Jourchi : La Tunisie est au bord de la faillite et le président Saied semble conscient de la nécessité d’engager un dialogue national

Invité de l’émission Expresso, l’analyste politique, Slaheddine Jourchi a dit ce lundi 21 mars 2022, que le discours du président de la République, Kais Saied, prononcé à l’occasion de la célébration du 66e anniversaire de l’indépendance, n’est pas à la hauteur de cette fête nationale.

Selon lui, le président Saied a voulu, à travers ce long discours prononcé à minuit, envoyer plusieurs messages, passant en revue les différentes dates phares de l’histoire de la Tunisie partant de l’Etat national arrivant jusqu’à la révolution. Ce discours a été une occasion pour Kais Saied pour exposer ses convictions et ses lectures personnelles de l’histoire de la Tunisie moderne.

Les mesures annoncées par Saied sont attendues

D’après notre invité, les mesures annoncées par Saied dans son discours sont déjà connues et attendues. Elles ont désormais une assise légale après leur consécration par voie de décrets-lois. Il s’est interrogé, à cet effet, sur les effets desdits décrets et sur leur efficacité. 

“Ces mesures seront-elles de nature à changer substantiellement la réalité?”, s’est-t-il interrogé.

Selon le président Kais Saied, ces mesures vont changer l’histoire de la Tunisie en agissant sur trois volets: le politique à travers l’application du programme mis en place le 

 juillet 2021 outre le nouveau régime politique qui sera instauré, le volet économique à travers la réconciliation pénale qui permettra de renflouer les caisses de l’Etat grâce à de nouvelles ressources.

On ne connaît pas le volume des avoirs dont parle le président Saied

Quant à la réconciliation pénale, Jourchi a indiqué qu’on ne connaît pas jusqu’alors la valeur des avoirs dont parle le président Saied, ni les personnes concernées par la réconciliation, ni les modalités de répartition de cet argent entre les différentes régions de la Tunisie.

L’invité de l’émission Expresso a signalé que la Tunisie est au bord de la faillite, s’interrogeant sur les sources de financement des entreprises citoyennes au moment où la Tunisie traverse une crise financière sans précédent. “Dans quelle mesure ces entreprises pourraient réduire la pauvreté et quelles seraient les modalités de partage des bénéfices?’’, s’est-il demandé.

Jourchi a souligné que ce programme s’étend sur plusieurs années et ses résultats seront assez limités et ne seront pas au niveau des orientations et politiques substantielles qui contribuent au développement de la Tunisie. 

“La lutte contre la spéculation est légitime. Mais, cette guerre menée contre les spéculateurs serait-elle-suffisante pour sauver notre économie ?”, s’interroge notre invité, soulignant que le président Saied aurait dû consulter les experts pour élaborer une nouvelle vision économique qui vise à lutter contre la spéculation et le monopole et à faire face aux lobbies.

Le dialogue doit être inclusif

L’invité du programme Expresso a dit que le président s’attache à ses positions et ne semble pas prêt à renoncer à ses convictions. Reste que dans son dernier discours, le président Saied a affirmé que la consultation nationale est un préalable au dialogue nationale. Ce qui montre que Saied est conscient de l’importance du dialogue national avant d’entamer les réformes économiques, politiques et sociales.

Le dialogue doit impliquer toutes les parties concernées, selon ses dires, ajoutant que les résultats de la consultation ne traduisent pas la volonté des citoyens, car cette volonté se traduit et émane principalement de l’élite, des organisations nationales et des partis politiques.

Jourchi a poursuivi que la fixation d’un agenda définitif des rendez-vous électoraux et des réformes politiques est le point le plus important dans son discours, s’interrogeant dans ce contexte sur l’approche du président Saied du dialogue national, rappelant que le président Saied croit que le changement du régime politique est la clé pour faire sortir le pays de l’oeil du cyclone.