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« Pour relever le défi de mobiliser des ressources domestiques, l’Afrique a besoin d’un nouveau mode de financement des investissements , par des partenariats innovants, par des partenariats publics privés, par l’encouragement du rôle des fonds d’investissement, des banques, des fonds de pension et bien sûr des compagnies d’assurance dans le financement à long terme des projets d’infrastructure », a souligné lundi, Hassène Feki, président de la fédération tunisienne des sociétés d’assurance (FTUSA).
Dans son allocution prononcée lors de la cérémonie d’ouverture du 27ème forum de la réassurance africaine organisé du 30 septembre au 05 octobre en cours à Tunis sous le thème « Changement de paradigme : L’industrie Africaine de la (RE) Assurance peut-elle soutenir une Afrique auto-financée ? », Feki a fait savoir que seulement 40% de la population Africaine a, aujourd’hui, accès à l’électricité, moins de 10% est connectée à internet et seulement 25% du réseau routier africain est pavé.
En effet, « l’’Afrique est en déficit d’infrastructures, qui coûte à son économie à hauteur de 40% en terme de perte de productivité et un manque à gagner en matière de croissance économique estimé à 2 points de PIB », a-t-il ajouté.
Selon le président de la FTUSA, ce déficit d’infrastructures est l’un des obstacles majeurs au développement du continent.
Dans ce contexte, Hassène Feki a mis l’accent sur l’importance d’encourager et de développer l’assurance vie dans le continent africain, par une réglementation et une fiscalité incitative qui permettra au secteur de mobiliser de l’épargne longue, et par conséquent des ressources permettant de financer les projets de transformation des infrastructures.
Il convient également, selon la même source, de développer la réassurance africaine pour couvrir et soutenir les compagnies d’assurance dommages qui accompagnent et sécurisent les grands projets.
Il a, en outre, souligné la nécessité de développer l’assurance crédit africaine pour réduire le coût élevé des primes d’assurance-crédit et endiguer une perception exagérée du risque d’investir et d’échanger des flux financiers en Afrique.
S’exprimant à cette occasion, le président de l’organisation des assurances africaines (OAA), Chérif Benhabiles a indiqué que le déficit d’infrastructures en Afrique nécessite des milliers de milliards de dollars.
« Il est possible aujourd’hui d’engager et d’inciter les compagnies de réassurance à financer le développement à travers le continent », a-t-il dit ajoutant que certaines de ces compagnies de réassurance reposent sur des bases de capital substantielles, qui pourraient être utilisées pour investir dans un fonds de développement pour le continent, au lieu de soldes de trésorerie placés dans des investissements à l’étranger.
« Les primes de réassurance sur le continent ont considérablement augmenté au fil des ans mais malheureusement, ces fonds ne contribuent pas actuellement de manière significative au financement des déficits d’infrastructures de l’Afrique », a-t-il regretté.
Selon Benhabiles, il existe des obstacles évidents associés à l’investissement en Afrique, tels que la gouvernance, les défis réglementaires et de conformité, l’instabilité politique, la pauvreté et la corruption, et les difficultés cycliques liées aux devises.
« Ce 27ème Forum de la Réassurance Africaine devrait être en mesure d’examiner des questions cruciales telles que les besoins urgents de développement des infrastructures de l’Afrique, le niveau actuel des investissements, dans quelle mesure le secteur de l’assurance et de la réassurance peut s’impliquer dans des partenariats public/privé pour renforcer les projets de développement des infrastructures, les défis réglementaires et les incitations, les défis possibles auxquels les réassureurs peuvent être confrontés lorsqu’ils investissent en Afrique et plus encore », a-t-il dit.
Pour sa part, Zouheir Atallah, chef de cabinet de la ministre des finances a souligné l’importance de multiplier les opportunités de rapprochement et de complémentarité entre les réassureurs des pays africains afin de faire face aux mutations internationales très rapides et relever les défis liés à la conjoncture macro-économique au sein de laquelle évolue l’industrie ré assurantielle.
« Il est grand temps que l’industrie de l’assurance africaine et les pouvoirs publics changent d’approche et se décident à agir pour faire progresser le secteur en tant qu’outil important permettant d’atténuer l’impact négatif des chocs ou désastres », a-t-il dit dans son allocution prononcée au nom de la ministre des finances.
« L’assurance est un mécanisme très efficace pouvant être utilisé pour promouvoir la croissance économique, améliorer la résilience et réduire la pauvreté et les inégalités », a-t-il ajouté.
Atallah a souligné que la situation du secteur des assurances sur le plan mondial s’est caractérisée par la conservation des pays industrialisés d’une part de lion du marché de l’ordre de plus de 90%.
Par ailleurs, la répartition des primes émises reste toujours inégale entre les différents continents, caractérisée par une très faible part de marché pour le continent africain a atteint modestement le taux de 1 à 1,5%.
« c’est pour cela que les marchés africains ont, plus que jamais, intérêt à développer davantage les actions de coopération afin de pouvoir assumer la concurrence et améliorer leur positionnement », a –t-il souligné.
Le 27ème forum de la réassurance africaine devait initialement se tenir à Libreville, au Gabon, du 7 au 11 octobre 2023. Il a été déplacé en Tunisie en raison des derniers développements politiques au Gabon.
TAP
Written by: Yosra Gaaloul