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Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange doit savoir lundi si la justice britannique approuve ou refuse son extradition vers les Etats-Unis, qui veulent le juger pour espionnage après la publication de centaines de milliers de documents confidentiels.
Devenu pour ses soutiens un symbole du combat pour la liberté d’informer, l’Australien de 49 ans doit être fixé sur la décision de la juge Vanessa Baraitser lors d’une audience à la cour de l’Old Bailey, à Londres.
Une dizaine de manifestants se sont rassemblés avant le début de l’audience devant le tribunal, avec des pancartes proclamant « N’extradez pas Assange, le journalisme n’est pas un crime » ou encore « Libérez la vérité, libérez Assange ». Les forces de l’ordre leur ont demandé de quitter les lieux en raison des restrictions locales liées à l’épidémie de nouveau coronavirus.
« Je suis venue soutenir un homme qui à mon avis à été emprisonné de manière injustifiée », a affirmé à l’AFP Myra Sands, 78 ans. « Il n’a rien fait de mal mais la vengeance de Trump a de longues tentacules ».
L’avocate Stella Moris, avec qui M. Assange a eu deux enfants pendant sa réclusion à l’ambassade d’Equateur à Londres, est arrivée sans un mot au tribunal.
Dans une interview publiée dimanche par le journal Der Spiegel, elle a estimé que la situation dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, où il est détenu, « n’est rien comparé aux conditions de détention auxquelles il serait soumis aux Etats-Unis s’il était extradé », estimant que Julian Assange serait alors « enterré vivant ».
Quelle que soit la décision rendue, elle est susceptible de recours, si bien que la bataille judiciaire ne s’arrêtera sans doute pas là au Royaume-Uni.
Civils tués par les Américains
Reste également à savoir quelle sera l’attitude de l’administration du futur président américain Joe Biden à l’égard du fondateur de WikiLeaks. Julian Assange se trouve sous le coup de poursuites lancées sous la présidence de Donald Trump.
Sous son prédécesseur Barack Obama, qui avait Joe Biden pour vice-président, la justice américaine avait renoncé à poursuivre le fondateur de WikiLeaks.
Mais il y a tout juste dix ans, celui qui accèdera dans moins d’un mois à la Maison Blanche avait comparé Julian Assange à un « terroriste high-tech ».
L’Australien risque aux Etats-Unis 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan.
Les Etats-Unis reprochent au fondateur de WikiLeaks d’avoir mis en danger des sources des services américains, accusation qu’il conteste. Parmi les documents publiés figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007, dont deux journalistes de l’agence Reuters.
Il revient à la justice britannique de déterminer si la demande américaine d’extradition qui lui est soumise respecte un certain nombre de critères légaux, et notamment si elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec les droits humains.
Kristinn Hrafnsson, rédacteur en chef de WikiLeaks, a estimé que « le simple fait que cette affaire ait été portée devant les tribunaux, et qu’elle ait duré aussi longtemps, constitue une attaque historique à grande échelle contre la liberté d’expression ».
Pendant les cinq semaines d’audience en février et en septembre, les avocats de Julian Assange ont dénoncé une procédure « politique » fondée sur des « mensonges ». Or, soulignent-ils, l’accord américano-britannique interdit « expressément » les extraditions pour les « infractions politiques ».
Julian Assange a été arrêté en avril 2019 après sept ans derrière les murs de l’ambassade d’Equateur à Londres, où il s’était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les Etats-Unis ou la Suède, où il a fait l’objet de poursuites pour viol qu’il conteste et qui ont depuis été abandonnées.
Les conditions de détention du fondateur de WikiLeaks ont été dénoncées par le rapporteur de l’ONU sur la torture Niels Melzer. Dans une lettre ouverte à Donald Trump le 22 décembre, il avait demandé au président américain sortant de gracier le fondateur de WikiLeaks, qui n’est selon lui « pas un ennemi du peuple américain ».
EFM/AFP
Written by: Manel gharbi