Express Radio Le programme encours
Fathi Chafroud, président de l’Association tunisienne des contrôleurs publics (ATCP), s’est exprimé, ce jeudi 24 mars 2022, lors de sa présence dans l’émission Expresso, sur la dernière étude publiée par l’association intitulée “Indice de gouvernance des entreprises publiques en Tunisie”.
La classification des 53 entreprises publiques ayant fait l’objet de cette étude a été élaborée en se référant aux 130 indicateurs qui ont servi de base pour la classification desdites EP.
Cette étude a révélé l’ampleur de l’interventionnisme de l’Etat dans la gestion et la prise de décisions au sein desdites entreprises. Quoi qu’elles disposent d’un conseil d’administration et qu’un PDG soit nommé pour les diriger, ces entreprises ne sont pas suffisamment indépendantes.
Dans la même veine, malgré le pouvoir décisionnel dont jouit le conseil d’administration des EP, il n’est pas assez indépendant et autonome pour dire le dernier mot dans la mesure où ce pouvoir décisionnel appartient souvent au ministère de tutelle.
Excepté les banques qui ont changé leur méthode de gouvernance, les autres entreprises sont soumises à l’autorité de tutelle et ce, au niveau de leurs politiques de recrutement et d’investissement.
Selon lui, 51% desdites entreprises ne disposent pas de comités d’audit internes pour contrôler la méthode de gestion des EP.
En outre, la méthode de désignation des membres du conseil d’administration ne fait pas appel à la compétence et à l’expérience de l’administrateur. Ce qui explique le manque de performance de ces conseils.
De même, 42% des conseils d’administration des entreprises publiques ne sont pas assez autonomes, sachant que les vrais chiffres dépassent de loin ceux indiqués dans cette étude à laquelle, seules 53 EP ont accepté d’y participer sur un total de 104 EP en Tunisie.
L’invité du programme Expresso a souligné que 16 EP seulement ont accepté de présenter leurs états financiers, signalant que plusieurs entreprises publiques n’ont pas encore actualisé leurs données ou procédé à l’approbation de leurs états financiers.
En dépit du progrès enregistré en 2016 et 2017, la situation financière des entreprises publiques demeure critique à cause de l’augmentation de leurs dettes et des charges financières des crédits. Encore faut-il ajouter la hausse de la masse salariale à cause des recrutements intensifs ainsi que les augmentations salariales, contre la stagnation des activités de ces entreprises. Ce qui a créé des difficultés au niveau des équilibres financiers.
Fathi Chafroud a mis l’accent sur l’absence de stratégies et de planification, étant donné que la majorité des entreprises agissent au jour le jour.
Ce qui est inadmissible, selon ses dires, surtout en cette période de crise.
D’après le président de l’ATCP, la rentabilité des EP tunisiennes a été affectée par le taux de rotation élevé à la tête desdites entreprises à cause du changement fréquent des PDG, notamment entre 2015 et 2017. A titre d’exemple, 17 entreprises publiques sur un échantillon représentatif de 53 EP ont été successivement dirigées par 3 PDG, sachant que 4 PDG se sont succédé à la tête de 5 EP entre 2015 et 2017.
Au sujet de la lutte contre la corruption dans les EP, l’invité du programme Expresso a souligné l’absence de cellules de gouvernance au sein de ces entreprises pour statuer sur les dossiers de conflit d’intérêts, notant que les cellules de gouvernance existantes ne sont pas fonctionnelles et ne disposent pas des moyens nécessaires pour accomplir leurs missions et suivre les affaires de détournement de fonds, et ce, contrairement aux banques.
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Written by: Islam Sassi