre d’un programme de grandes réformes de la fonction publique, des établissements publics et du climat des affaires, mais d’une manière différente du contenu des réformes convenues en octobre 2022 avec le FM.

TAP

 

Written by: Sarra Ben Omrane



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