Omaima Hassani : Contraindre les jeunes médecins à travailler dans les régions de l’intérieur ne fera que creuser le phénomène de la fuite des cervaux

Invitée de l’émission Expresso du 17 mars 2022, la présidente de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins, Omaima Hassani, est revenue sur la position de l’Association concernant la déclaration du ministre de la santé au sujet de l’obligation de service pour les médecins dans les régions de l’intérieur pendant 5 ans. Elle a rappelé que l’organisation a dénoncé cette proposition soulignant qu’elle s’oppose à cette logique de contrainte et d’obligation ciblant les médecins tunisiens.

D’ailleurs, les jeunes médecins travaillent d’ores et déjà dans les régions de l’intérieur après leur réussite au concours de résidanat, notant que la première promotion des jeunes médecins qui seront  volontairement affectés dans les régions de l’intérieur sera en 2023.

Hassani a déclaré que tous les médecins sans exception travaillent, au moins pour une année, dans ces régions dans le cadre de l’obligation de service. Elle a nié que les médecins ne choisissent pas volontairement les régions de l’intérieur. En effet, cette proposition ne fera que creuser le problème de la migration des médecins et inciter les jeunes médecins à quitter la Tunisie.

Notre invitée a signalé que la dégradation des conditions de travail et des services publics de santé en Tunisie sont à l’origine de ce phénomène, outre la régression des conditions de vie et le retard pris dans le paiement des  salaires des médecins.

L’invitée du programme Expresso a considéré que le ministère de la santé est le premier responsable de la détérioration du système de santé en Tunisie, mettant la nécessité que toutes les parties doivent s’asseoir à la table de dialogue et trouver des solutions aux problèmes du secteur au lieu de recourir à la contrainte et à la mise en oeuvre de solutions populistes.

“Les médecins tunisiens se trouvent contraints de quitter la Tunisie pour diverses raisons”, a-t-elle clarifié.

Elle a exprimé son indignation quant à la rumeur infondée qui remet en cause le patriotisme du médecin tunisien, alors qu’il joue pleinement son rôle dès l’obtention de son diplôme en dépit des conditions de travail déplorables.

En outre, l’étudiant en médecine paie les frais de son inscription au même titre que les autres étudiants des autres spécialités. 

L’invitée de Wassim Bel Arbi a noté que le volume horaire des jeunes médecins peut atteindre les 70 heures par semaines pour un salaire variant entre 1400 et 1500 dinars par mois.

Et d’ajouter que toutes les parties doivent s’asseoir à la table du dialogue pour trouver un consensus et élaborer une vision globale afin d’améliorer le système de santé publique tunisien.

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