La Tunisie commémore le neuvième anniversaire de la bataille de Ben Guerdane

La Tunisie commémore aujourd’hui, vendredi, le neuvième anniversaire de la bataille de Ben Guerdane, dont les principaux événements remontent au 7 mars 2016, lorsque les forces de sécurité et l’armée nationale, soutenues par la population, ont repoussé un groupe terroriste qui tentait de prendre le contrôle de cette ville du sud-est du pays et d’y instaurer un « émirat affilié à Daech ».

La bataille contre le groupe terroriste avait alors coûté la vie à 18 membres des forces de sécurité et militaires ainsi qu’à sept civils, tandis que plus de cinquante terroristes avaient été éliminés et des dizaines d’autres arrêtés.

Les événements de l’opération de Ben Guerdane ont débuté le 2 mars 2016 dans la région d’Al-Ouija (Ben Guerdane), où un grand nombre d’extrémistes étaient présents. Une intervention dans la zone avait permis d’éliminer cinq terroristes.

Le 7 mars, une attaque a visé la caserne militaire de la ville, le poste de signalisation et la chambre du colonel commandant du bataillon, en plus des postes de la police et de la garde nationale ainsi que la sous-préfecture. Cependant, le groupe terroriste a subi de lourdes pertes, ce qui a poussé ses membres à fuir dans toutes les directions, selon le ministère de la Défense nationale à l’époque.

Lors des poursuites, des caches d’armes ont été découvertes autour de la ville, destinées à isoler Ben Guerdane des régions de Zarzis, Médenine et Tataouine, à couper ses approvisionnements et à y établir un « émirat » affilié à l’organisation terroriste Daech.

Les opérations de poursuite se sont poursuivies jusqu’au 20 mars de la même année, lorsque l’un des éléments terroristes les plus dangereux, Mohamed Kordi, a été éliminé dans la région de Sayah.

Un jour auparavant, le 19 mars, deux terroristes avaient été neutralisés dans la région d’Al-Ameriya. Les opérations ont continué jusqu’au mois de mai 2016, avec l’élimination de quatre autres terroristes ayant participé à l’attaque de Ben Guerdane.

La « bataille de Ben Guerdane », qui a vu la coopération entre les forces militaires, sécuritaires et les habitants de la région, a marqué un tournant dans la lutte contre le terrorisme en Tunisie, ainsi qu’en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

À ce sujet, l’historien et écrivain Mohamed Dhouib a déclaré à l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP) : « Il y a neuf ans, la région frontalière de Ben Guerdane, dans le gouvernorat de Médenine, située à la frontière avec la Libye, a été le théâtre d’une confrontation majeure entre la katiba Al-Battar et les forces armées soutenues par les habitants de la région. Cette bataille s’est soldée par la victoire de la Tunisie sur Daech, marquant ainsi un coup fatal porté au terrorisme. »

Le président de la République, Kaïs Saïed, lors de sa visite à Ben Guerdane le 17 décembre dernier à l’occasion de la fête de la révolution, a affirmé que la région avait « connu une union historique entre le peuple tunisien et les forces de sécurité et de l’armée contre ceux qui complotaient contre la Tunisie et exécutaient les ordres de la colonisation ».

Il a ajouté : « Le peuple tunisien leur a donné une leçon qu’ils n’oublieront jamais, car il s’est dressé d’un seul bloc pour éradiquer les groupes terroristes. Ceux qui ont comploté et planifié pensaient pouvoir s’attaquer à l’unité du peuple, mais leurs plans criminels ont été anéantis, car la Tunisie, avec son peuple et ses forces armées, est plus forte et plus résiliente. »

Le dossier judiciaire

Les autorités ont traduit en justice les membres du groupe terroriste qui ont été arrêtés. L’affaire est actuellement en phase d’appel. Le 30 décembre 2024, la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme de la Cour d’appel de Tunis a rendu des verdicts contre 43 accusés en détention et 23 en liberté, allant de la réclusion à perpétuité à la peine de mort.

