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today05/04/2022 3

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Idées ramadanesques (4/30)

Pourquoi pas !

Oui notre agriculture souffre de plusieurs maux. Oui notre agriculture souffre d’une main d’œuvre non qualifiée, insuffisante, et une jeunesse qui fuit le secteur. Oui on note un environnement pénible dans le monde rural tant sur le mode de vie, les conditions de travail qu’au plan de l’insécurité qui y règne. Oui les coûts de production ces dernières années sont élevés pour un marché volatile qui dépend des exportateurs et des marchés européens sans visibilité, des marchés incertains. Oui on couvre trois quarts de nos importations agricoles par nos produits expirés. Oui nos agriculteurs ne disposent souvent pas d’assise financière pour supporter une année à crédit. Oui le financement est un vrai casse-tête dans le secteur agricole, délaissé par les banques. Oui on est frappé de péon de fouet par les effets du changement climatique avec des sécheresses récurrentes. Oui les rendements par ha sont très bas, ceux de l’arboriculture et ceux des grandes cultures, notamment céréalières. Oui il nous faut un rajeunissement de la forêt d’oliviers et des palmiers dattiers. Oui il y a des soucis avec la plantation de nouvelles variétés d’oliviers exigeant une grande consommation d’eau et d’énergie et générant l’augmentation de la salinité. Oui on se pose des questions sur l’avenir pour l’agriculture en sec, mais aussi pour les zones irriguées. Oui il y a des difficultés administratives et techniques afin d’intégrer les filières agricoles et agro-alimentaires avec des cahiers des charges bureaucratiques pour les industries alimentaires à adapter aux petits producteurs et potentiels exportateurs. Oui sur certains créneaux il existe peu d’exportateurs qui viennent à dominer les marchés, générant de fait une rente de situation. Oui les subventions sont concentrées chez les grands agriculteurs et les petits agriculteurs peinent à y accéder. Oui avec l’Europe on est dans une situation de concurrence déloyale. Oui on constate un problème de dégradation de la qualité par filière. Oui on note l’absence de programmes de recherche et développement en lien avec les agriculteurs. Oui, les statistiques agricoles ne sont pas assez fiables car l’agriculteur n’est pas considéré comme un opérateur économique officiel. Oui les problèmes du foncier et son morcellement posent de gros soucis de rentabilité faite de taille critique des exploitations. Oui, enfin, l’administration, pourtant pléthorique, n’a pas évolué avec les mutations nationales et internationales du secteur agricole d’où un grave problème de gouvernance des pouvoirs publics du secteur.

Et pourtant il faut agir et vite. Il en va de notre sécurité alimentaire et de notre souveraineté nationale. Il y a des actions à effet immédiat et aussi des actions dont les effets sont à moyen terme mais dont le démarrage est urgent.

Parmi les actions à effet immédiat on note la nécessité de la reprise immédiate des négociations avec l’Europe sans complexes en imposant nos vues avec de nouveaux arguments, avec recherche de nouveaux marchés à l’export tels que la Russie, l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud Est, ceci concerne notamment la filière oleicole, les dattes et les agrumes, les grenades, pistaches… Il nous faut promouvoir les produits tunisiens à l’étranger par une campagne attirante et impactante par marché cible. Il faut sur le court terme approvisionner la filière céréalière des engrais et les moyens de stockage afin de protéger la récolte de cette année.

A moyen terme, il nous faut être ambitieux. Il faut équilibrer la balance alimentaire. Il faut aussi assurer l’autosuffisance en matière de blé et de corps gras. Pour ça, il faut que le secteur agricole rompe avec les politiques antérieures, et épouser de nouvelles conceptions, une modernisation s’impose. Il faut revoir la carte agricole en fonction des écosystèmes et l’adapter aux types de spéculations recommandés. Il faut promulguer une loi en faveur du remembrement et qui casse avec le morcellement des parcelles. Il faut la cadastration des terres agricoles et donner des titres fonciers aux propriétaires privés tout en se penchant sur le dossier des terres domaniales et collectives d’une manière sérieuse. Il nous faut une nouvelle politique céréalière qui s’appuie en partie sur des semences locales. Il nous faut améliorer les rendements par un contenu technologique et scientifique, et notamment en lien avec les green tech et les start-up ayant développé des solutions pour le secteur. Il y a lieu de généraliser l’usage de l’eau d’irrigation provenant des stations de dessalement d’eau de mer utilisant l’énergie renouvelable. Il nous faut valoriser nos produits agricoles avec de la valeur ajoutée, de l’agriculture biologique à la permaculture, innovation et marketing territorial, en s’appuyant sur des coopératives de transformation de commercialisation. Il est recommandé aussi de créer des structures par filière avec toutes les parties prenantes facilitant la syndication des coûts et l’accès aux marchés locaux et surtout internationaux. Il faut développer des plateformes électroniques de cotation des cours des produits de l’arboriculture et favoriser le stockage à grande échelle afin de préserver les prix en faveur des petits agriculteurs. La banque nationale de l’agriculture devrait être astreinte à donner des crédits à la filière à hauteur de 50% contre les 15% actuels. Il faut revoir la politique de subventions en ciblant les petits agriculteurs et facilitant leur accès par une stratégie de vulgarisation efficace à travers le recrutement d’ingénieurs agroéconomistes dont beaucoup sont au chômage actuellement.

Enfin, il faut s’atteler à améliorer les conditions de pénibilité du travail agricole et notamment auprès des femmes qui souffrent de conditions de transports et de non couverture sociale et d’assistance en cas de sinistre.

Pourquoi pas ?

Walakom sadid annadhar.

Hassen Zargouni

Written by: Asma Mouaddeb



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