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Le professeur en économie et analyste financier, Bassem Ennaifer, a abordé, mercredi 10 janvier 2024, les modifications apportées à l’Instruction générale des opérations de change (IGOC 2024) au Maroc, qui est entrée en vigueur le 2 janvier 2024.
Lors de son intervention à l’émission Expresso, Ennaifer a fait savoir que l’office des changes affilié au ministère des Finances est désormais responsable de toutes les opérations relatives au change.
Les points essentiels de la nouvelle Instruction Générale des Opérations des Changes au Maroc
Il a effectivement précisé que cette législation englobe trois principaux axes. Le premier vise à faciliter les opérations d’importation pour les entreprises, à améliorer les relations avec les fournisseurs, et à renforcer la réputation du Maroc auprès de ces partenaires.
Concernant l’importation de biens, Ennaifer a affirmé que la nouvelle Instruction offre la possibilité de régler le dépassement lié au fret jusqu’à 20%, au lieu de la limite précédente de 10% stipulée dans le contrat commercial initial.
En ce qui concerne les transactions de commerce international, l’IGOC 2024 spécifie que les acomptes peuvent être payés jusqu’à 100 % des fonds initialement rapatriés sur le compte de négoce pour une même opération commerciale de biens.
Par rapport aux voyages d’affaires, la version actualisée de l’IGOC a augmenté le montant minimum alloué pour les voyages d’affaires à 100 000 dirhams (31 mille dinars tunisiens), par rapport à la précédente allocation de 60 000 dirhams (18 mille dinars tunisiens).
« Les sociétés catégorisées par l’Office des changes bénéficieront de mesures d’assouplissement, leur permettant de régler par anticipation jusqu’à 100 % de la valeur de leurs importations conformément à la nouvelle Instruction », a-t-il expliqué.
Pour ce qui est du commerce électronique, Ennaifer a mentionné que le plafond des opérations pourrait maintenant atteindre un million de dirhams (310 mille dinars tunisiens).
De plus, il a informé que cette nouvelle version de l’IGOC intègre des modifications en ce qui concerne les études à l’étranger.
En effet, la nouvelle IGOC simplifie le transfert des frais de séjours linguistiques, y compris les coûts de logement, exigés par les établissements d’enseignement supérieur. Elle autorise également le transfert anticipé des frais de séjour pour l’obtention du visa étudiant ou de l’inscription, sur demande de l’université ou des services consulaires. Les résidents étrangers sans revenus transférables peuvent désormais effectuer des transferts au titre de secours familiaux, et ils sont également autorisés à transférer les jetons de présence après le paiement des impôts, selon les déclarations d’Ennaifer.
« De plus, une régularisation spontanée, durant toute une année, est ouverte selon l’Office des changes. Elle concerne les résidents marocains avec des avoirs à l’étranger avant le 1er janvier 2023, en infraction à la réglementation des changes », a-t-il indiqué.
Situation économique en Tunisie
Au cours de son discours, Ennaifer a établi une comparaison entre les législations de protection de l’économie marocaine et la situation économique en Tunisie.
« En réalité, la Tunisie a un potentiel significatif pour renforcer ses exportations », a-t-il avancé
Selon lui, le défi de l’économie tunisienne ne se trouve pas principalement dans ses importations, qui sont principalement des matières premières, mais réside essentiellement dans le domaine des exportations.
D’après Ennaifer, la marge de protection de l’économie tunisienne est nettement restreinte comparée à celle d’autres pays, tels que le Maroc.
En 2010, la part du marché tunisien sur le marché européen était d’environ 1,1 %. Cependant, elle a diminué pour atteindre 0,5 % en 2022, marquant un recul de 0,6 %. Outre le Maroc, d’autres pays tels que l’Égypte et la Turquie dépassent la Tunisie, cette dernière ayant moins de 3 % du marché européen. Selon Ennaifer, il est impératif que la Tunisie maintienne ses relations actuelles tout en explorant de nouveaux partenariats avec la Chine, les États-Unis et d’autres pays africains.
« Il faut concentrer les efforts sur les marchés de volume en établissant de grandes usines avec une importante capacité d’emploi, pouvant atteindre de 6000 à 7000 employés», a-t-il ajouté.
« Le problème des 600 milles chômeurs en Tunisie ne pourrait pas être résolu par le biais des startups », a-t-il poursuivi.
Ennaifer a affirmé que l’État, à lui seul, ne peut pas résoudre divers problèmes, tels que l’infrastructure. C’est pourquoi il préconise d’ouvrir les portes aux investisseurs et de mettre en avant le secteur privé. Il souligne l’importance de travailler particulièrement sur le cadre législatif afin de fournir au secteur privé le cadre adéquat pour contribuer au développement du pays.
Written by: Sarra Ben Omrane