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Lassâad Dhaouadi, président de l’institut tunisien des conseillers fiscaux, a dit que les institutions de l’Etat refusent de fournir les informations relatives au sort des dons accordés à la Tunisie au cours de ces dernières années, en réponse aux demandes d’accès à l’information. Selon lui, l’accès à ces données demeure quasiment impossible à cause des personnes qui gèrent les services publics et dirigent les ministères aujourd’hui.
Lors de sa présence dans l’émission Hdith Esse3a, Dhaouadi a noté qu’on ne peut pas procéder à l’audit des prêts et des dons avant de libérer les services publics et les ministères. D’ailleurs, en ses termes, nous sommes en état de colonisation interne et il convient de purger les administrations de ces “gangs”. En contrepartie, les compétences des administrations tunisiennes sont marginalisées et laissées à l’abandon.
Le président de l’Institut tunisien des conseillers fiscaux a affirmé que la Banque Mondiale (BM) qui donne aujourd’hui des leçons à la Tunisie, la considérait auparavant comme un géant de l’Afrique du Nord, l’accusant à cet effet de jouer un sal tour en Tunisie et dans d’autres pays.
En effet, la Tunisie peut se passer de l’aide de la BM et du Fonds monétaire international (FMI). C’est à cause des personnes qui étaient au pouvoir que nous nous trouvons entre les mains de ces institutions. Dhaouadi a déclaré que ceux-là ont dilapidé les ressources fiscales et non fiscales de l’Etat.
L’invité de Walid Ben Rhouma a annoncé qu’un projet visant à unifier les organes de contrôle est en cours. Ce projet a pour objectif de consacrer l’indépendance financière et fonctionnelle. Malheureusement, les responsables desdits organes ont entravé l’avancement de ce projet en vue de préserver leurs privilèges.
Dhaouadi a regretté que la Tunisie soit victime d’une trahison suprême, de traîtrise et de corruption. On assiste, selon ses dires, à un spectacle et à une stratégie pour la destruction progressive de la Tunisie. Au fait, tous ceux qui nous accordent des dons ont eu recours à des manœuvres pour récupérer ces sommes par d’autres voies.
L’invité du programme Hdith Esse3a a salué le processus d’audit des dons durant les 30 dernières années et non seulement les 10 dernières années, ajoutant que la Tunisie est le pays des merveilles. “Lucifer s’est enfui de la Tunisie”, a-t-il ironisé.
Et d’ajouter qu’il convient de saisir les biens des personnes impliquées dans des affaires de détournement des dons accordés à la Tunisie.
Sur un autre plan, Dhaouadi a dénoncé les décisions arbitraires et les déclarations populistes. “C’est le développement de la corruption”, a-t-il qualifié cette situation, considérant que ce qui se passe en Tunisie est un crime, et réitérant son rejet de l’article 52 de la loi des finances 2022 relatif aux sociétés de commerce international.
L’invité du plateau de l’émission Hdith Esse3a a affirmé qu’une infraction a été commise contre la Tunisie, précisant qu’il est inadmissible de s’endetter pour financer une étude réalisée par un bureau d’expertise chargé de réévaluer le partenariat avec l’Union européenne.
Il a indiqué que le conflit d’intérêts est évident et flagrant dans cette affaire, appelant à ouvrir une enquête à cet effet et à permettre au ministère public de déclencher l’action publique au lieu de reconnaître cette prérogative à la ministre de la justice, notamment dans les affaires de spéculation et les infractions de change.
Dhaouadi s’est également exprimé sur l’affaire du gel des avoirs du clan du président déchu Ben Ali, considérant que la destruction de ces biens et leur saisie est l’une des plus grandes impostures dans l’histoire de la Tunisie dans la mesure où des biens appartenant à des milliers de personnes qui ont tiré profit de leurs rapports avec la famille Ben Ali n’ont pas été saisis.
Le président de l’Institut tunisien des conseillers fiscaux a fait savoir qu’un projet relatif à la création de la commission de la justice de l’Etat visant à renforcer les prérogatives de l’avocat de l’Etat a été élaboré et présenté à toutes les parties concernées après le 25 juillet mais personne n’a réagi avec ce projet.
Et de poursuivre : “Un avocat nommé ministre des domaines de l’Etat a ciblé le chargé du contentieux de l’Etat le poussant ainsi à démissionner au lieu de le soutenir et renforcer son rôle”.
L’invité de Walid Ben Rhouma a noté que ce qui nous manque c’est la volonté pour pouvoir lutter contre le système de corruption tentaculaire le plus rapidement possible. Il a souligné, dans ce sens, que des milliards de dinars ont été indûment spoliés par des fonctionnaires publics et hauts responsables à cause de l’inactivation de la loi relative à la déclaration de patrimoine et d’intérêt.
“C’est une loi mort-née et aurait pu être activée pour purger l’administration et la justice aussi”, a-t-il conclu.
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Written by: Islam Sassi