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Ahmed Karam : Les banques subissent une grande pression pour financer les entreprises publiques et le budget de l’Etat

today25/01/2022 50 1

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Ahmed Karam, ancien président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et institutions financières et président de l’Union des banques maghrébines, a fait savoir que les banques tunisiennes subissent depuis une année une grande pression, en raison des équilibres financiers de l’Etat,  dans la mesure où elles orientent désormais la majorité de ses ressources pour financer les entreprises publiques et renflouer les caisses de l’Etat.

Lors de sa présence dans l’émission Eco-Mag, Karam a souligné que les dirigeants des banques sont contraints de mettre à la disposition de l’Etat des sommes colossales pour son fonctionnement.

Dans ce sens, il a relevé que l’encours des prêts accordés à l’Etat a augmenté de 26,6% en 2020 et 2021.

Les risques de financement de l’Etat par les banques.

Le budget de l’Etat est déficitaire et l’Etat est obligé de solliciter le secteur bancaire pour emprunter de l’argent puisqu’il est incapable de sortir sur le marché international après la dégradation de sa note souveraine et son incapacité à conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

L’invité du plateau de l’émission Eco-Mag a ajouté que les banques étaient autrefois proches des entreprises tunisiennes et couvrent leur besoin de financement. Or, ce taux a largement diminué pour atteindre 2,4% avec l’orientation des prêts vers les entreprises publiques et le budget de l’Etat.

Les banques contribuent ainsi à amortir les risques à travers le financement de l’Etat, d’après ses dires, ajoutant qu’il est temps de penser sérieusement à limiter le financement du budget de l’Etat et de l’aider à engager des réformes structurelles profondes pour pouvoir surmonter la crise financière.

Selon lui, il a précisé que le non-paiement des prêts accordés aux entreprises du secteur privé a pour effet de transformer ces prêts en des créances classées, tandis que les prêts accordés à l’Etat ne se transforment pas en créances classées, même s’ils ne sont pas payés à leur échéance.

Toutes les demandes déposées pour bénéficier des mesures gouvernementales pour la lutte contre le Covid-19 ont été retenues.

L’ancien président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers a mis l’accent sur la mise en place d’une série de mesures par le ministère des finances visant à limiter les risques de financement de l’Etat. Il a également évoqué le programme de financement des entreprises sinistrées et en difficulté à cause de la pandémie de  Covid-19, indiquant que seuls 60 millions de dinars sur un total de 300 millions de dinars ont été versés en raison du manque d’efficience au niveau de l’examen des dossiers.

L’invité de l’émission Eco-Mag a signalé que 80% des PME créées disparaissent, trois ans après leur création. Cela s’explique, selon lui, par des problèmes au niveau de l’accompagnement et la continuité des activités desdites entreprises.

Karam a noté que toutes les demandes déposées pour bénéficier des mesures gouvernementales pour la lutte contre le Covid-19 ont été retenues, et que 95% des prêts ont été rééchelonnés.

Dans le même registre, il a souligné que le taux de rejet des demandes ne dépasse pas les 10%.

L’expérience de la Banque nationale agricole (BNA) a échoué

L’invité de Rim Saidia a appelé à fusionner les trois banques publiques pour créer une banque de taille capable de se positionner sur le plan régional et de répondre aux besoins de l’Etat.

Il a également abordé l’expérience des banques spécialisées dans l’investissement, notant que l’expérience de la BNA a échoué et n’a pas pu contribuer à promouvoir le secteur agricole.

De son côté, l’analyste financier Moez  Hdidaine a fait savoir que l’encours des prêts accordés aux entreprises publiques a augmenté de 26,8%, tandis que l’encours des prêts accordés aux entreprises du secteur privé n’a augmenté que de 2,4%.

Il a poursuivi que le marché financier et les banques tunisiennes ont injecté 7 milliards de dinars dans le cycle économique tunisien en 2021, sachant que 90% de ces prêts ont accordés à l’Etat et non pas aux entreprises du secteur privé.

En effet, la faiblesse de l’investissement affecte la productivité et la compétitivité des entreprises. Ainsi, les entreprises qui représentent le dynamo de l’économie tunisienne ne peuvent plus créer de la richesse.

Hdidaine a rappelé que le secteur bancaire tunisien est fragmenté. Et pourtant, il n’y a pas de concurrence entre les banques tunisiennes, d’autant plus que la majorité de ces banques sont des banques familiales.

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Écrit par: Islam Sassi



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