Les accusés font face à des charges telles que « complot contre la sûreté de l’État, appartenance à une organisation terroriste, atteinte aux biens publics ou privés, aux ressources vitales, aux infrastructures, aux moyens de transport, de communication et aux systèmes informatiques, ainsi qu’aux établissements publics », en plus d’accusations de « meurtre avec préméditation et tentative de meurtre avec préméditation ».

Le procès en appel s’est déroulé selon les procédures de jugement à distance, conformément à l’article 73 de la loi relative à la lutte contre le terrorisme et au blanchiment d’argent, ainsi qu’à l’article 141 bis du Code de procédure pénale, qui permet ce type de procès en cas de « risque réel et imminent », selon le texte de la décision.

La bataille de Ben Guerdane : la guerre contre le terrorisme

La bataille de Ben Guerdane a été l’un des affrontements les plus marquants dans la lutte de la Tunisie contre le terrorisme après la révolution de 2011. Elle a permis de « neutraliser un grand nombre de terroristes, de démanteler des cellules extrémistes et de déjouer de nombreux complots destructeurs ».

À cette époque, les actes terroristes étaient fréquents, notamment en raison du contrôle exercé par des groupes takfiristes sur les mosquées et de l’émergence de courants religieux extrémistes, tels que l’organisation interdite « Ansar al-Charia ».

Les affrontements étaient sporadiques et les groupes terroristes utilisaient des explosifs et des embuscades, notamment dans le mont Chaambi et les hauteurs de l’Ouest. Plusieurs incidents majeurs ont eu lieu, comme ceux de Kablat et Sidi Ali Ben Aoun en 2013, les attaques contre le musée du Bardo et l’hôtel Imperial à Sousse, ainsi que l’attentat contre le bus de la garde présidentielle à Tunis en 2015.

La Tunisie a réalisé d’importants progrès dans sa lutte contre le terrorisme, notamment en démantelant et en neutralisant des groupes affiliés à Daech et Al-Qaïda. Plusieurs terroristes, y compris ceux retranchés dans les montagnes de l’Ouest, ont été éliminés, et de nombreuses cellules dormantes ont été découvertes.

Le pays poursuit ses efforts pour combattre l’idéologie extrémiste. Une stratégie nationale pour la période 2023-2027, coordonnée par la Commission nationale de lutte contre le terrorisme, vise à « promouvoir une culture religieuse éclairée basée sur la modération, encourager le dialogue et la citoyenneté, et soutenir les jeunes dans la prévention de l’extrémisme violent ».

Cette stratégie offre « un cadre de référence pour renforcer les efforts nationaux visant à garantir la sécurité et la stabilité, protéger la société contre l’extrémisme violent et renforcer l’immunité de l’État face au terrorisme ».

Fierté et défis à relever

L’historien Mohamed Dhouib a déclaré que la commémoration de la bataille de Ben Guerdane est l’un des événements les plus marquants de la période allant du 14 janvier 2011 au 25 juillet 2022.

Les habitants de la région sont fiers de ce qu’ils ont accompli il y a neuf ans, mais ils espèrent aussi une amélioration de leurs conditions de vie et un développement économique durable. Toutefois, selon Dhouib, « le taux de réalisation des promesses reste faible, avec seulement quelques projets récemment lancés, comme la zone industrielle et la zone logistique de la ville ».

Il a souligné que Ben Guerdane possède tous les atouts pour se développer, notamment grâce à sa position stratégique à la frontière libyenne, qui pourrait en faire un grand pôle commercial. La région dispose également d’un littoral de 65 km, de vastes terres agricoles et d’un patrimoine archéologique important.

En décembre dernier, le président Kaïs Saïed s’est engagé à accélérer la réalisation des projets en suspens dans divers secteurs.

TAP