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Chakib Ben Mustapha, expert en développement du secteur privé et membre exécutif de la Connect, a déclaré aujourd’hui, lundi 26 juin 2023, qu’il existe trois obstacles principaux qui perturbent le climat des affaires en Tunisie, à savoir, la corruption, la conjoncture politique et le financement bancaire, selon une étude réalisée par l’institut de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ) en juin/ juillet 2022.
Ben Mustapha a indiqué, lors de son passage à l’émission Expresso, qu’il y a eu une régression de la plupart des indicateurs soit 10 indicateurs sur 12 par rapport à l’année 2021 ; notamment en ce qui concerne le secteur judiciaire avec une dégradation de 11 %.
La corruption en tête de liste
Au micro de Oussama Hkiri, le représentant de la Connect, a affirmé qu’il y’a eu une hausse du taux de la corruption soulignant que les PME sont les plus concernées par ce problème beaucoup plus que les grandes sociétés.
Par rapport aux raisons, il a déclaré que la complexité des procédures administratives et fiscales sont les véritables causes derrières l’intensification de ce fléau. « La corruption va de pair avec la complication des procédures », a-t-il souligné.
En effet, ces dernières années, il y a eu d’une part une augmentation des taxes, des droits de douane. D’autre part, les procédures sont devenues plus compliquées en rajoutant l’autorisation d’importation par exemple, selon ses dires.
« Actuellement, tout pousse vers la corruption, sachant que les statistiques de l’ITCEQ sont fiables puisqu’ils prennent des échantillons très représentatifs », a-t-il ajouté.
Par conséquent, à peu près les trois quart (76 %) des PME affirment être obligées de donner des pots de vin afin d’accélérer le traitement de leurs dossiers et gagner plus de temps, la moitié d’entre elles (49 %) pour réactiver le traitement de leurs dossiers et seulement l’un quart (25 %) afin de payer moins de taxes.
« Donc, plus on complique les procédures, plus on encourage la corruption et la contrebande », a-t-il affirmé.
Par rapport à la stratégie nationale de l’Etat concernant la digitalisation, il a déclaré que la Tunisie est encore loin des estimations.
D’après Ben Mustapha, cette stratégie repose sur deux piliers à savoir l’identifiant unique et l’interopérabilité qui permet la connexion entre les différentes administrations afin de faciliter les taches aux citoyens.
Retard dans la digitalisation de l’administration
Ben Mustapha a affirmé qu’il y a une résistance de la part de l’administration tunisienne quant à la digitalisation. « En fait, ce retard est dû essentiellement aux habitudes de certains employés », a-t-il ajouté.
Instabilité politique
L’instabilité et surtout le manque de visibilité politique et économique gênent énormément les investisseurs dans le domaine industriel qui demande une vision de moyen à long terme, selon ses dires.
« En effet, on remarque qu’il y a seulement des extensions et non pas de nouvelles implantations et ceci concerne surtout l’exportation » a-t-il commenté.
Loi de finance
Par rapport à la loi de finance complémentaire, Ben Mustapha estime qu’on en parle précocement cette année.
Il a, en effet, noté que la loi de finance a été établie sur la base d’un taux de développement de 2.3 % et une augmentation des recettes fiscales de plus de 12 %.
« L’accès au financement devient de plus en plus difficile en Tunisie, avec l’augmentation du TMM et taux directeur », a-t-il dit.
Chakib Ben Mustapha a rappelé que le ministère de l’économie a présenté en janvier dernier une stratégie nationale pour l’amélioration du climat des affaires contenant 229 mesures. « Mais la question qui se pose est ; combien de mesures vont être concrétisés parmi eux ? », s’est-il demandé.
Written by: Yosra Gaaloul