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On ne parle plus que ça. Le Président de la République a refusé de signer les amendements apportés à la loi électorale. Béji Caïd Essebsi n’a pas seulement refusé de signer, mais il a dépassé les délais que lui offre la Constitution pour donner sa réponse quant à ces amendements.
Ce tour de passe passe, qualifié de ruse politique par certains et d’un manque au devoir par d’autres, a suscité des réactions mitigées, dans un environnement politique pourri à la moelle, à cause des tractations qui précèdent les échéances électorales de 2019. Même les experts en droit constitutionnel sont divisés. Si certains appellent à appliquer les amendements même si le Président ne les a pas signés, d’autres estiment qu’aucun changement ne doit être apporté à la loi initiale. Finalement, l’ISIE a mis fin au flou et a affirmé, par le biais de son vice-président Farouk Bouasker, que les amendements de ladite loi ne seront pas pris en compte.
Nombre de partis politiques ont critiqué la décision de BCE, notamment Ennahdha et Tahya Tounes. Cependant, ces mêmes partis qui se sont indignés de ce dépassement de la Constitution, ont enfreint cette même Constitution, durant les quatre dernières années. Et oui messieurs dames les députés. Ne pas installer la Cour Constitutionnelle depuis 2015 est un dépassement de la Constitution. Cette même Constitution qu’ils se disent aujourd’hui en train de défendre. Pas la peine de revenir sur les multiples scènes chaotiques au Parlement lors de l’élection des membres de cette institution tant importante. Des absences programmées, aux bulletins blancs, en passant par les accords trouvés au sein de la maudite commission des Consensus, qui est elle même hors la loi, et puis bafoués lors des plénières, nos députés ont tout fait pour que la our Constitutionnelle ne voit pas le jour. Et dire qu’on ose aujourd’hui parler du respect de la Constitution!
Venons maintenant à notre gouvernement, dont le chef, Youssef Chahed, a présidé une réunion de son parti, Tahya Tounes, pour dénoncer le tour de passe passe de Béji Caïd Essebsi. Ce même gouvernement n’a toujours pas publié la décision de l’Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de lois concernant les amendements au Journal officielle (JORT), alors que la loi stipule noir sur blanc que les décision de cette instance doivent y être publiées dans un délai d’une semaine. A cet effet, la réponse du gouvernement devrait être enseignée dans les plus grandes écoles de sciences politiques. « Ne vous inquiétez pas, nous allons le faire bientôt », a indiqué un membre du parti du chef du gouvernement « Tahya Tounes ». Qu’est ce que nous n’avons rien à cirer de ce délai d’une semaine. L’ARP a bel et bien dépassé un délai constitutionnel de quatre années.
Donc, au final, personne ne respecte la Constitution. Du Président de la République à l’Assemblée, en passant par la Présidence du gouvernement, on a bafoué les lois. On essaie de les manier à notre guise, de trouver des moyens de plus en plus grotesques pour les détourner. Le pire, c’est qu’on qualifie ces gesticulations hors-la-loi de « manœuvres politiques ». Bah oui, ça fait plus classe! Et hop, chacun se prend pour le Winston Churchill tunisien!
Qu’on arrête au moins de s’autoproclamer défenseur de la Constitution et des lois qui gèrent, normalement, le pays. C’est à la limite indécent et ça frôle le ridicule!
Written by: Rim Hasnaoui