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L’export tunisien vit en ce moment au rythme des changements. Les études concernant ce secteur, un pilier de l’économie tunisienne, se succèdent afin d’améliorer ses performances.
En effet, la semaine dernière a été marquée par le lancement de trois études simultanément, à savoir l’étude sur la stratégie tunisienne d’exportation, en partenariat avec le Centre du commerce international, l’étude sur l’offre exportable tunisienne dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) et l’étude réalisée par le sur le thème « « Où exporter en 2024 ? Zoom sur 30 marchés couverts par le réseau des représentations commerciales tunisiennes à l’étranger », qui traite du potentiel des exportations tunisiennes, des produits exportés et exportables, ainsi que des destinations des exportations tunisiennes et leur valeur.
Dans ce cadre, L’expert économique Chakib Ben Mustapha a mis en exergue, au micro d’Ecomag, le rôle du Conseil supérieur de l’exportation qui est « le mécanisme du dialogue entre le secteur public et privé ».
Il a précisé que plus de 70% des exportations tunisiennes s’acheminent vers l’Europe et que 70% des exportations vers l’Europe concernent trois pays, à savoir la France, l’Italie et l’Allemagne, expliquant que l’export repose sur trois piliers, à savoir les produits, les marchés et les destinations d’export, ainsi que la pénétration des produits tunisiens.
Pour ce qui est des produits, Chakib Ben Mustapha a indiqué que la Tunisie cherche depuis 20 ans à les diversifier et les élargir : « en 20 ans, le seul changement notable concerne la tête du classement des produits exportés. Les composants automobiles, spécialement les faisceaux de câbles, ont détrônés le textile ». Il a dans ce cadre, précisé que la plupart des exportateurs des composants automobiles sont des sociétés off-shore.
L’expert économique a évoqué l’importance des politiques de l’Etat pour améliorer le rendement des exportations tunisiennes. Il a précisé que si la Tunisie est devenue le quatrième fournisseur de l’Europe c’est grâce à la mise en place de toute une politique d’Etat qui a commencé avec un noyau à Ksar Hlel, devenu après une activité régionale qui a créé tout un écosystème. Idem pour les composants automobiles, où l’Etat a sommé les importateurs d’automobiles d’acheter les pièces de rechange de chez les industriels locaux.
Et de se demander : « l’Etat a-t-il pris des décisions similaires ces dernières années ? Les lois de Finances contiennent-ils des mesures dans ce sens ? »
La nouvelle stratégie tunisienne d’exportation a évoqué la nécessité d’améliorer les performances des structures concernées par l’export ? dans ce cadre, Chekib Ben Mustapha a mis en exergue l’importance de la gouvernance et, surtout, des personnes à la tête des structures, affirmant que « plusieurs amateurs ont été chargés de diriger les entreprises concernées par l’export ».
Il a également mis en exergue les chiffres avancés par le CEPEX qui affirment que le potentiel non exploité de la Tunisie est à hauteur de 100% des exportations : « nous pouvons donc doubler notre chiffre d’affaires export ».
Il a aussi indiqué que 92% du potentiel de développement réside dans l’industrie manufacturière, dont seulement 16% pour l’industrie à haute technologie : « notre potentiel réside donc dans les industries à basse technologie ou à technologie moyenne. C’est là où la Tunisie pourrait améliorer ses performances, créer des emplois et gagner en devises ».
Concernant les destinations à fort potentiel, l’étude du CEPEX a affirmé, selon Chekib Ben Mustapha, qu’il s’agit de la France, l’Italie et l’Allemagne. Des destinations où la Tunisie est déjà implantée.
Dans ce cadre, il a affirmé qu’il n’y a aucune représentation du CEPEX dans ces trois pays : « le CEPEX est en train de préparer justement une étude sur ses représentations à l’étranger ».
L’expert économique a affirmé que pour avoir une stratégie d’exportation, il est nécessaire de disposer d’une stratégie de production. dans ce cadre, il a fait savoir que la Tunisie dispose d’une stratégie industrielle à l’horizon 2035: » quand on prépare une stratégie, il faut faire des choix. Cependant, notre stratégie industrielle comporte 18 produits prioritaires, alors qu’il en faut 3 ou 4. Nous avons choisi 18 produits, parce que les industriels l’ont imposé afin de prioriser leurs produits ».
Il a ajouté que la stratégie industrielle doit être compatible avec celle de développement, préparée par le ministère de l’économie et de la planification qui a identifié quatre secteurs prioritaires (IT, composants automobiles, l’aéronautique, l’industrie pharmaceutique).
Par ailleurs, il a indiqué que le dialogue et la communication entre les différentes parties prenantes se sont certes améliorés, mais qu’il y a toujours des lacunes. Il a donné l’exemple du point frontalier de Ras Jedir, où passent, quotidiennement, des produits destinés à l’export d’une valeur de 2 millions de dinars : « depuis 3 ans on parle de paver 300 mètres de routes. Jusqu’à aujourd’hui, rien n’a été fait ».
Et d’ajouter : « la Tunisie a créé l’Office National des Postes Frontaliers Terrestres pour améliorer la situation de ces derniers. L’office a réalisé une étude et a affirmé qu’il a besoin de 50 millions de dinars. Cela fait maintenant 2 ans que cette demande a été formulée, mais, encore une fois, rien n’a été fait ».
Concernant les marchés à potentiel, Chekib Ben Mustapha a indiqué que l’export tunisien a augmenté de plus de 7% dans les pays où la Tunisie ne dispose pas de représentations commerciales tunisiennes (RCT) et de 14% dans les pays où il y en a : « à titre d’exemple, depuis la mise en place d’une RCT au Kenya, les exportations tunisiennes sont passées de 1 à 60 millions de dinars ». La mission des RCT étant la mise en contact pour les entreprises exportatrices tunisiennes qui cherchent des clients et le matching ».
Dans ce cadre, il a fait savoir que la Tunisie dispose de 15 RCT dans le monde et que la nouvelle stratégie d’exportation, réalisée avec Centre du commerce international étudie les meilleurs moyens de les redéployer.
Il a par ailleurs affirmé que le ministère des Affaires étrangères a, lui aussi, présenté sa stratégie de diplomatie économique, qui n’est qu’à ses débuts. Le point fort de cette stratégie est, selon lui, l’association de la diplomatie culturelle à diplomatie économique « afin de créer le brand Tunisie », d’où la mise en place de la direction générale de la diplomatie économique et culturelle.
Il a également évoqué le budget réduit du ministère des Affaires étrangères (0,58% du budget de l’Etat), appelant à une association de toutes les structures implantées à l’étranger (MAE, CEPEX, FIPA, ONTT et Tunisair) pour être plus efficace et avoir plus d’impact.
Written by: Meher Kacem