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Le doyen des ingénieurs, Kamel Sahnoun, a déclaré que l’émigration des ingénieurs tunisiens double tous les dix ans. Si ce taux de migration se maintient, dans dix ans, environ 12 000 ingénieurs auront quitté le pays.
Kamel Sahnoun a ajouté, ce mardi 30 juillet 2024, qu’en se basant sur les données de l’Institut tunisien des études stratégiques, le nombre d’ingénieurs émigrants était de 972 par an au début des années 2000. Après dix ans, ce chiffre est passé à 1 936 ingénieurs par an, et entre 2013 et 2014, il a atteint 3000 ingénieurs. En 2022, 6500 ingénieurs ont quitté la Tunisie.
Sahnoun a précisé que le nombre d’ingénieurs émigrants double tous les dix ans. Il a souligné qu’ils avaient sensibilisé sur la gravité de cette situation et que la profession avait mené plusieurs actions de 2018 à 2021 pour améliorer la condition des ingénieurs, mais sans succès.
Il a indiqué que le coût de la formation d’un ingénieur est de 100 000 dinars par an, sans compter les années d’école primaire, secondaire, les frais de santé et les déplacements. Compte tenu du nombre d’ingénieurs ayant émigré, qui est de 6 500, cela représente une perte de 650 millions de dinars par an pour les économies d’autres pays.
Sahnoun a expliqué que le rôle principal d’un ingénieur est de créer de la richesse, et qu’il émigre après avoir acquis de l’expérience dans son domaine. Il a reconnu que plusieurs raisons poussent les ingénieurs à partir, notamment les bas salaires en Tunisie, les conditions de travail et le faible développement technologique.
Pour réduire l’émigration, il est nécessaire d’augmenter les salaires, d’abandonner la mentalité bureaucratique qui freine les ingénieurs et entrave la création de leurs startups, et de faire en sorte que la formation des ingénieurs soit en phase avec les évolutions technologiques.
Sahnoun a insisté sur l’importance d’améliorer le climat d’investissement, car les ingénieurs créent de la richesse et doivent pouvoir le faire dans un environnement d’investissement favorable. Il a critiqué le modèle de développement en Tunisie, qui repose sur une économie de rente, selon lui.
En revanche, il a appelé à ce que l’économie nationale se base sur l’économie de la connaissance. Plutôt que d’exporter des compétences, il est préférable d’exporter les produits issus de ces compétences.
Written by: Ahmed Sakka