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L’analyste financier Bassem Ennaifer a affirmé que la croissance a enregistré un net recul en 2023, mettant en exergue le poids de la dette extérieure sur la situation économique en Tunisie.
Il a précisé, au micro d’Expresso, ce mardi 26 décembre 2023, que le secteur agricole, qui représente 10% du PIB, a enregistré un recul de 11,2% lors des neuf premiers mois de 2024, ce qui a engendré une perte de plus de 1% de croissance.
Il a expliqué que pour atteindre les 0,9% espérés de croissance, il faut réaliser une croissance de 1,5% au dernier trimestre de l’année, estimant que « ce sera très difficile à accomplir » et qu’il est probable de terminer l’année sans atteindre les 0,9% souhaités.
Quant à l’impact des dernières pluies sur l’agriculture et donc sur le taux de croissance global, Ennaifer a expliqué que leur effet sera visible au premier trimestre de 2024 : « les dernières pluies pourraient avoir un impact instantané sur le taux d’inflation, mais pas sur la croissance ».
Par ailleurs, l’analyste financier a indiqué que l’année 2023 a été marquée par les dettes, expliquant que le budget de l’Etat est destiné à rembourser les dettes : « les investissements de l’Etat ont régressé, entrainant systématiquement une baisse des investissements privés ».
Il a également mis l’accent sur le recours de l’Etat à l’emprunt local, engendrant un manque de liquidité et une hausse des taux d’intérêt et du taux d’inflation.
Dans ce cadre, il a affirmé qu’il n’existe plus des taux d’intérêts inférieurs à 10%. Avec la concurrence de l’Etat pour l’octroi des prêts à l’échelle locale, les entreprises n’ont plus accès facile au financement. En effet, l’encours aux crédit a baissé, au cours des neuf premiers mois de 2023.
Résultat : pas de croissance et pas de créations d’emplois, puisque le système « carbure entièrement pour permettre à l’Etat de rembourser ses dettes ».
Invité d’Ecomag le 20 décembre courant, Bassem Ennaifer avait fait savoir que les Tunisiens (hors entreprises) ont emprunté des banques la somme de 28,4 milliards de dinars au cours des 9 premiers mois de l’année 2023.
Il avait expliqué que la hausse des crédits bancaires n’a pas dépassé les 316,8 millions de dinars lors des neufs premiers mois de l’année en cours, contre une hausse de 880,8 MD pour la même période de 2022.
Bassem Ennaifer a indiqué que la Tunisie a su éviter le scénario catastrophe annoncé par plusieurs experts, à savoir la faillite, mais à quel prix ?
Il a expliqué que 2023 était la meilleure en termes de recettes touristiques, l’une des meilleures en termes de transfert d’argent des Tunisiens résidents à l’étranger et l’année où le prix du phosphate a été le plus élevé : « cependant, nous n’avons pas utilisé ces ressources pour faire de la croissance puisqu’elles étaient toutes destinées à rembourser les dettes de l’Etat ».
Il a précisé que l’année 2024 ne sera pas différente de l’année en cours : « il n’y aura pas de défaut de paiement, mais encore une fois, à quel prix ? »
Baasem Ennaifer a indiqué que le pays entier devra travailler pour que l’Etat puisse honorer ses engagements et fonctionner normalement, précisant que le secteur privé sera confronté aux mêmes problèmes que cette année, à savoir la difficulté d’accès au financement et donc de création d’emplois, ce qui engendrera un taux de croissance faible qui ne pourra pas atteindre 2% : « on continuera à tourner dans le même cercle vicieux ».
Il a par ailleurs, expliqué que 2024 sera l’année la plus difficile pour la Tunisie à cause des crédits extérieurs qu’elle doit rembourser : « en 2025 nous allons revenir au même niveau de remboursement de dettes extérieures qu’en 2023, puis en 2026 nous aurons à rembourser 1,6 milliard de dollars et en 2027, notre dette extérieure sera de 1,1 milliard de dollars ».
Written by: Meher Kacem