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De la consultation nationale électronique aux élections des conseils locaux, en passant par le référendum et les élections législatives, la participation des Tunisiens aux échéances lancées par le président de la République, Kais Saied, n’a pas été, pour le moins, d’une grande popularité.
Commençons par le commencement. Le chef d’Etat avait lancé, en grande pompe, une consultation électronique, ouverte pendant 65 jours, du 15 janvier au 20 mars 2022. Une sorte d’enquête d’opinion qui a porté sur six thématiques, à savoir l’aspect politique et électoral, l’économie, le social, le développement durable, la qualité de vie et l’aspect éducatif et culturel.
Malgré les efforts des pouvoirs publics, quelques 534.915 Tunisiens (pour un peu plus de 8 millions d’inscrits au registre électoral) ont répondu à l’appel et ont donné leurs avis sur la plateforme électronique créée pour l’occasion « e-istichara », soit un taux de participation de 4,6%.
Et bien que le taux de participation était faible, le président de la République a qualifié la consultation de « succès » dimanche 20 mars, à l’occasion du 66e anniversaire de l’indépendance de la Tunisie.
Kais Saied a défendu l’expérience en dénonçant « des tentatives de déformation et des obstacles mis en place pour que le peuple n’exprime pas sa volonté dans ce processus unique ».
Le référendum : la participation la plus faible aux scrutins depuis 2011
Le deuxième test de popularité grandeur nature pour le chef de l’Etat, était le référendum sur un projet d’une nouvelle Constitution de la République tunisienne du 25 juillet 2022.
La nouvelle Constitution a été certes adoptée à une majorité écrasante de 94,6 %, selon les résultats officiels annoncés par l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), mais la victoire était en demi-teinte. Et pour raison, le taux élevé d’abstention.
En effet, seulement 2.830.094 électeurs, soit 30,5% des inscrits, ont participé au référendum sur le projet d’une nouvelle Constitution de la République tunisienne.
Il s’agit du taux de participation le plus faible parmi tous les scrutins organisés en Tunisie depuis 2011. Le triste record était détenu par les élections municipales de 2018, avec un taux de participation de 33,7%.
Il est à rappeler que l’ISIE avait décidé, avant le scrutin, d’inscrire automatiquement les citoyens éligibles à voter sur les listes électorales, faisant passer ainsi le nombre d’inscrits à 9.278.541 personnes.
A noter aussi que de nombreux partis politiques avaient appelé à boycotter le referendum.
Les élections législatives : le plus bas taux de participation depuis 2011
A peine sortis du referendum, les Tunisiens devaient se rendre de nouveau aux urnes pour le premier tour des élections législatives, en décembre 2022.
Là aussi, le taux de participation laissait à désirer. En effet, quelques 1.025.418 Tunisiens se sont rendus aux urnes le 17 décembre 2022, pour le compte du premier tour des législatives, soit 11,2% du total des inscrits.
On n’a pas fait mieux au deuxième tour non plus. Seulement 895.002 Tunisiens (soit 11,4%) ont pris la peine d’y prendre part.
Il s’agit du plus faible taux de participation aux législatives jamais enregistré depuis la révolution. Les législatives organisées en 2011 ont enregistré un taux de participation de 54,1%, alors 69% ont participé aux législatives de 2014 et 41,3% à celles de 2019.
Des élections des conseils locaux boudées
La dernière échéance électorale concerne les élections des conseils locaux. Là encore, les Tunisiens ont boudé les urnes et le seuil désormais maudit de 11% n’a pas pu être franchi.
En effet, le taux de participation aux élections des conseils locaux a été de l’ordre de 11,84 %, selon une déclaration du porte-parole de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Mohamed Tlili Mnasri, ce lundi 26 décembre. L’autorité électorale avait annoncé la veille un taux de participation de 11,6%, soit 1.059.004 électeurs.
Le Front du salut national a remis en cause le taux de participation annoncé par l’ISIE, estimant qu’il a été « gonflé », et ce lors d’une conférence de presse tenue le 25 décembre.
Farouk Bouasker, président de l’ISIE avait affirmé, la veille, que l’autorité électorale n’est pas intervenue en ce qui concerne le taux de participation et ne l’a pas modifié.
Il a expliqué que l’inscription automatique des citoyens dans le registre électoral « implique forcément une baisse au niveau du taux de participation », précisant que le taux de participation ne constitue pas un objectif actuellement : « il s’agit plutôt de mettre en place un processus qui garantit le droit constitutionnel des citoyens à voter ».
Written by: Meher Kacem
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