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Le Royaume-Uni a lentement commencé à sortir de son isolement mercredi avec la reprise limitée des liaisons vers la France, mais quelques jours seront nécessaires pour désengorger le port de Douvres, au désespoir de milliers de routiers impatients de rentrer chez eux pour Noël.
« Ils disent qu’il y aura un test Covid pour nous » mais « rien ne vient », déplore, très ému, Ezdrasz Szwaja, un routier polonais pris au piège, comme des milliers d’autres, par la fermeture de la frontière française pendant 48 heures après l’identification d’une nouvelle souche potentiellement plus contagieuse du nouveau coronavirus.
Les ministres se sont réunis mercredi afin de déterminer les « mesures nécessaires » face à « l’augmentation des cas entraînée par le nouveau variant », selon un haut responsable de santé, faisant craindre un élargissement du confinement instauré à Londres et dans le sud-est. Le ministre de la Santé Matt Hancock doit tenir une conférence de presse dans l’après-midi.
Une course contre la montre a commencé, avec l’aide de l’armée, pour dépister les routiers, souvent excédés, condition préalable à leur entrée en France, mais aussi permettre à la chaîne d’approvisionnement britannique de revenir à plein régime avant que ne pointent des pénuries.
A cran, quelques dizaines d’entre eux, bloqués depuis dimanche, souvent sans toilettes ni repas chaud, ont eu des échanges tendus et brièvement musclés avec la police tôt mercredi matin. Un homme qui obstruait une autoroute a été arrêté.
Moyennant un test négatif, le trafic sortant de marchandises accompagnés et de certains passagers peut en théorie reprendre à Douvres, principal port transmanche anglais avec la réouverture partielle par la France de ses frontières pour les personnes venant du Royaume-Uni.
Mais de très longues queues de camions à l’arrêt s’étendaient dans la zone portuaire, dans le Kent (sud-est), et « il faudra quelques jours pour nous sortir de cette situation », a averti le ministre britannique des Collectivités locales, Robert Jenrick.
« Les tests ont commencé » mais il y a toujours « d’importants retards », a-t-il dit ultérieurement sur Twitter, appelant à éviter la zone.
« Dernière » fois en Angleterre
« C’était une première pour moi en Angleterre, et possiblement la dernière », confie l’Allemand Sergej Merkel à l’AFP, assis dans la cabine de son camion, résigné à y passer Noël.
Selon le gouvernement, quelque 5.000 poids lourds sont bloqués mercredi dans le Kent, autour de la zone portuaire, dont 3.800 sur l’ancien aéroport voisin de Manston, où les chauffeurs pourront se faire tester.
Cet énorme défi logistique sera relevé dans un premier temps avec le soutien de l’armée.
Si un chauffeur est positif à la suite d’un dépistage rapide livrant un résultat en environ 30 minutes, il sera soumis à un test PCR et placé à l’isolement dans un hôtel pendant dix jours en cas de nouveau résultat positif.
Confronté à une nouvelle vague de contaminations attribuée à la nouvelle souche, partiellement reconfiné et isolé par la décision d’une cinquantaine de pays de couper leurs liaisons, le Royaume-Uni affiche l’un des bilans de la pandémie les plus lourds en Europe, avec plus de 68.000 morts et un record de près de 37.000 contaminations enregistrées mardi.
Rationnement
Malgré l’accord de sortie de crise avec la France, la congestion du port de Douvres continue à alimenter les craintes pour le ravitaillement du pays, très dépendant des rotations de camions.
« Jusqu’à ce que le retard soit résorbé et que les chaînes d’approvisionnement retournent à la normale, nous anticipons des problèmes en termes de disponibilité de certains produits frais », a indiqué l’organisme représentant les distributeurs.
Face à ce risque, amplifié par les courses de Noël et certains achats de panique qui ont laissé vides des étagères de magasins, le géant des supermarchés Tesco a annoncé mardi rationner certains produits de première nécessité comme les oeufs, le riz et le papier toilette.
La crainte est d’autant plus forte que les jours sont comptés avant la fin de la période de transition post-Brexit le 31 décembre, qui pourrait s’accompagner de graves perturbations dans les échanges en cas d’absence d’accord commercial entre Londres et l’UE.
A condition de s’être organisés pour se faire dépister à temps, des passagers ont également sauté dans les premiers Eurostar repartant de Londres lundi, après le débarquement dans la nuit à Calais des premiers passagers par ferry.
Seuls les Français et les étrangers qui résident en France ou dans l’espace européen, ainsi que ceux qui « doivent effectuer des déplacements indispensables », sont pour le moment autorisés à passer la frontière en montrant patte blanche sur le plan sanitaire.
EFM/AFP
Written by: Manel gharbi