Express Radio Le programme encours
Croissance économique :
La croissance économique devrait s’essouffler en 2023. Attendue à 1,8%, elle devrait s’établir dans la meilleure des hypothèses, à moins de 1% en raison du manque de ressorts. La consommation, devrait pâtir de l’exacerbation de l’inflation et l’indigence de l’État. L’investissement n’a aucune raison de reprendre dans un climat empreint d’incertitudes politiques et d’instabilité fiscale. L’exportation enfin, devrait subir le choc du ralentissement économique en zone euro qui devrait impacter négativement sur la production industrielle. L’agriculture ne devrait pas performer autant qu’en 2022 en raison de la sécheresse, des pénuries d’intrants et le recul de l’investissement. Le tourisme a déjà fait le plein ou presque, en 2022 et sa performance attendue en 2023 devrait se modérer considérablement.
Investissement :
Le taux d’investissement prévu par le gouvernement (16,5%) est encore loin de retrouver son niveau des années pré-Covid : 19,6% en 2019 et 23,0% en 2018. Il en est de même de l’investissement public. Si aucun sabrage n’intervient en cours d’année pour insuffisance de ressources, il devrait capter 6,7% des dépenses budgétaires en 2023 soit, bien moins que les 8,2% de l’année 2021 ou 9,8% de 2019.
Emploi :
Avec une croissance chétive qui devrait s’établir à un rythme inférieur au croît démographique (1,2%), le taux d’emploi (nombre de Tunisiens ayant un travail rapporté à la population en âge de travailler) devrait continuer de se détériorer en 2023 : 47,0% selon nos calculs après 47,4% en 2022 et 48,6% en 2021. Un chômage qui devrait frapper encore plus durement les jeunes dont le taux de chômage a atteint selon l’INS, 40,0% en 2021.
Prix :
La hausse des prix devrait rester sur une trajectoire haute en 2023 et ce, pour au moins trois raisons. D’abord parce que la création monétaire consécutive au creusement du déficit budgétaire va se poursuivre. Ensuite parce que les prix mondiaux de l’énergie et de l’alimentation vont continuer de souffrir l’enlisement de la guerre en Ukraine. Enfin, parce que le gouvernement devra nécessairement ajuster à la hausse les prix des carburants et éventuellement, certains produits de base compensés. De 10% à la fin de 2022, le taux d’inflation pourrait grimper à plus de 15% à la fin de 2023.
Budget 2023 :
Le projet de budget 2023 consiste fondamentalement à prévoir de dépenser de l’argent qu’on n’a pas. L’État va s’endetter à hauteur de 24 milliards de dinars (MMDT) pour dépenser 70 MMDT tout en investissant peu : moins de 5 MMDT. Un projet qui prévoit des mesures telles que la diminution des dépenses au titre de la compensation (-6,0% en g.a) ou la cession de certains actifs publics, que le gouvernement est de facto dans l’incapacité politique de conduire. Un projet condamné à subir le même sort que ceux qui l’ont précédé depuis 2011 : élaboration en cours d’année d’un budget rectificatif, abandon des dépenses sur biens & services et d’investissement avec à la clé, un creusement du déficit budgétaire.
Exportations :
En 2023, les exportations de biens & services devraient croître beaucoup plus vite que les importations : +7,1% vs +4,8% estime le gouvernement. Sauf à recourir à une gestion bureaucratique des achats à l’extérieur, une telle hypothèse est parfaitement irréaliste. Au demeurant, une telle croissance des importations revient à étouffer l’activité économique. La récession économique dans la zone euro va impacter négativement sur les exportations et le déficit extérieur va s’aggraver.
Politique économique :
La politique budgétaire du gouvernement restera au vu du projet budgétaire élaboré pour 2023, conforme à la trajectoire des douze dernières années. En excipant un budget avec des dépenses en hausse de 15,1% par rapport à l’an dernier, le gouvernement s’engage un peu plus dans l’engrenage mortifère du toujours plus de dépense publique, de déficit budgétaire de dette et d’impôt. Certes, des économies sont prévues au titre de la compensation. Elles restent cependant dérisoires sinon infaisables et ne font pas politique. Tout aussi dérisoire est l’effort affiché pour booster l’investissement public.
De son côté, la politique monétaire attendue en 2023 restera marquée par la vigilance proactive. Avec l’exacerbation attendue de l’inflation, de nouveaux ajustements à la hausse du taux directeur de la BCT sont à prévoir. Une politique monétaire restrictive d’un côté, mais accommodante dans une certaine mesure de l’autre, pour tenir compte des difficultés financières de l’État. En matière de change, la politique de la BCT restera comme en 2022, marquée par la nécessité de préserver autant que faire se peut, la dépréciation du dinar.
Written by: Asma Mouaddeb