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Il défie les juges en leader de l’extrême droite italienne, mais c’est en qualité d’ancien ministre de l’intérieur qu’il comparaît : Matteo Salvini est convoqué devant un tribunal sicilien, samedi 3 octobre, pour avoir empêché le débarquement de migrants sauvés en mer.
Le chef de la Lega est poursuivi des chefs d’« abus de pouvoir et de séquestration de personnes » pour avoir bloqué pendant l’été 2019 durant plusieurs jours 116 migrants à bord d’un navire des gardes-côtes italiens, le Gregoretti.
Des migrants avaient pu être évacués pour raisons médicales mais 116 autres étaient restés sur le navire près d’une semaine, faute d’autorisation de débarquer de M. Salvini, alors ministre de l’intérieur d’un gouvernement formé par la Ligue (son parti d’extrême droite) et les « antisystème » du Mouvement 5 étoiles (M5S).
Les sénateurs italiens ont levé son immunité parlementaire et il encourt jusqu’à quinze ans de prison, mais l’audience de samedi est de pure forme et l’issue du processus judiciaire reste incertaine. Pour Matteo Salvini, la justice se substitue à la voix populaire.
Arrivé en Sicile deux jours avant les débats, il s’est déclaré jeudi « absolument serein » et dit avoir préparé « un beau costume » pour l’audience. « Je préférerais que les juges se consacrent à capturer les mafieux et les délinquants », a-t-il lancé devant ses supporteurs sur l’île qui a vu prospérer l’organisation criminelle Cosa Nostra, et où arrivent chaque année par la mer des milliers de migrants partis d’Afrique du Nord. « Ce sont les Italiens, aux prochaines élections, qui diront si Salvini a bien ou mal agi », a-t-il ajouté.
Dans le système judiciaire italien, le procès proprement dit ne commence qu’à l’issue d’une audience préliminaire devant un magistrat au cours de laquelle le parquet et la défense exposent leurs arguments devant un juge, qui décide du renvoi en justice, ou non, du mis en cause.
Le parquet peut demander de classer l’affaire sans suite mais le juge peut ne pas en tenir compte et obliger le ministère public à formuler une accusation. A l’issue de deux ou trois audiences, le juge devrait prendre sa décision, selon les médias. L’audience de samedi en Sicile sera uniquement consacrée à la constitution des parties civiles.
Matteo Salvini a convoqué ses troupes à Catane pour trois jours de rencontres et manifestations au cours desquels il veut démontrer avoir le soutien populaire. De nombreux élus nationaux et locaux de la Ligue, ainsi que des alliés d’autres partis de droite, ont annoncé leur présence.
« Pour Fratelli d’Italia [FDI, extrême droite], poursuivre en justice Matteo Salvini parce qu’il a tenté de défendre les frontières nationales et nos lois (…) est une chose erronée et honteuse », a déclaré Francesco Lollobrigida, chef des députés de FDI. Giorgia Meloni, la patronne de FDI, a annoncé sa participation samedi à Catane à une manifestation à l’issue de l’audience.
La stratégie de la défense de Matteo Salvini est d’impliquer le premier ministre, Giuseppe Conte, en assurant que le blocage du navire était une décision collective du gouvernement. M. Conte conteste cette version des faits, rappelant que Matteo Salvini avait fait approuver à l’époque un nouveau décret-loi renforçant ses compétences.
Matteo Salvini risque aussi d’affronter à court terme un procès similaire, à Palerme, ayant bloqu pendant plusieurs jours à ma mi-août 2019 le bateau humanitaire Open-Arms devant l’île de Lampedusa.
EFM/AFP
Written by: Manel gharbi