Médias tunisiens : enjeux économiques et réglementaires !

Le programme d’appui aux médias tunisiens, financé par l’Union européenne PAMT, a organisé, le 23 juin 2023, dans sa deuxième phase, un séminaire pour présenter une étude sur le financement des médias, les stratégies publicitaires en Tunisie ainsi que les enjeux économiques et réglementaires des médias tunisiens.
Naoufel Ben Rayana, l’expert qui a réalisé cette étude, a déclaré que presque tous les nouveaux médias n’ont pas atteint la taille requise afin d’assurer leur pérennité économique à long terme.
Il a, également, ajouté que la fragmentation excessive des médias a conduit à la limitation de son pouvoir de négociation face aux célébrités et aux grandes agences médiatiques, qui sont désormais en mesure d’imposer leurs conditions.
En effet, le marché publicitaire tunisien net est estimé à 150 millions de dinars en 2021 et est principalement dominé par deux groupes publicitaires qui représentent près de 70% de cette part de marché. De plus, dix publicitaires représentent environ 80% du total des investissements publicitaires, selon Ben Rayana.
Par conséquent, l’offre et la demande de médias est devenue inappropriées ce qui a fait baisser les prix des publicités à un niveau très bas.
La transformation numérique
L’étude a montré que la transformation numérique est essentielle. En effet, tous les médias, y compris la télévision, la radio et la presse écrite, sont plus préoccupés par l’émergence du numérique dans l’absence des stratégies appropriées, ce qui rend leur modèle économique actuel très fragile et incapable de résister.
Pour ce qui est de la pérennité des médias tunisiens, elle requiert plusieurs exigences, dont principalement : une politique publique, une évolution législative pour réduire la fragmentation du secteur, une transparence des transactions, des statistiques d’audience fiable et reconnue, outre la transition digitale et la mise à niveau des médias.
Ben Rayana a, aussi, souligné que le marché publicitaire tunisien pourrait atteindre 2 milliards de dinars annuellement, ajoutant qu’il est nécessaire de prendre les mesures nécessaires pour former les ressources humaines, qui constituent le capital principal du secteur, notamment dans les domaines commercial et marketing.
L’étude a montré que les dettes dues par les médias privés envers l’Office national de la télédiffusion, à compter du 31 juillet 2022, se répartissent comme suit :
12,64% concernent des radios privées, dont 5,9 millions de dinars sont les dettes de Shems FM.
10,40 % pour les chaînes de télévision privées et 0,29 % pour les radios associatives.
Plus de 300 régies publicitaires en Tunisie
L’étude a montré que le nombre d’agences de publicité en Tunisie a dépassé les 300, et que le marché publicitaire emploie un effectif total d’environ 6 000 personnes et 12 000 employés de prestataires de services.
Quant aux investissements publicitaires, ils sont dominés par le secteur agro-alimentaire avec un pourcentage de 27%, les opérateurs de télécommunication de 7 à 8%, le secteur de la distribution de 7 à 8%, et les services de 6 à 7%.
Par ailleurs, de nombreux médias, notamment les chaînes de télévision, assurent jusqu’à 50% de leurs ventes annuelles pendant le mois de Ramadan.2 PAMT2 Étude sur le financement des médias et les stratégies des annonceurs publicitaires en Tunisie débrief 4[72]