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L’économie tunisienne en chiffres

today27/01/2023 7

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Investissement

Selon les données que vient de fournir la nouvelle institution en charge des « Grands Projets », la Tunisian Investment Authority, 33 projets ont été recensés en 2022 soit, davantage que l’an dernier (25 projets) mais beaucoup moins qu’en 2020 (58 projets) et autant qu’en 2019 : 33 projets. Des projets qui, s’ils se concrétisent réellement, contribueront à la création de 9070 emplois et à une certaine stimulation des exportations tunisiennes : un gros tiers (36%) des projets déclarés sont totalement exportateurs. L’essentiel des grands projets qui se sont manifestés en 2022, sont des projets industriels (46% des 3,04 milliards de dinars d’investissements déclarés). Le secteur des services accaparerait 39% des investissements cependant le secteur des énergies renouvelables concernerait 10% des investissements. Les secteurs de l’agriculture et du tourisme se partageraient les 5% restants.

Selon les données arrêtées au terme des onze premiers mois de l’année, publiées par l’Agence de Promotion de l’Industrie & de l’Innovation (APII), les projets d’investissements dans l’industrie (créations nouvelles, projets d’extension des installations existantes, renouvellement d’équipements, etc.) s’établissent à fin novembre, en baisse par rapport à l’année dernière et ce, aussi bien en nombre de projets (-11,3%), qu’en valeur (-4,6%) que pour les emplois dont la création est envisagée : -3,1%. De plus de 4,6% du PIB en moyenne 2008-2010, le montant des investissements industriels déclarés à l’APII est tombé à 1,5% cette année. En fait, comme cela a été signalé à maintes reprises, l’investissement industriel est en chute libre en Tunisie et ce, depuis le milieu des années deux-mille.

Cet effondrement de l’investissement industriel frappe toutes les branches de l’industrie à des degrés divers selon les périodes et le degré d’ouverture sur l’extérieur. Ce qui marque l’année 2022, c’est le rebond que connaissent les industries de l’habillement & du cuir qui manifestement, profitent des difficultés d’approvisionnement que l’Europe endure avec l’Asie depuis la crise de la Covid. Les investissements ont bondi de +121,5% cette année dans le textile & l’habillement cependant qu’ils ont pris +116,2% dans les industries du cuir & chaussures.

Ce regain d’activité de l’industrie du textile & du cuir est à l’origine de la croissance de la part des projets « totalement exportateurs » : 47,7% à fin novembre après 41,5% il y a un an. Il semble aussi à l’origine de l’accroissement de la part des projets « 100% étrangers » qui s’établit à fin novembre à 30,6% du total des projets déclarés contre 23,6% il y a un an.

Paiements extérieurs

La situation de la balance des paiements courants de la Tunisie s’est dégradée fortement en 2022. C’est ce qui ressort des chiffres mis à jour à fin novembre 2022, publiés par la Banque centrale de Tunisie. Cette dégradation résulte fondamentalement du creusement du déficit commercial qui s’établit à fin novembre, à son étiage le plus bas depuis plus de deux décennies : -16,2% du PIB. Un niveau qui a porté le déficit des transactions courantes à 11,3 milliards de dinars après 7,8 MMDT à fin novembre 2021. En pourcent du PIB, cela représente 7,8% soit, un niveau équivalent à celui enregistré en 2019 mais nettement en deçà (en % du PIB) des déficits courants que la Tunisie a connu au cours des années 2015-2018.

La même source indique que le service de la dette extérieure s’établit à fin novembre 2022 à 7,41 milliards de dinars soit bien moins que durant les trois précédentes années comme l’indique le graphique ci-contre. À ce niveau, le service de la dette extérieure représente 9,7% des recettes courantes de la Tunisie (coefficient du service de la dette) soit, le niveau le plus faible depuis l’année 2016. En pourcent du PIB, cela correspond à 5,1% contre 7,4% à fin novembre 2021 et 7,0% à fin novembre 2019.

Les avoirs de réserve de la Tunisie ont grandement souffert en 2022 la forte détérioration de la balance commerciale. Bien qu’en augmentation par rapport à 2021 (21,94 MMDT vs 20,3 MMDT à fin novembre 2021), l’explosion des chiffres du commerce extérieur en 2022 consécutive à la flambée des prix mondiaux, a ramené le taux de couverture des importations tunisiennes à 97 jours en 2022 contre 118 jours il y a un an et 154 jours à fin novembre 2020.

Prix de l’essence

Selon le relevé des prix qu’effectue mensuellement Global Petrol Prices, le prix moyen du litre d’essence en Tunisie s’établit à 0,826 dollar à la mi-janvier 2023 (16 janvier 2023) contre 0,796 dollar un mois auparavant soit, une hausse de +3,8% par rapport au mois précédent et de +13,6% à un an. Cette progression est à relativiser par l’effet-change : la dépréciation du dinar vis-à-vis du dollar ayant baissé sensiblement au mois de janvier. C’est, depuis l’année 2019, l’ajustement à la hausse le plus important qu’a connu le prix de l’essence en Tunisie au cours des cinq dernières années.

Cette évolution à rebours du prix mondial de l’essence comme l’indique le graphique ci-contre, témoigne de la volonté du gouvernement de réduire la dépense budgétaire au titre de la compensation des prix des carburants en Tunisie. Un effort budgétaire qui a coûté plus de 7,6 milliards de dinars en 2022 après 3,32 milliards en 2021 mais devrait s’élever à plus de 8,1 milliards de dinars en 2023 pour un prix moyen du pétrole qui devrait s’établir à 89 dollars et un taux de change dinar/dollar conforme à la moyenne des « derniers » (?) mois. Et de fait, l’écart entre le prix moyen de l’essence en Tunisie a atteint au mois de janvier son plus bas niveau depuis un an : 0,464 dollars après un pic à 0,710 atteint au mois de juin 2022.

Malgré cette hausse importante qui fait suite à celle non moins importante du mois de décembre 2022 (+9,3% en rythme annuel), le prix de l’essence en Tunisie reste largement en-deçà du prix mondial qui s’établit en en janvier selon Global Petrol Prices, à 1,290 dollar ; un prix inférieur de 36,0% au prix moyen mondial et de 14,0% par rapport au prix moyen en vigueur dans les pays qui ont approximativement le même niveau de revenu par habitant que la Tunisie. Des indications qui montrent que le prix moyen du litre d’essence en Tunisie devrait grimper à 2,980 dinars pour être au niveau moyen de ce groupe de pays et à 4,040 dinars pour être au niveau du prix moyen mondial.

 

Source Ecoweek

Écrit par: Asma Mouaddeb



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