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La Tunisie, qui a connu sur la dernière décennie six années de sécheresse, est considérée comme le 5e pays au monde le plus vulnérable au risque accru de sécheresses et de déficit hydrique, selon le dernier rapport de l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ), rendu public en mars 2024.
Avec un taux élevé de prélèvement des ressources en eau douce et une faible capacité des barrages, le secteur de l’eau est le 2e le plus vulnérable après l’agriculture, avec un score de vulnérabilité élevé résultant de la faible capacité d’adaptation de ce secteur au changement climatique, indique le document intitulé « Impacts macroéconomiques et enjeux d’adaptation du secteur agricole au changement climatique ».
« Ces facteurs de vulnérabilité sectoriels pourraient entraver le développement économique et social de la Tunisie », préviennent les auteurs du rapport qui recommandent la prise en considération, lors de la planification économique à moyen et long termes, de la réalité des changements climatiques et la nécessité de renforcer les mesures d’adaptation qui demeurent urgentes et primordiales « pour une économie fortement dépendante des exportations agricoles et des importations de céréales ».
Ils préconisent la conception et la mise en place d’une stratégie d’adaptation intégrée qui permet de réduire les contraintes structurelles au développement économique en général et au développement du secteur agricole en particulier.
En Tunisie, les effets du changement climatique sont déjà perceptibles, mais seront significatifs à l’horizon 2050 et constituent, l’un des principaux défis auquel est exposé le pays en matière de développement. « La hausse de la température, la baisse des précipitations et l’intensification de la fréquence et de la durée des événements extrêmes auraient des répercussions négatives sur les rendements des cultures et les ressources en eau et en sol, et ce en quantité et en qualité ».
La Tunisie devrait mettre en place des politiques d’adaptation au changement climatique qui risque d’exacerber la situation économique. Il s’agit particulièrement, de politiques d’adaptation hydrauliques telles que la construction des stations de dessalement, la mise en place d’unités d’épuration des eaux usées, la maintenance et la construction de nouveaux barrages pour résoudre le problème de pénurie d’eau à moyen et long termes et réduire le déficit hydrique.
L’efficacité de ces politiques dépendra, toutefois, d’une meilleure gestion des ressources en eau, tout en améliorant la productivité de l’eau dans tous les secteurs économiques via une optimisation des ressources disponibles et une meilleure gestion de la consommation des ménages, tout en éliminant toutes les pertes et le gaspillage.
« Même avec les augmentations planifiées de l’approvisionnement en eau, la réalisation simultanée de la sécurité de l’eau et du développement économique exige des réductions significatives de l’élasticité de l’eau dans la production agricole, industrielle et de services grâce à l’adoption de techniques de production économes en eau ».
« Bien que les décideurs aient reconnu la gravité du problème et élaboré des stratégies d’adaptation à long terme, comprenant des investissements dans l’approvisionnement en eau, la réduction des pertes dans le processus de distribution et la réhabilitation des réservoirs existants, ces stratégies sont coûteuses et nécessitent la participation du secteur privé aux côtés du secteur public », estiment les auteurs du rapport.
En effet, l’augmentation de l’approvisionnement en eau nécessiterait la construction d’installations de dessalement et de traitement des eaux usées, ainsi que des ressources énergétiques pour alimenter ces unités, ce qui, dans la structure économique actuelle du pays, nécessite des investissements intensifs et des importations.
« Ainsi, la structure de financement et les coûts des politiques d’adaptation devraient jouer un rôle central dans la détermination de leur impact économique global et de leur efficacité pour stabiliser l’économie à long terme », constate le rapport.
Selon les normes internationales, qui fixent le seuil minimum des besoins hydriques d’un pays à 1000 m3 par habitant et par an, la Tunisie est sous le seuil de la pauvreté hydrique avec moins de 500 m3 par habitant et par an.
TAP
Written by: Meher Kacem