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L’Afrique se positionne clairement comme l’un des continents majeurs du XXIe siècle. L’investissement direct étranger en Afrique a plus que quintuplé en 20 ans. Mais sa part dans le commerce mondial demeure relativement faible et est à 2,7 % d’actuellement. La présence tunisienne tant sur le plan de l’investissement que le commerce y est marginale.
L’Afrique est un importateur net de produits manufacturés et du fait de l’héritage colonial, elle est un exportateur de matières premières non transformées. Il y a là une conscience africaine que cet état de fait doit évoluer. Et c’est dans ce processus de changement de l’économie africaine que réside l’opportunité pour les opérateurs tunisiens qu’ils soient investisseurs ou exportateurs.
L’investisseur étranger de demain viendra seulement en auxiliaire de l’investisseur endogène africain, et seulement s’il importe des modèles économiques et sociaux à fort contenu d’innovation et de rupture. A titre d’exemple, le paiement digital via téléphone mobile est quasi généralisé dans les pays d’Afrique subsaharienne. Un investissement polluant n’est plus accepté par l’opinion publique dans les sociétés africaines. Les choses changent de ce point de vue. Les Tunisiens doivent être porteurs d’innovation et de respect pour gagner la bataille africaine.
Il est à noter que nos produits industriels tunisiens sont peu adaptés à la demande africaine, notre force logistique est peu orientée vers l’Afrique, notre compagnie nationale aérienne touche peu d’aéroports africains et nos banques brillent par leur absence. Faire du commerce avec les pays africains d’une manière continue, sécurisée et consistante s’avèrent très compliqué actuellement pour nos opérateurs économiques privés tunisiens.
Mais qu’il faut tout faire pour diversifier nos partenariats économiques et commerciaux et bénéficier du dynamisme économique des régions émergentes comme l’Afrique.
Pour ce faire, notre diplomatie doit se déployer davantage en Afrique subsaharienne (6 ambassades seulement en Afrique subsaharienne), notre compagnie aérienne nationale devrait ouvrir plus de lignes sur des destinations africaines notamment d’Afrique anglophone (actuellement 8 pays africains seulement sur 55), nos banques et compagnies d’assurances (3 banques tunisiennes et 2 compagnies de leasing présentes actuellement en Afrique) devraient couvrir plus de territoire en Afrique, l’opérateur des télécommunications historique tunisien n’est présent qu’en Mauritanie, la logistique et interconnections de nos ports avec ceux des pays africains sont trop insuffisantes.
Bref, tout ceci relève de la seule volonté forte de l’Etat d’abord, ensuite des opérateurs du secteur privé.
Plusieurs de nos entreprises, surtout dans le secteur du bâtiment, des travaux publics, de l’engineering, réalisent depuis longtemps, pour certaines, des performances remarquables en Afrique, malgré le faible soutien public.
Ces exceptions positives ne doivent pas nous faire croire que le miracle est possible et tout de suite.
La Tunisie réalise 70% de ses échanges extérieures avec l’Union Européenne, mais les exportations de la Tunisie vers l’Europe n’excèdent pas pour autant les 0,5% des importations européennes. Si on rajoute à cela que le marché européen avec ses 450 millions de consommateurs au pouvoir d’achat élevé est le plus grand marché à l’échelle mondiale, on comprend aisément que les possibilités de croissance des exportations tunisiennes vers l’Europe sont gigantesques et largement inexplorées. Ceci nos entreprises tunisiennes l’ont bien compris et elles ont bien intégré la chaîne de valeur mondiale pour beaucoup d’elles. Elle n’ont plus besoin d’un coup de pouce de l’Etat pour aborder le marché Européen, sauf pour les produits agricoles et des services.
L’Etat doit prioritairement préparer le terrain pour la conquête commerciale de l’Afrique subsaharienne, en plus des pays du Maghreb et y faciliter l’investissement. C’est son rôle.
Walakom sadid annadhar.
Written by: Asma Mouaddeb