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La BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement) prévoit une croissance du PIB tunisien en 2022 nettement inférieure à 2%. La croissance économique soutenue par le rebond du tourisme et de la production manufacturière, a été « modeste » au cours de la première moitié de l’année 2022 : +2,6% en rythme annuel. Lents progrès dans les négociations avec le FMI et retards dans la mise en œuvre des réformes, devraient se traduire par une croissance du PIB en 2022 à +1,7%. Les perspectives pour 2023 devraient être légèrement meilleures : +2,9%, à condition toutefois que les négociations avec le FMI finissent par aboutir. L’OCDE a revu à la baisse ses prévisions de croissance de la zone euro ; le PIB mondial a stagné au T2- 2022 et notamment dans les économies du G20. Il devrait décélérer en 2023 pour passer de 3% en 2022 à 2,2% en 2023. En effet, la croissance économique de la zone euro va être fortement impactée par la guerre en Ukraine. Une récession de l’économie allemande est attendue en 2023. L’OCDE n’exclut pas une nouvelle révision de ses prévisions si les difficultés d’approvisionnement en énergie doivent s’exacerber cet hiver.
La Tunisie a enregistré l’arrivée de 997,7 mille voyageurs au mois de juillet dernier dont, 603,5 mille touristes et 391,4 mille tunisiens. Un flux qui a presque quadruplé (+262,7%) par rapport à juillet de l’année dernière, mais qui reste inférieur de près de 40% par rapport au mois de juillet 2019, avant la pandémie. Sur la période allant de janvier à juillet 2022, le nombre total d’entrées de voyageurs s’établit selon l’INS, à 3,84 millions dont, 2,32 millions comme non-résidents. 739 mille avaient été enregistrés durant la même période de l’année dernière, mais plus de 4,16 millions durant l’année 2019. En termes d’investissements et sur 278 projets d’IDE dans le tourisme qui se sont dirigés vers l’Afrique et le Moyen-Orient entre 2017 et 2021, la Tunisie n’a accueilli que huit projets représentant 2,9% des 22,2 milliards de dollars de capitaux engagés. Pour l’essentiel, les investissements touristiques ont concerné l’hôtellerie (plus des deux-tiers de l’enveloppe globale) ; le tiers restant étant réparti en investissements dans les services liés aux « voyages & réservations », « IT services » et les « loisirs & industries du jeu ».
Malgré des approbations et des subventions en hausse, les opérations d’investissement agricole soumises à l’APIA (Agence de Promotion de l’Investissement Agricole) s’établissent au terme des huit premiers mois de l’année en baisse pour la cinquième année consécutive. 4155 projets d’opérations agricoles d’une valeur de 807 MDT ont été soumis entre janvier et août 2022, bien moins que ce qu’elle a enregistré l’année d‘avant (4448 projets pour une valeur de 897 MDT). Compte tenu de la stagnation des superficies concernées par ces projets (entre 348 et 359 hectares entre 2020 et 2022), il y a tout lieu de penser que c’est l’agriculture qui représente les trois-quarts (77,6% en 2021) des opérations d’investissements agricoles, qui est frappée par cette désaffection. Le nombre d’investissements approuvés cette année (2014 pour un montant de 383 MDT à fin août 2022) reste largement en-deçà des chiffres de l’année 2018 : 3289 opérations approuvées pour une valeur de 403 MDT.
L’Indice mondial de l’innovation (Global Innovation Index) établit un classement des résultats de l’innovation dans environ 131 pays et économies du monde entier, en se basant sur plus de 80 indicateurs. Dans le rapport 2022 publié cette semaine, la Tunisie obtient un score global de 27,9/100, soit la note la plus faible depuis que cet indice existe. Elle recule aussi de deux places par rapport à l’édition de l’an dernier : 73ème place sur 131 pays après avoir été 71ème dans le rapport de 2021 et 65ème dans celui de 2020. Longtemps leader de la région d’Afrique du Nord en matière d’innovation, la Tunisie a été détrônée cette année par le Maroc qui pointe à la 67ème place du rapport, après avoir été 77ème dans l’édition 2021.
Dans le rapport Global Terrorism Index qui classe les pays du monde les pays les plus impactés par la menace terroriste, l’Afghanistan occupe la 1ère place suivi par l’Irak (2ème) et la Somalie (3ème). Sur 164 États dans l’édition 2022, la Tunisie a été classée à la 38ème place après avoir occupé la 49ème dans le précédent rapport. Un recul mondial qui apparaît aussi à travers son score qui s’est détériorée passant de 3,860 /10 dans le précédent rapport à 4,447 dans celui de 2022. On notera que ce score a grimpé à 4,960 en 2015 et 4,620 en 2016 suite aux attentats du Bardo et de Sousse. Dans la région Afrique du Nord, l’Algérie (39ème) et le Maroc (76ème) font mieux que la Tunisie. Il en est de même pour le Liban en 51ème place. En revanche, elle reste dans la région méditerranéenne un pays à risque terroriste « médian », avec la Turquie (5,651), la Grèce (4,849) ou encore la France (4,562).
Moody’s s’apprête à dégrader la note de la Tunisie et de sa Banque Centrale, en tant que responsable légal de la dette obligataire tunisienne. En effet, l’agence émet de sérieux doutes sur la capacité du gouvernement à conduire des réformes. Pour justifier sa décision, l’Agence souligne le retard dans les négociations avec le FMI et l’aggravation du risque de liquidité et de solvabilité du gouvernement tunisien. La situation financière du pays s’est d’autant plus détérioré que les tensions sociales se sont exacerbées à la suite des retombées négatives de la guerre en Ukraine. Elle souligne spécialement le rétrécissement des marges de manœuvre du gouvernement. Pour Moody’s, la Tunisie n’est pas en situation d’accéder au marché financier international, même après accord avec le FMI. De fait, elle ne peut compter véritablement que sur l’aide bilatérale et multilatérale qui du reste, ne peut être à la hauteur des immenses besoins du pays.
Source : Ecoweek N°35- 2022
Written by: Asma Mouaddeb