Express Radio Le programme encours
L’ancien ministre du commerce Mohsen Hassan a déclaré aujourd’hui, 20 juillet
2023, que 90 % des besoins en produits céréaliers en Tunisie proviennent de
l’importation. Ce taux élevé s’explique par la sécheresse qui a causé une perte
s’élevant à 80 % des terres agricoles.
« En 2023, quatre baguettes sur cinq sont produites à partir d’une farine importée »,
a-t-il commenté lors de son passage à l’émission Expresso.
Sécurité alimentaire
Hassan a affirmé que la sécurité alimentaire en Tunisie est menacée surtout avec la
conjoncture économique actuelle ainsi que les conflits qui se trouvent dans la région
de la mer noire.
Par ailleurs, l’ex-ministre a estimé que l’augmentation des prix des céréales de plus
de 8 % aura des répercussions négatives sur l’approvisionnement de la Tunisie
surtout que la situation financière de l’office des céréales est très difficile. « La valeur
de ses dettes auprès de la BNA s’élève à 4.7 milliards de dinars ce qui représente un
niveau d’endettement très élevé », a-t-il indiqué.
Selon Hassan, l’Etat est derrière la situation financière difficile de l’office des
céréales car il n’a pas honoré ses engagements envers ce dernier. « Nous savons tous
que l’office des céréales vend ses produits avec des prix ne couvrant pas le coût
d’achat, donc l’Etat devrait lui verser une subvention d’équilibre, ce qui n’a pas été
fait… »
« L’office des céréales n’est plus en mesure d’importer les besoins de la Tunisie en
produits céréaliers, ce qui explique les longues files d’attente devant les
boulangeries « , a-t-il ajouté.
En parlant de la chaîne céréalière, l’ex-ministre a expliqué que l’office est le seul
responsable de l’importation des différents produits céréaliers à savoir le blé dur, le
blé tendre et l’orge, qu’il distribue aux moulins avec des quotas bien définis. Les
moulins prennent en charge la transformation de ces produits en farine pour les
distribuer à leur tour avec des quantités précises, selon ses dires.
Irrégularité d’approvisionnement
Selon Hassan, la défaillance d’approvisionnement en produits céréaliers est causée
principalement par la situation financière de l’office des céréales et des finances
publiques en générale.
« Certes 66 % des importations en produits céréaliers de la Tunisie proviennent des
pays de la région de la mer noire comme l’Ukraine et la Russie, mais l’office a eu
recours à d’autres pays tels que l’Argentine, l’Uruguay, la Bulgarie, la Roumanie en ce
qui concerne le blé tendre et la France concernant le blé dur », a-t-il souligné.
Hassan estime que la hausse des prix des céréales a des répercussions négatives sur
la situation de l’office mais si l’on fournit les moyens financiers nécessaires, il n’y
aura plus de problèmes puisqu’il existe d’autres sources d’approvisionnement. Le
problème principal réside donc dans la situation des finances publiques.
« Au jour d’aujourd’hui, les réserves en devises sont majoritairement destinées au
paiement de la dette », a-t-il ajouté.
Selon lui, la devise restante ne suffit pas pour couvrir les importations en produits
céréaliers, en médicaments et tous les autres produits dont l’Etat monopolise
l’importation et a distribution.
Mesures pratiques
La Tunisie devrait prendre des mesures pratiques afin d’assurer la sécurité
alimentaire qui est aussi importante que la sécurité militaire.
« Les files d’attente pour avoir accès à des aliments de première nécessité ne sont
qu’un indicateur négatif pour la sécurité alimentaire et la stabilité sociale en Tunisie
… » a-t-il affirmé.
L’Etat devrait assumer ses responsabilités et fournir les moyens financiers aux
différents offices (céréales, huile, commerce…) afin qu’ils puissent importer nos
besoins en produits de base et dépasser le problème de la hausse des prix.
Autres solutions
D’après Mohsen Hassan, la Tunisie devrait trouver d’autres solutions comme revoir
la politique agricole; à savoir l’irrigation, l’encouragement de la production agricole
et la modernisation des systèmes agricoles ainsi que les moyens de financement de
ce secteur .
Il a ajouté que l’office des céréales est en train de mettre en place un programme
d’approvisionnement tout au long de l’année qui tient compte des stocks
stratégiques, mais la réalisation de ce programme rencontre des difficultés.
Mohsen Hassan a également indiqué que les moyens financiers doivent être fournis,
même à travers l’endettement en l’absence d’autres solutions.
Il a expliqué qu’aujourd’hui nous avons un problème de stockage et de stocks
stratégiques nécessaires.
Il a, également, indiqué que nous avons des milliers d’hectares de terres domaniales
qui sont censées être la principale source de sécurité alimentaire.
“Il est inacceptable, aujourd’hui, que l’Etat continue à monopoliser les matières de
première nécessité. Il faudrait regrouper toutes les structures en une seule,
permettant d’assurer l’équilibre entre l’offre et la demande et de garantir des stocks
stratégiques” a-t-il ajouté.
Written by: Yosra Gaaloul