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Hichem Ajbouni: « mettre davantage l’accent sur l’aspect économique plutôt que sur l’aspect fiscal »

today21/12/2023 7

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Hichem Ajbouni a déclaré, jeudi 21 décembre 2023, qu’il est impératif de résoudre un point structurel essentiel : le pays est actuellement dans une impasse.

Lors de son intervention à l’émission Expresso, Ajbouni établit une comparaison entre les finances publiques actuelles et celles de l’époque de l’ancien président Ben Ali.
En effet, il a affirmé qu’il a affirmé qu’en 2010, il y avait un équilibre budgétaire, période durant laquelle la Tunisie produisait 100 mille barils de pétrole et 8 millions de tonnes de phosphates.
Selon lui, c’est ce qui couvrait la faible valeur ajoutée de l’économie tunisienne qui se basait sur la sous-traitance, une main d’œuvre à faible coût, un tourisme de masse et une agriculture artisanale, sauf qu’en même temps nous avions une autosuffisance énergétique.

D’après lui, cela compensait la faible valeur ajoutée de l’économie tunisienne, qui s’appuyait sur la sous-traitance, une main-d’œuvre à faible coût, le tourisme de masse et une agriculture artisanale. Il a souligné qu’à cette période, la Tunisie était en même temps autosuffisante sur le plan énergétique.
« Le jour où la courbe s’est inversée, on s’est retrouvé avec un déficit énergétique en plus d’une économie à faible valeur ajoutée », a-il- avancé.
« Autrefois, les institutions publiques finançaient le budget de l’État, tandis qu’actuellement, c’est le budget de l’État qui assure le financement des institutions publiques », a-t-il poursuivi.

Il a également noté que les subventions étaient négligeables par le passé, alors qu’aujourd’hui, leur valeur est significativement élevée.
« Malgré tout cela, nous avons maintenu les mêmes méthodes, notamment en ce qui concerne les approches fiscales », a-t-il commenté.

En chiffres, comparaison entre 2011 et en 2024

Parlant chiffres; l’invité a souligné que les recettes fiscales étaient d’environ 12,6 milliards de dinars en 2011, tandis qu’elles ont atteint 44 milliards de dinars en 2024, soit une multiplication par 3,5.
La masse salariale a connu une hausse de 7,3 milliards de dinars en 2011 pour atteindre 23,7 milliards de dinars en 2024, soit une multiplication par plus de 3, tandis que le pouvoir d’achat a subi une détérioration.
En ce qui concerne les subventions, elles ont enregistré une augmentation de 2,3 milliards de dinars en 2011 pour atteindre 19,7 milliards de dinars en 2024, représentant ainsi une multiplication par plus de 7.

En ce qui concerne les charges financières, l’invité a signalé qu’elles se situaient aux environs de 1,2 milliard de dinars en 2011, pour ensuite atteindre 68 milliards de dinars en 2024, représentant ainsi une multiplication par plus de 6.
Pour ce qui est des dépenses allouées au développement, elles se chiffrent à environ 4,1 milliards de dinars en 2011, représentant 26% du budget de l’État. Cependant, elles sont devenues aux alentours de 5,3 milliards de dinars en 2024, équivalant à 6,8% du budget de l’État. Cela traduit une régression notable de 26% à 6,8%.

Hichem Ajbouni a fait remarquer que cela traduit une absence totale d’investissement.

En ce qui concerne le taux d’épargne national, il a souligné qu’il ne dépasse pas 8,4 %, accompagné d’un taux d’investissement qui n’excède pas 16,1 %, alors qu’il constituait auparavant 20 % du budget de l’État.

Ajroudi a relevé que cette situation est caractérisée par une absence d’investissement avec un taux de croissance presque nul (0.5%) en 2023, ce qui n’est pas normal.
« Pendant une période de 12 ans, le taux de croissance n’a pas excédé 1%, ce qui ne favorise ni la création de richesse ni la génération d’emplois », a-t-il ajouté

Ajroudi a fait savoir que le budget de l’Etat s’est multiplié par 4 depuis 2011. Tandis que l’encours des crédits s’est multiplié par plus de 6, où il était de l’ordre de 23.8 milliards de dinars pour devenir 140 milliards de dinars en 2024.
« Ce qui est énorme », a-t-il commenté.
En 2010, le taux de pression fiscale était inférieur à 20 %, alors qu’actuellement il avoisine les 25 %.

Absence d’investissement

Suite à cette analyse, Ajroudi a tiré la conclusion que les politiques en place ne présentent aucune orientation pour stimuler l’investissement et qu’aucune réforme radicale n’a été entreprise pour améliorer les finances publiques.
La grande erreur, selon lui, réside dans le fait que la dimension fiscale prend le pas sur l’aspect économique.
Il a, en effet, souligné que le taux de chômage élevé, atteignant même 40 %, a été l’élément déclencheur de la révolution, en plus de la détérioration de la classe moyenne de la société.

Hichem Ajbouni a suggéré de mettre davantage l’accent sur l’aspect économique plutôt que sur l’aspect fiscal, considérant que c’est l’activité économique qui engendrera les recettes fiscales.

 

Écrit par: Sarra Ben Omrane



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