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Fitch Ratings prévoit une chute du bénéfice net des dix plus grandes banques tunisiennes d’environ 170 MD en 2025

today06/03/2025 1

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Fitch Ratings a indiqué que la rentabilité des banques tunisiennes fait face à des pressions accrues en raison de nouvelles réglementations sur les prêts, qui permettent aux emprunteurs de bénéficier de réductions de taux d’intérêt sur certains crédits à taux fixe et obligent les banques à accorder des prêts sans intérêt dans des proportions prescrites.

En outre, le taux d’imposition des bénéfices bancaires a été relevé à 40% à compter du 1er janvier 2024 (contre 35% auparavant), et des plafonds ont été imposés sur certaines commissions et frais bancaires, ce qui pèsera également sur la rentabilité. Cependant, Fitch ne s’attend pas à ce que ces évolutions aient un impact sur les notations des banques.

Une nouvelle réglementation, introduite l’année dernière, permet aux emprunteurs dont les paiements d’intérêts à taux fixe entre janvier 2022 et septembre 2024 ont dépassé 8% du capital restant dû à fin septembre 2024, de demander aux banques de réduire de moitié leur taux d’intérêt pour la durée restante du prêt. Les banques sont tenues d’accepter toutes ces demandes. Fitch estime que cette mesure affaiblira le bénéfice net des dix plus grandes banques tunisiennes d’environ 170 millions de dinars tunisiens (TND) en 2025, soit 11 % de leur bénéfice net annualisé au premier semestre 2024. Toutefois, l’impact comptable pourra être réparti sur plusieurs années, atténuant ainsi son effet.

Une autre réglementation, qui devrait être introduite prochainement, obligera les banques à accorder des prêts sans intérêt représentant 8 % de leur revenu net de 2024 aux micro, petites et moyennes entreprises. Fitch estime que cette mesure entraînera une perte de revenus d’environ 50 millions de dinars en 2025 pour les dix plus grandes banques, soit 3 % de leur bénéfice net annualisé du premier semestre 2024.

Ces deux nouvelles réglementations visent à atténuer l’impact d’une loi entrée en vigueur en février 2025, interdisant les paiements échelonnés via des chèques antidatés. Cette pratique, courante en Tunisie, permet aux consommateurs et aux petites entreprises d’effectuer des paiements en plusieurs fois. L’interdiction de cette méthode risque donc de perturber la gestion des flux de trésorerie pour ces emprunteurs.

Fitch prévoit que ces nouvelles réglementations réduiront d’environ 14 % le bénéfice net des dix principales banques tunisiennes en 2025. Bien que cet impact ne soit pas suffisant pour affecter leurs notations, il accentuera la pression sur une rentabilité déjà modeste par rapport aux standards des marchés émergents. Le rendement moyen des capitaux propres du secteur bancaire tunisien était de 10 % entre 2022 et les neuf premiers mois de 2024, un niveau jugé modeste compte tenu de la forte inflation en Tunisie (moyenne de 8 % sur la même période) et des risques élevés auxquels sont confrontées les banques tunisiennes. Fitch attribue un score d’environnement opérationnel de ‘ccc+’ aux banques tunisiennes.

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La rentabilité du secteur bancaire a été contrainte par la faible croissance des prêts depuis 2022, un plafonnement des taux d’intérêt sur tous les prêts en place depuis longtemps, l’augmentation des dépenses d’exploitation et le durcissement des politiques de provisionnement de la Banque centrale de Tunisie (BCT). En janvier 2025, la BCT a encore renforcé la méthodologie de calcul des provisions générales, obligeant les banques à provisionner un montant supplémentaire de 100 millions de dinars tunisiens (TND). Cela pèsera sur la rentabilité à court terme, mais améliorera la position des banques en vue de la mise en œuvre des normes IFRS 9, prévue pour 2026.

La croissance du crédit n’a été que de 2 % sur les neuf premiers mois de 2024 (9M24), mais les profils de crédit des banques sont restés résilients face à un environnement d’exploitation difficile. Les conditions de liquidité sont restées adéquates malgré la volatilité du contexte économique, les banques disposant de suffisamment de liquidités pour répondre aux besoins croissants de financement de l’État. Les ratios de capital – y compris le ratio Tier 1 du secteur (11,7 % fin T3 2024) et le ratio d’adéquation des fonds propres (14,5 %) – sont restés stables.

En janvier 2025, la BCT a publié une circulaire limitant la distribution des dividendes des banques à 35 % du revenu net de 2024 et autorisant leur distribution uniquement si les banques disposent de marges de sécurité d’au moins 2,5 points de pourcentage au-dessus des exigences réglementaires minimales pour le ratio Tier 1 et le ratio d’adéquation des fonds propres à fin 2024. Les efforts visant à encourager les banques à préserver leur capital sont positifs pour la qualité du crédit et contribueront à amortir l’impact des nouvelles règles de prêt sur le capital.

Written by: Meher Kacem



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