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Plan de développement 2023/2025 : chimérique, irréaliste et irréalisable, selon Houcine Rehili

today03/01/2024 71

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Le spécialiste du développement et de la gestion, Houcine Rehili a décrit le plan de développement de « perte de temps », de « bizarre » et de « rêve ».

Il a expliqué, au micro d’Ecomag, ce mercredi 3 janvier 2024, que « c’est bizarre d’entamer un plan de développement au cours de la même année de sa création », précisant qu’un plan de développement ne peut pas instaurer sur trois années seulement : « il faut plus de tempos pour la planification, les investissements, le financement, etc… ».

« Il ne s’agit nullement d’un plan de développement, mais plutôt d’un document dans lequel nous rêvons d’un monde meilleur », estimant que ce plan est « irréaliste et irréalisable ».

Des prévisions de l’investissement public « chimériques »

Il a fait savoir qu’on ne peut pas parler d’un plan de développement alors que les lois de Finances 2022, 2023 et 2024 sont marquées par la quasi-absence de l’investissement public et du développement.

Le spécialiste du développement et de la gestion a indiqué que le plan de développement fait part d’un investissement public à hauteur de 38,2 milliards de dinars sur trois ans. « Le plan parle d’un investissement public de 6 milliards de dinars en 2023, alors qu’il était de l’ordre de 1,7 milliards de dinars. Il prévoit également un investissement public de 8,5 milliards de dinars en 2024, alors que la loi de Finances a indiqué qu’il sera à hauteur de 1,7 milliards de dinars. Quant aux 12,5 milliards de dinars prévus en investissement public en 2024, ceci ressemble plus à un rêve », a-t-il affirmé.

Il a également estimé que les plans et les approches participatives « n’ont aucun sens, puisque c’est le président de la République qui est chargé, seul, de décider des politiques publiques, des programmes, de la nomination du gouvernement, des ministres, des directeurs généraux, etc… ».

Et d’ajouter : « une seule personne décide et tous ces documents et ces plans sont une perte de temps ».

Selon Rehili, le plan de développement n’a même pas précisé le modèle de développement qui sera mis en place au cours des trois années de son exécution.

Précisant que le plane de développement 2022/2024 s’appuie sur 68 mécanismes et procédures, relatifs à l’administration, à l’état et aux procédures judiciaires, il s’est demandé si « la révision de quelques procédures est suffisant pour créer le développement » !

Se demandant de l’origine du financement des investissements publics prévus dans le plan de développement, il a évoqué la loi de Finances 2024 et les 10 milliards de dinars indéfinis dans le budget de l’Etat. « Un dangereux précédent », selon lui.

Il a appelé à plus de modestie et d’objectivité.

2024: une année difficile

Rehili a affirmé que 2024 sera une année difficile puisque l’Etat ne sait pas d’où collecter 37% de son budget et que le service de la dette atteindra presque 18 milliards de dinars. « Nous allons rembourser nos dettes, mais au détriment de l’approvisionnement en médicaments, céréales, produits de première nécessité, ainsi que de l’investissement public et des services », a-t-il ajouté.

Rehili a précisé que le plan de développement a été réalisé « dans un cadre purement administratif, sans la participation des experts, ni celle de la société civile, des organismes intermédiaires, des organisations et des partis ».

Il a affirmé que la guerre de Gaza aura des répercussions néfastes sur le tourisme, contrairement aux indicateurs officiels, à cause, notamment, de la position tunisienne ».

Les métropoles économiques régionales, pas une si bonne idée !

Concernant la planification régionale incluse dans le plan de développement, Rehili a expliqué que le plan parle d’une intégration économique locale et régionale et la création de métropoles économiques dans les régions

Il a expliqué qu’il est nécessaire de créer des interconnexions entre nombre de régions pour créer le développement, précisant que ce modèle « peut être viable si on y intègre des districts, pas des localités ».

Et d’ajouter : « on ne peut pas faire du développement via un modèle pareil en comptant sur des localités qui ne disposent que d’un seul vecteur de développement »

Rehili a également expliqué que la particularité d’une telle ou telle région n’est pas suffisante pour faire du développement : « il faut réunir et interconnecter les spécificités de plusieurs régions afin de créer une unité de développement ».

Dans ce cadre, il a insisté sur la nécessité de préciser le modèle de développement qui permettra la création de la richesse et sa répartition : « il faut que les régions qui créent le développement ressentent son impact tant au niveau économique que social, et ce à travers l’amélioration de l’infrastructure, des routes, des services de santé, de l’éducation et du confort des habitants ».

Il a fait savoir que ceci est « irréalisable » parce que ça nécessite de grands investissements et des moyens dont la Tunisie ne dispose pas.

Il a suggéré de définir uniquement deux priorités pour les cinq prochaines années : l’éducation et l’infrastructure.

Dans ce cadre, il a indiqué que les experts ont trouvé une corrélation entre le développement d’un pays et la longueur de ses chemins de fer, précisant que la Tunisie ne dispose plus que de 600 km utilisable, alors que la longueur de nos chemins de fer était de 1200 km, il y a 65 ans.

 

 

Écrit par: Meher Kacem



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