Express Radio Le programme encours
Lotfi Riahi, président Fondateur de l’ Organisation Tunisienne pour Informer le Consommateur » OTIC « , a déclaré, lundi 02 janvier 2024, que l’État gère l’importation du blé par le biais de l’Office des céréales afin de le répartir entre les minoteries selon des quotas prédéfinis. Chaque minoterie bénéficie d’une subvention de 22 dinars par 100 kg de blé, comprenant 14 dinars alloués spécifiquement au coût du transport.
Lors de son intervention à l’émission Hdith Fel Business, il a affirmé que la farine est acheminée, par la suite, vers les boulangeries, qui se répartissent en trois catégories distinctes, à savoir : les boulangeries de type « A », au nombre de 1300, qui fabriquent et commercialisent le gros pain de 400 grammes vendu à 230 millimes, les boulangeries de type « C » spécialisées dans le petit pain ou baguette qui pèse 220 g et vendu à 190 millimes et les boulangeries non classées, au nombre de 1500, qui fabriquent du pain spécial ne dépassant pas les 150 g vendu à des prix libres. « Chaque jour, les boulangeries produisent une quantité énorme de 8 millions de pains », a-t-il indiqué.
Problèmes du pain subventionné
D’après Riahi, les citoyens paient des impôts en vue de recevoir des subventions sur le pain. Cependant, la question se pose sur la logique de l’achat du pain à des prix libres malgré cette contribution fiscale.
Selon lui, le problème réside dans le fait que les professionnels achètent des produits subventionnés pour les revendre à des prix libres. « En Tunisie, la farine est totalement subventionnée, mais à des degrés variables », a-t-il ajouté.
Pain au son du blé
Pour remédier à ce problème, l’organisation a trouvé une solution en utilisant de la farine mélangée au son de blé.
En effet, Riahi a fait savoir que chaque 100 kg de farine contient 22 kg de son de blé. Habituellement, lors du tamisage, tout le son de blé est éliminé. Cependant, avec la nouvelle mesure, 5% du son est conservé, donnant ainsi une farine pigmentée qui est désormais réservée exclusivement à la fabrication du pain.
De cette manière, il devient possible d’évaluer précisément le coût réel des subventions allouées au pain, selon ses dires.
« Ce pain est prévu pour le citoyen ordinaire, et tout usage par des professionnels est considéré comme illégal », a-t-il ajouté.
« C’est la méthode la plus efficace que nous ayons trouvée pour exercer un contrôle, car il n’est pas possible de contrôler chaque sac de farine vendu », a-t-il poursuivi en soulignant le trafic de certaines boulangeries qui réclament leurs quotas en farine pour les revendre ultérieurement.
Avantages de cette nouvelle mesure
D’après Riahi cette nouvelle mesure contribuera à diminuer le gaspillage de pain, actuellement évalué à 9000 pains par jour, sachant que ce produit vient en tête des produits gaspillés avec un taux de 15,7 %.
Par ailleurs, cette initiative conduira à une amélioration de la qualité du pain, éliminant ainsi la nécessité d’avoir recours à des améliorateurs chimiques, selon Riahi.
Cela permettra, aussi, d’obtenir un pain de meilleure qualité, riche en fibres et présentant une valeur nutritionnelle supérieure.
Également, cette initiative contribuera à réduire la valeur des subventions, car elles ne seront plus orientées vers les professionnels.
Par rapport au pourcentage du son du blé dans la farine, Riahi a indiqué que 5% ne représente pas une quantité excessive et n’aura pas d’impact significatif sur le fonctionnement des minoteries.
D’après lui, cette initiative marque un pas dans la bonne direction, en attendant qu’elle puisse s’étendre à d’autres filières, telles que la filière laitière, qui pourrait être améliorée simplement en modifiant l’emballage et les prix.
Lotfi Riahi a affirmé qu’il est impératif d’entreprendre une révision approfondie du système des subventions sachant que cette mesure nous offre la possibilité de réaliser des économies de l’ordre de 200 milliards par an.
Written by: Sarra Ben Omrane